PS : Le château de cartes
Par Sébastien Brulez le Mercredi, 28 Décembre 2005 PDF Imprimer Envoyer

“Il n'est pas de sauveur suprême, ni Dieu, ni César, ni tribun, etc”. A tout miser sur la seule image de leur chef d'orchestre, les sociaux-démocrates en ont oublié la chanson. Et quand la façade relookée du Parti Socialiste s'effrite, elle laisse apparaître les vieilles pratiques clientélistes, le népotisme et le déni du devoir des élus envers leurs citoyens. Derrière son marketing politique et sa communication “strass et paillettes”, le PS reste un parti aux pratiques plus que douteuses. Lorsqu'un pion tombe, c'est tout l'édifice qui tremble sur ses fondations. Une aubaine pour la gauche radicale ?

La Carolorégienne, le Foyer Louviérois, Toit et Moi, etc. Tout le monde s'accorde à le dire: c'est inacceptable ! Et les premiers à fustiger les "parvenus" du Parti socialiste, ce sont les sociaux-démocrates eux-mêmes. Il est urgent pour eux de rebondir au plus vite afin de ne pas ternir (de trop) l'image du parti à moins d'un an des élections communales. Seulement voilà, derrière cette volonté affichée de vouloir nettoyer le parti, d’en modifier les statuts et de rendre les affaires plus transparentes, l'attitude est encore une fois toute autre. Le 14 octobre dernier, la majorité PS-cdH a voté contre la proposition d'établir une commission d'enquête parlementaire sur le logement social en wallonie. Pourquoi ce refus ? Le PS a-t-il peur que toute la lumière soit faite sur les "dysfonctionnements" qui touchent le secteur ?

Après la douche d'Arena alors que les étudiants défilaient dans les rues pour obtenir des subventions adaptées pour l'enseignement supérieur non universitaire, après l'argent du Parlement wallon utilisé par Isabelle Simonis pour rapporter des membres au parti, Jean-Claude Van Cauwenberghe joue dans la cour des grands. Si les deux affaires précédentes étaient déjà inacceptables, celle-ci (et toutes celles qui l'ont suivie) dépasse toutes les limites de l'indécence. Interpellée fin octobre devant le Parlement sur la réaction tardive de la SRWL (Société régionale wallonne du Logement) face aux abus constatés, la direction de cette dernière a affirmé deux choses: la volonté de réforme engagée ces dernières années a parfois été freinée et des résistances se sont notamment manifestées quand on évoquait (c'est un exemple) la modération des rémunérations de directeurs-gérants(1).

Logement social, pratiques antidémocratiques

Le fait que ces scandales éclatent au cœur même d'un des domaines phares du PS, de sa chasse gardée, démontre clairement la cassure qui existe entre le discours et les actes. Mais cela démontre également la fracture qui s'ouvre béante, entre l'apparatchik du parti et sa base électorale. Certains diront même que le Mur de Berlin n'est pas tombé à Charleroi. Ces pratiques rappellent en effet d'autres temps.

Lorsque les syndicats partent en grève, les patrons et Van Cauwenberghe lui même s'empressent de déclarer que les travailleurs donnent aux investisseurs une mauvaise image de la Wallonie. Quelle image donnent aujourd'hui ces gens qui se servent allégrement dans les caisses de logements dits sociaux ? Quel socialisme prétendent-ils pratiquer lorsqu'ils s'octroient des salaires faramineux tout en logeant dans ces mêmes logements qui devraient profiter aux plus défavorisés ?

Sur tout ce tableau déjà très sombre, c'est l'ombre de l'extrême droite qui continue de noircir le paysage, qui d'élection en élection grignote des pourcentages. Mais les partis traditionnels font la sourde oreille. Ils prétendent lutter contre la peste brune alors qu'ils ne font qu'améliorer son score avec leurs pratiques antidémocratiques, leurs concessions aux patrons et la précarisation toujours plus grande des travailleurs.

Trouver une alternative à gauche !

Cette situation rappelle la nécessité (si besoin en était encore) de former une véritable alternative à toutes ces politiques. Il existe aujourd'hui un vide à gauche dans l'espace politique belge et plus largement dans l'espace politique européen. Nos voisins en ont pris conscience et ont commencé à s'organiser en conséquences. Die Linke en Allemagne, Bloco de Esquerda au Portugal, l'alliance autour du non lors du référendum français sur la Constitution européenne et bien d'autres s'unissent pour bousculer le paysage politique européen. A quand une initiative unie de la gauche anticapitaliste en Belgique ?

Il faut se donner les moyens de combattre non seulement le capitalisme et les régressions sociales actuelles mais également la montée de l'extrême droite inévitablement engendrée par ce système égoïste et ce type de pratiques antidémocratiques. Ce n'est que comme cela que l'on pourra faire tomber le château de cartes et voir s'écrouler le monopole de la social-démocratie sur la gauche. Nous pourrons alors réécrire la chanson à leur place: "Il n'est pas de sauveur suprême, ni Dieu, ni Elio, ni Van Cau !"

(1) "La SRWL sur la sellette au Parlement", RTBF, 22/10/05, http://www.rtbf.be/rtbf_2000/bin/view_something.cgi?type=article&id=0181451_article&menu=default&pub=RTBF.PORTAIL%2fPORTAIL.FR.la_taille.SP.BELG

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