David Dessers (animateur de l'appel « Climat et justice sociale »): "Unité dans la diversité contre le changement climatique"
Par LCR-web le Lundi, 01 Octobre 2007 PDF Imprimer Envoyer
Le samedi 8 décembre, à Bruxelles, aura lieu le premier défi national pour l’Appel « Climat et justice sociale ». L'objectif est de rassembler plusieurs milliers de personne dans les rues afin d’exiger une politique radicale, sociale et solidaire face au problème du changement climatique. Cette initiative a été lancée par l’Appel « Climat et justice sociale » (www.climatetjusticesociale.be ), signé par un millier de personnes en Belgique, et veut rassembler dans l’unité et la diversité. Une structure de coopération entre cet Appel et la « Coalition climat », qui rassemble les deux grands syndicats et les grandes organisations environnement ales, s’est mise sur pied pour collaborer à la réussite de la manifestation du 8 décembre. Entretien avec David Dessers, animateur de l'Appel « Climat et justice sociale »

Pourquoi une manifestation le 8 décembre et quelle est son importance ?

David Dessers : Du 3 au 14 décembre à Bali (Indonésie) se tiendra le Sommet des Nations Unies sur le climat. Cette réunion est décisive car elle aura à son agenda l'élaboration concrète d’accords internationaux post-Kyoto. Les décisions qui y seront prises concerneront donc l'avenir de notre planète toute entière. C’est pour cela qu’une coalition mondiale organise pour le samedi 8 décembre, partout dans le monde, des mobilisations et des actions de rue pour le climat.

Nous avons bien entendu pensé que dans notre pays une telle action de mobilisation devait absolument avoir lieu également. Car il faut mobiliser, organiser et faire agir massivement les gens autour de ces questions cruciales pour leur avenir. C’est dans ce but qu’a été lancé l'Appel « Climat et justice sociale ». Cet appel met clairement le doigt sur deux points essentiels : 1) nous voulons nous organiser et mobiliser sur la place publique et 2) nous voulons une approche marquée par la justice sociale face au problème du changement climatique.

Vous faites explicitement le lien entre les questions climatiques et la justice sociale, pourquoi?

David Dessers : Pour bon nombre de raisons à vrai dire. Premièrement, et les preuves sont assez abondantes, parce que les gouvernements et les forces politiques traditionnelles veulent appliquer des solutions ouvertement anti-sociales face au défi climatique. Guy Verhofstadt l’a d’ailleurs clairement dit il y a quelques mois : « il faut prendre des mesures impopulaires ». Mais « impopulaires » pour qui ? Pour les entreprises polluantes et les plus riches ? Ou pour ceux et celles qui sont déjà les principales victimes de la crise écologique ; les travailleurs, les pauvres, etc ? Certains plaident par exemple pour une hausse générale des prix dans le domaine de l'énergie et du transport. Inutile de dire que cela aggravera les conditions de vie pour ceux et celles qui aujourd’hui déjà ont du mal à nouer les deux bouts…

D’autres plaident pour de nouvelles réductions des charges sociales patronales et une hausse des taxes « écologiques » (la « taxe carbone » par exemple), ce qui implique dans la pratique une attaque sur la redistribution sociale des richesses, déjà très inégalitaire. Toutes sortes de nouvelles taxes sur les consommateurs sont évoquées, mais en même temps on envisage de nouveaux cadeaux patronaux. C'est vraiment mettre le problème sur sa tête. Les raisons ne manquent donc pas pour être vigilants et réagir contre toute atteinte aux droits et conquêtes sociales menées soi-disant au nom de la « lutte contre le changement climatique ».

Par ailleurs, il y a le problème du traitement réservé aux peuples des pays du Sud de la planète. Ces pays subissent les plus terribles conséquences du changement climatique alors qu’ils en sont les moins responsables. C'est déjà en soi une injustice flagrante. Mais si on laisse faire les gouvernements des pays les plus riches, ils vont naturellement prendre des mesures avant tout pour leurs nations (par exemple le renforcement des côtes contre la hausse des niveaux des océans, ou le développement de nouvelles technologies hors de prix pour le Sud, etc.). C’est pour cette raison que nous articulons à notre refus des politiques anti-sociales dans le Nord une approche solidaire du problème climatique sur le plan international avec les peuples du Sud. Ce sont les pays industrialisés qui doivent réaliser les efforts les plus lourds et réduire leurs émissions de CO2 de quatre-vingts pour-cent pour 2050. Naturellement, la lutte contre le changement climatique aura un prix. Mais ce prix ne doit pas être payé ni par les populations pauvres du Sud, ni par les salariés et les allocataires sociaux du Nord.

Comment va se dérouler la mobilisation du 8 décembre ?

David Dessers : Il y a la manifestation nationale, qui doit être la plus ludique et politique possible. Nous nous rassemblerons à 14h30 à la Gare du Midi à Bruxelles. L'unité dans la diversité doit être la devise de la manifestation. Nous espérons que le plus grand nombre possible de gens, d’organisations, de mouvements sociaux progressistes y participent, chacun avec leurs spécificités dans la communication et dans la forme, mais pour un but et des exigences communes. La manifestation sera suivie d’un rassemblement festif et militant et par un grand concert. Ce concert est organisé par les groupes et les musiciens solidaires eux-mêmes et plusieurs « grands noms » seront à l’affiche.

Comment les gens peuvent-ils contribuer au succès de la mobilisation ?

David Dessers : La meilleure façon c’est naturellement de s’organiser et de mobiliser autour de soi. L’Appel « Climat et Justice sociale » diffusera des tracts et des affiches. Nous espérons que ce matériel sera diffusé autant que possible un peu partout dans le pays. Les gens peuvent également former des comités locaux « Climat et justice sociale », organiser une soirée d’info et de mobilisation pour la manif dans leur quartier, leur école, leur entreprise, voir même organiser une action publique locale. Nous sommes par ailleurs, comme toujours, à la recherche des moyens matériels et financiers suffisants. On peut donc également faire un don financier à l'initiative.

Tu es également membre de la LCR, qui mène la campagne « Changer le monde, pas le Climat ! ». Quels sont les liens entre cette campagne et l’initiative de l’Appel « Climat et justice sociale » et de la manifestation du 8 décembre ?

David Dessers : La LCR préparait depuis longtemps déjà une campagne sur la thématique « Changer le monde, pas le climat ! » et parallèlement à cela a eu lieu la gestation de l’Appel « Climat et justice sociale » dans des milieux progressistes pluralistes et qui veut quant à lui constituer un mouvement social le plus large et diversifié possible sur la question. Avec la campagne « Changer le monde pas le climat », il s’agit donc essentiellement pour la LCR de mener une intense activité de propagande en faveur de ses idées anticapitalistes, écosocialistes et révolutionnaires face aux défis du changement climatique. L’Appel Climat et Justice sociale a une toute autre fonction : rassembler le plus largement possible dans la diversité : citoyens/ennes, militant/es d’organisations de gauche, syndicales, environnementales, etc., afin de constituer un mouvement social qui s’impose dans l’agenda politique.

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