Déclaration du Bureau politique du POS (ex-LCR), 16 octobre 2002.

1. Bush, Blair et leurs sbires se préparent activement à mener de nouveaux bombardements et une nouvelle guerre d'agression contre l'Irak. Dix années après la meurtrière Guerre du Golfe et alors qu'ils subissent toujours un embargo criminel, des milliers de civils irakiens vont de nouveau mourir si on laisse faire Bush. Le POS se prononce résolument contre cette nouvelle guerre car elle n'est rien d'autre qu'une opération impérialiste. Bush veut s'approprier les réserves pétrolières irakiennes en installant à Bagdad un régime fantoche qui pourra vendre à bas prix ce pétrole aux multinationales US. Le POS ne soutient absolument pas le régime de Saddam Hussein mais s'oppose en même temps à toute guerre contre l'Irak.

2. Le POS se prononce pour une iniative unitaire nationale qui soit à la hauteur de l'enjeu représenté par le péril d'une guerre contre Irak et qui se prononce pour le soutien au peuple palestinien. Nous sommes pour une manifestation de masse nationale et unitaire dans le centre de Bruxelles, du Nord au Sud, autour des mots d'ordres suivants: pas de guerre pour le pétrole (avec ou sans mandat des Nations Unies); pour la levée inconditionnelle de l'embargo contre l'Irak; pour que la Belgique et l'UE ne soutiennent d'aucune manière la guerre contre l'Irak; pour les droits du peuple palestinien et pour l'abolition des armes de destruction massives à l'échelle mondiale. Le POS estime qu'il est important que se développe en Belgique un mouvement anti-guerre de masse à l'image de celui de plusieurs pays européens.

3. Le POS déplore l'existence actuelle de deux plateformes anti-guerre et encore plus le fait qu'il existe deux appels distincts pour des manifestations de masse à deux dates différentes. C'est un bien mauvais départ pour la reconstruction d'un mouvement anti-guerre dans ce pays. Si nous voulons rééllement construire un mouvement de masse contre la guerre en Irak, nous devons absolument faire le choix d'une journée d'action nationale unitaire, notamment pour la simple raison de bon sens que les gens ne se déplaceront pas à une semaine d'intervalle à Bruxelles pour participer à deux manifestations contre la guerre. Les deux appels risquent de rendre plus difficile une mobilisation efficace contre la guerre tout en s'affaiblissant mutuellement.

4. L'appel "Pas de guerre contre l'Irak", signé entre autres par deux organisations syndicales, 11.11.11, Oxfam-Solidarité, Pax Christi, Vrede, le MOC, le CNAPD, etc. contient une série de revendications essentielles: pas de guerre contre l'Irak, pas de soutien du gouvernement belge à la guerre et levée de l'embargo. Il est également positif que les signataires appellent aujourd'hui à une manifestation nationale le 17 novembre sur base de quelques mots-d'ordres auxquels le POS, mis à part quelques réserves, souscrit. Mais le contenu de la plateforme initiale n'est pas exempt de critiques tout comme la manière dont celle-ci a été élaborée. Une phrase telle que "la menace d'une attaque irakienne potentielle" est déplorable: la seule et unique menace d'agression "potentielle" aujourd'hui est celle des Etats-Unis! Le passage qui énonce la nécessité du retrait des stocks d'armes de destruction massive au Moyen-Orient est également malheureuse: c'est oublier la dangerosité de celles qui sont aux mains des Etats-Unis ou des pays Européens - ce point, en tous les cas, semble corrigé dans les mots-d'ordres pour la manifestation du 17 novembre. De plus, l'insistance accordée aux négociations de l'ONU et au retour des inspecteurs de l'ONU est également superflue: avec ou sans ces derniers, Bush veut la guerre. Et c'est, faut-il le rappeler, sous l'égide de l'ONU que fut menée la première Guerre du Golfe. L'absence de revendications concernant la Palestine constitue également une lacune importante.

5. La coordination "STOPUSA" appelle quant à elle une manifestation pour le 10 novembre sur base d'une courte plateforme contre la guerre et contre toute forme d'ingérence étrangère. L'appel a été signé par une série de personnes dont la moitié est membre ou proche du PTB. Notre principale critique vis-à-vis de cette iniative est qu'elle est actuellement un obstacle à la nécessaire unité contre la guerre en Irak. Une seconde remarque est que l'appel ne contient aucune critique ni réserve quant au régime de Saddam Hussein. Or il est prioritaire aujourd'hui que toutes les personnes qui, dans ce pays, s'opposent à la guerre contre l'Irak puissent protester dans la rue, ensemble, dans une grande manifestation de masse. L'initiative "STOPUSA risque d'affaiblir l'unité en choisissant la division. Le POS est grosso modo en accord avec les revendications de "STOPUSA" mais pas avec son choix de manifester un autre jour. Les mots d'ordres pour la manifestation du 17 novembre sont suffisamment larges que pour ne pas se permettre le maintien de deux manifestations nationales. L'initiative "STOPUSA" pourrait parfaitement se rallier à la manifestation du 17 novembre tout en gardant ses revendications propres.

6. Au cours des prochaines semaines, tout, doit être fait pour parvenir à l'unité afin de réaliser, le 17 novembre, une première journée nationale d'action contre la guerre en Irak. Le POS appelle, avec d'autres, à mobiliser pour que cette première activité soit un succès. Le POS manifestera bien entendu sur base de ses propres mots-d'ordres mais tout en travaillant ensemble avec toutes les forces qui s'opposent à la guerre et exigent la levée de l'embargo contre l'Irak.

Le Bureau politique du POS, 16 octobre 2002.