Nous sommes tous Candido et Morala!
Par LNE le Mercredi, 04 Juillet 2007 PDF Imprimer Envoyer

Depuis le 16 juin dernier deux militants syndicaux, Candido González Carnero et Juan Manuel Martinez Morala, sont en prison dans les Asturies (Etat espagnol), condamnés à une peine de trois ans. Leur crime ? Soi-disant pour avoir détruit une caméra de surveillance lors de manifestations en mars 2005 où des heurts ont opposé la police aux ouvriers des chantiers navals de la ville de Gijon, en lutte contre la fermeture de leur entreprise. Dans le texte ci dessous, publié sur le Net, un auteur anonyme exprime avec justesse la révolte et la solidarité que doivent nous inspirer ces faits qui nous ramènent à la période la plus sombre de l’histoire contemporaine espagnole.

Le dimanche 17 juin au soir, nous mangions entre amis après une journée paisible, un de ces jours où tout va pour le mieux. Il régnait une ambiance agréable après avoir assisté au concert de l’un d’entre nous, concert donné pour le seul plaisir de ses amis. Nous parlions de tout et de rien ; du triomphe du Real Madrid (les madrilènes étaient majoritaires dans notre groupe), des victoires de Fernando Alonso (il y avait aussi des Asturiens) et nous commentions le retour sur l’arène du toréador José Tomas (certains d’entre nous aiment les corridas…).

Un ami s’est alors joint à notre discussion et a lâché la nouvelle, sans trop de préambules : « Ils ont emprisonné Morala et Candido, ils passent la nuit dans la prison de Villabona ». Stupeur et consternation.

Et incrédulité. Une journée paisible et ensoleillée se termine de la manière la plus noire qui soit. Cela ressemblait à un rêve, ou plutôt à cauchemar. Si nous remplacions les noms cités plus haut et reconstruisions notre discussion en parlant de la victoire du Real Madrid dans la Coupe de La Ligue, du retour du toréador Antonio Ordóñez et des nouveaux succès d’Angel Nieto (*), et que nous aurions poursuivi avec la nouvelle que le Tribunal de l’Ordre Public avait à nouveau emprisonnés des combattants de la cause ouvrière, nous nous serions réellement cru revenu trente cinq dans le passé.

Il aurait même pu arriver que, pendant que nous parlions de ces choses et d’autres, nous nous passions des tracts et des brochures d’une quelconque organisation prolétaire dans cette arrière salle d’une sidrerie. C’était ce que nous faisions à l’époque de la clandestinité. C’est comme cela que les choses se passaient, un jour comme un autre, quand l’Espagne était gouvernée par un dictateur.

Mais nous sommes aujourd’hui en plein XXIe siècle. Et la nouvelle de l’emprisonnement de Morala et Candido nous ramène à une époque que nous voulions enfouie. On aurait dit un exercice pratique de récupération de la mémoire historique.

Morala et Candido sont des leaders syndicaux qui ont toujours lutté pour la défense de l’emploi. Deux individus qui se sont dédiées sans compter ni ménager leurs efforts à la cause syndicale. Deux personnes connues pour leur honnêteté et leur engagement pour les causes collectives. On ne peut vraiment pas les accuser de grand chose, sauf effectivement de défendre leurs camarades de travail et leur syndicat. C’est exactement cela qui était condamné par des peines de prison autrefois.

On reste sans voix face à la l’insignifiance de la réaction citoyenne face à des faits d’une telle portée. Si cela s’était déroulé il y a à peine 15 ans, la ville de Gijon aurait été paralysée par les manifestations. Lors de la manifestation du mercredi dernier, nous étions à peine un millier. Et on notait la très significative absence des principaux syndicats (sauf, bien entendu, la CSI **)

Tout semble faire croire que la lutte ouvrière est marginale et que les luttes de la cause prolétarienne appartiennent à un lointain passé. Tout semble indiquer que beaucoup de choses ont changé, et pas vraiment en mieux.

Mais il se fait nous sommes tous des Candido et Morala. Il se fait qu’il existe toujours une classe ouvrière, malgré que l’ont veut aujourd’hui la déguiser en « classe moyenne ». Il se fait que nous vivons dans une société anesthésiée par le confort et l’individualisme. Une société qui a oublié le sens de concepts tels que la solidarité, l’appui mutuel. Il se fait qu’il est intolérable de rester impassible devant l’emprisonnement de deux militants ouvriers pour le seul crime d’être justement des militants ouvriers. Il se fait que Candido et Morala sont les symboles de la lutte ouvrière; en les enfermant, on emprisonne tous les travailleurs. C’est à dire nous tous.

LNE (NN)

(*) Toréador et pilote de course célèbres des années ‘70

(**) Corriente Sindical de Izquierda, auquel appartiennent Morala et Candido

Publié dans http://www.lahaine.org/index.php?p=23405

Traduction : Ataulfo Riera

Envoyez des messages et des motions de solidarité exigeant la libération immédiate de Candido et Morala au Comité de soutien bruxellois : Cette adresse email est protégée contre les robots des spammeurs, vous devez activer Javascript pour la voir.  

Ecrivez à Candido et Morala :

CENTRO PENITENCIARIO DE VILLABONA

Cándido González Carnero y Juan Manuel Martínez Morala

Modulo 2

Finca Tabladiello

33480 Villabona – Llanera - (Asturias)

Photos: Action de protestation et de solidarité devant la Casa de Asturias de Bruxelles organisée le mercredi 4 juillet par le Comité de soutien en Belgique. Photo: Francis Houart

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