Forte abstention et victoire chaviste aux élections régionales du 16 décembre 2012
Par Patrick Guillaudat * le Mercredi, 19 Décembre 2012 PDF Imprimer Envoyer

Les candidats soutenant Chavez remportent une victoire aux élections régionales mais dans le cadre d'une forte abstention.
Après une participation record lors de l'élection présidentielle du 7 octobre, c’est l’inverse qui se produit lors des élections régionales du 16 décembre. Avec une abstention de 46%, nous sommes loin du résultat des dernières élections régionales de 2008 qui s’étaient soldées avec moins de 35% d’abstention.

Malgré cela, la majorité gouvernementale gagne 20 États n’en laissant que 3 à l’opposition, Miranda, Lara et Amazonas (cf. carte ci-dessous). C’est à comparer avec les 5 Etats que détenait la droite depuis 2008. Les Etats de Tachira, Carabobo et de Zulia basculent dans le camp chaviste qui bénéficie de la dynamique du 7 octobre et du courant de compassion envers Chavez, touché à nouveau par le cancer.

L’Etat d’Amazonas reste aux mains de l’opposition, traditionnellement dirigé par le PPT, qui s’est allié à la MUD (1) lors des élections régionales partielles de 2010. Le PPT a élu une nouvelle direction en 2011 invalidée par la justice ce qui a donné lieu à une scission et à la création du MPV. Le PPT « historique » réalise 0,33% des voix en Amazonas, tandis que le candidat de la MUD, membre du MPV, remporte l’Etat, mais avec 34,62% des voix sur son seul parti.

Quant à Henrique Capriles, candidat de la MUD à la dernière présidentielle, il a gagné son pari de garder l’Etat de Miranda aux mains de l’opposition. Opposé à Elias Jaua, du PSUV, pourtant donné gagnant dans tous les sondages, Capriles l’emporte après avoir mené une campagne publique très ancrée à droite, contre le « castro-communisme » censé envahir l’Etat !

Mais dans les rangs de l’opposition commencent à apparaître publiquement les signes de divergences. Ramon Guillermo Aveledo, secrétaire général de la MUD appelle à « des journées de réflexion sur les défaites de l’opposition » et à « faire une révision profonde ». Dans le même sens, les responsables de sociétés d’enquêtes d’opinion, demandent à l’opposition de réviser « ses dirigeants » et indiquent qu’une cause des défaites du 7 octobre et du 16 décembre, c’est l’absence d’identité et de programme clair.

Les anciens partis d'opposition, l’AD et le COPEI (2), marginalisés lors de la présidentielle, cherchent désormais à faire entendre leur voix. Alors que les élections législatives de 2010 laissaient entrevoir une possible victoire de la droite aux élections suivantes, cette perspective recule et des bilans sont exigés.

Dans le camp gouvernemental, cette réussite aux régionales risque de masquer les difficultés à venir. La peur d’un retour de la droite, qui a payé lors de la présidentielle, ne saurait servir de politique. Les attentes de la population sont nombreuses et l’abstention aux régionales exprime un détachement vis-à-vis des promesses des candidats. Plus que jamais, l’approfondissement du processus devient urgent et nécessaire. Notamment si Chavez se retire de la vie politique, soit en raison de sa maladie, soit en cas de décès.

L’avenir de la révolution bolivarienne en dépend.


Notes
1. Mesa de la Unidad Democrática (MUD). Alliance des partis d'opposition autour de la candidature à la présidentielle de Henrique Capriles Radonski. Vaste coalition d’une trentaine d’organisations (allant de groupuscules ex-maoïstes à l’extrême droite).
2. Comité d'organisation politique électorale indépendante (COPEI). Parti démocrate-chrétien. Opposition.

* Patrick Guillaudat, docteur en anthropologie, est auteur (avec Pierre Mouterde) de Hugo Chávez et la révolution bolivarienne, M Éditeur, Montreal 2012.
Source : Inprecor, la revue d'information et d'analyse publiée sous la responsabilité du Bureau exécutif de la IVe Internationale. Cet article a d’abord paru sur www.europe-solidaire.org

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