Sans-papiers: Travailler 12 heures pour 15 euros: Ya basta!
Par Eric Matrige le Vendredi, 17 Juillet 2009 PDF Imprimer Envoyer

Voila ce que disent les sans-papiers qui sont sur le terre-plein du boulevard de l’Empereur face au local national du PS depuis le 11 juillet. Ils revendiquent une régularisation pour l’ensemble des sans-papiers. Ils sont en lutte depuis le début du mois de juin.

Les sans-papiers qui occupent actuellement le terre-plein du boulevard de l’empereur devant le local national du PS se sont d’abord rencontrés et concertés au début du mois de juin après plusieurs réunions, ils ont décidé ensemble d’occuper un bâtiment vide. Le choix s’est porté le 12 juin sur une ancienne chocolaterie située à Bruxelles rue Antoine Dansaert. Rapidement le groupe d’origine s’étoffe, 480 personnes de diverses origines (marocaines, hindoues, pakistanaise, africaines sub-sahariennes, kurdes) avec un groupe de femmes, occupent le bâtiment. Le conflit éclate avec la Haute école Erasmus propriétaire du bâtiment. Les travaux de rénovation ont été abandonnés à cause des produits chimiques présents dans l’établissement. Mais ce jour ne marque pas uniquement le premier jour de l’occupation une manifestation a lieu le même jour, les sans-papier sont partie prenante de cette action. Mais la haute école ne va pas laisser cette occupation sans effet. Rapidement elle dépose plainte en justice et demande l’expulsion des occupants. Le prétexte invoqué est l’absence de point d’eau, d’électricité, d’assurance.

Le 25 juin à 5h du matin la police intervient : dehors et tout de suite… Expulsés de leur local les sans-papiers trouvent rapidement une solution alternative. Ils occupent un bâtiment (rue des ursulines) appartenant au "Groupe S" mais inoccupé depuis longtemps. En même temps ils participent à la manifestation le jour même revendiquant la régularisation des sans-papier. Mais moins d’une semaine plus tard, le groupe Securitas dépose plainte et exige l’expulsion de son bâtiment. De nouveau la loi par l‘intermédiaire des flics intervient… expulsion. Pas découragés, plus de 200 sans-papier occupent le 3 juillet l’ancien building de la FGTB,  boulevard de l’empereur. Expulsés le lundi matin ils occupent le terre-plein devant le local national du PS.

Merci patrons

Les sans-papiers du boulevard de l’empereur, comme les autres collectifs de sans-papiers revendiquent leur appartenance au monde du travail. Présents pour certains depuis plus de 10 ans en Belgique, ils sont soumis aux contraintes d’un patronat trop heureux d’avoir des travailleurs (euses) corvéables à merci. De nombreux témoignages de leur statut qui relève plus de l’esclavage que d’autre chose : 10, 15,20 euros par jour pour des journées de 12 à 14h, sans avoir la garantie d’être payés à la fin de la journée. Pourtant la Belgique ils connaissent : la problématique de BHV n’a plus de secret pour eux, l’accord fédéral de 2007 sur l’asile et la politique migratoire, les détails sont revenus et expliqués lors de l’interview. Certains ayant résidés en France me citent le facteur Bescancenot.

Mais leurs revendications restent la même : des papiers tout de suite. Ils insistent à raison que leurs qualifications aussi bien individuelles que collectives seront plus profitables et leur apport financier aussi bien à la sécurité sociale qu’aux impôts. De plus régularisés, les marchands de sommeil n’auront plus de pouvoir sur eux. La régularisation comme ils expliquent permettra de ne plus voir la société belge de l’extérieur avec la peur d’un contrôle tous les 5 mètres mais d’y participer réellement.

Vivre dans la lumière

Plus de 25 femmes participent à l’action, doublement opprimées en tant que sans-papier et en tant que femmes, leur révolte est évidente. Menacées en tant que femmes par des patrons exploiteurs. Souvent sous payées de l’ordre de 5 à 10 euros pour des journées interminables, lorsqu’elles travaillent pour des particuliers, elles évoquent les sur-tâches si ce n’est pas le refus de les payer… vous êtes sans-papier, protestez et on appelle les flics. Les contrôles sont incessants et l’une d’elles témoigne avoir passé 10h au commissariat après un contrôle de routine. Pour elles comment construire une vie, avoir des enfants dans la plus que précarité?

Souvent avec leur revenu elles logent chez des amis(es). Une de ces femmes explique qu’au Maroc elle travaillait 7 jours sur 7 pour 150 euros par mois de 7h du matin à 21h. Elle espérait trouver un monde meilleur en Europe, elle est devant une prison à ciel ouvert sans droit, sans salaire décent, sans libre circulation. Comme les hommes, elles n’ont souvent plus de contact avec leur famille, et assistent aux mariages, aux décès par procuration.

Prendre ses responsabilités

Installés devant le local du PS, reçus 2 fois par celui-ci, la question est : que fait le PS ? La réponse est … rien. A part des promesses de wc mobile et on attend. Parti qui se prétend de gauche et pour la régularisation, le PS aurait eu le temps de réagir mais les sans-papier devant son local, ce n’est pas la priorité du PS, pour qui il faut d’abord gouverner et négocier avec la droite. Le comité des sans-papier du boulevard de l’empereur appelle les ONg, les organisations anti-racistes et principalement les organisations syndicales à soutenir leur action. Ils ont besoin de tentes, de sanitaires mobiles, de douches mobiles, d’aides alimentaires.

La LCR revendique:

- la non expulsion des locaux occupés par les sans-papiers

- la régularisation de tous les sans-papiers

- l’ouverture des frontières tant belges que de l’UE

- les sans-papiers sont des travailleurs (euses) comme les autres

Voir ci-dessus