Bahar condamné : nos libertés sont en danger !
Par LCR le Mercredi, 08 Novembre 2006 PDF Imprimer Envoyer

Pour le seul « crime » d’avoir traduit un communiqué d’une organisation d’extrême gauche turque qui dénonce le régime autoritaire d’Ankara, Bahar Kimyongür a été condamné à 5 ans de prison par le tribunal correctionnel de Gand ce mercredi 7 novembre. Sa peine initiale a été alourdie comme punition pour avoir « osé » aller en appel. Les autres inculpés ont vu leur condamnation confirmée.

Alors que son « crime » est purement politique, c’est en correctionnelle que s’est déroulé son procès, démontrant ainsi la volonté du pouvoir de criminaliser l’action contestatrice. La « justice » bourgeoise a parfaitement joué son rôle, celle d’une instance répressive aux ordres d’un pouvoir politique qui ne vise qu’à instaurer un climat sécuritaire et de peur sous couvert de la sacro-sainte « lutte contre le terrorisme » décrétée par les criminels de Washington. Une lutte qui, au nom d’une prétendue défense des droits et des libertés démocratiques, bafoue et étrangle ces mêmes droits et libertés, chez nous comme partout ailleurs dans le monde.

De plus, faisant d’une pierre deux coups, la Sinistre de la Justice Laurette Onkelinx peut s’estimer satisfaite, elle qui avait promis la tête de Bahar afin de flatter l’électorat nationaliste turc de Belgique. Cette même fièvre électoraliste l’avait poussée à accepter un candidat issu de l’extrême droite turque sur la liste PS à Schaerbeek pour les élections communales. On condamne ainsi d’une part des militants qui contestent un régime dictatorial et de l’autre on met sur un strapontin politique des candidats qui défendent ce régime et dont les valeurs sont aux antipodes de toute forme de démocratie… cherchez la cohérence !

Ironie amère qui devrait mettre la Belgique au ban des nations dites démocratiques, le jugement de Gand intervient au moment même où est publié un rapport européen accablant pour le régime turc.

Que l’on ne s’y trompe pas ; « l’affaire Bahar », dans tous ses aspects, est une affaire qui concerne tous les démocrates sincères et tous les progressistes. Le jugement de Gand ouvre un précédent dangereux, il est une application concrète et à « valeur exemplaire » des lois antiterroristes. C’est un message d’intimidation, une menace directe adressée à tous/tes ceux/celles qui luttent pour un autre monde, ou plus modestement pour un monde moins pire que celui-ci.

Le POS appelle donc toutes les forces et tous les individus qui se réclament des valeurs démocratiques et progressistes à protester avec énergie contre ce jugement inique et à se mobiliser. Bahar Kimyongür est un prisonnier politique et d’opinion. Nous exigeons sa libération immédiate, la révision de son procès en assises et la suppression des lois scélérates et liberticides dites «antiterroristes ». Nous exigeons également l’arrêt des tortures morales et psychiques infligées aux détenus du DHKP-C (isolement total, lumières fortes allumées en permanence ou par intermittence pendant toute la nuit dans leurs cellules… des méthodes similaires à celles appliquées dans les geôles du régime d’Ankara !). Le POS appelle également à soutenir le combat exemplaire mené par le CLEA (Comité pour la liberté d’expression et d’association).

Parti Ouvrier Socialiste - Section belge de la IVe Internationale

Le 8 novembre 2006

 

Voir ci-dessus