De Bruxelles à Moscou, No pasaran!
Par JAC le Samedi, 03 Novembre 2012 PDF Imprimer Envoyer

Ce dimanche 4 novembre, Nation organise un rassemblement de soutien à la Russie « contre l’impérialisme américain et le terrorisme. » (sic.) En effet, Nation considère que « la Russie est notre dernière garantie contre le Nouvel Ordre Mondial et contre les guerres à répétition provoquées par les USA. Manifester ce 4 novembre, c’est manifester contre les salafistes soutenus en Syrie et un peu partout d’ailleurs par les USA. C’est manifester contre le modèle multiculturel américain. C’est manifester contre une super-puissance arrogante qui a toujours fonctionné en ennemi de l’Europe comme en Bosnie ou au Kosovo. » (resic.) Mais, et Nation ne s’en cache pas, cette promenade dans Bruxelles, devant l’ambassade des Etats-Unis puis devant l’ambassade de Russie, est surtout l’occasion de célébrer les résultats électoraux du mouvement lors des communales.

Ce que Nation ne précise pas dans son communiqué, c’est que le 4 novembre est une date importante pour l’extrême droite en Russie. Depuis 2004, On y célèbre le « Jour de l’Unité des peuples de Russie», fête instaurée par le régime Poutine pour contrer la célébration de l’anniversaire de la révolution qui continuait d’avoir lieu chaque année le 7 novembre. Le « Jour de l’Unité » fait référence à une bataille de 1612 qui s’acheva par la prise de Moscou par Minine et Pojarskii et l’instauration de la dynastie des Romanov. Dans le nouveau récit historiographique sauce Poutine, ce jour est donc considéré comme celui de « l’unification de tous les peuples de Russie. »

À partir de 2005, les différents mouvements de l’extrême droite extra-parlementaire russe décidèrent de défiler le 4 novembre dans le cadre de la Pravyi Marsh (« Marche de droite » – ni plus ni moins) qui rassembla, lors de sa première édition, environ 5000 personnes. L’année suivante, l’événement fut rebaptisé Russkii Marsh (« Marche russe »), un adjectif plus politiquement correct et qui permettait de passer au-dessus des dissensions idéologiques qui déchirent l’extrême droite russe. L’événement persiste et attire chaque année toujours plus de monde malgré ces mêmes dissensions, notamment en ce qui concerne l’attitude à adopter vis-à-vis du pouvoir ( !) Il faut dire que, depuis 2007, la « Marche russe » a été largement réinvestie et dynamisée par des organisations de jeunes liées au Kremlin – Nashi (les Nôtres) et Molodaïa Gvardia (La Jeune Garde). Ainsi, dans un mouvement d’internationalisation de l’extrême droite observable depuis plusieurs années, des manifestations de « soutien à la Russie » auront lieu dans plusieurs villes européennes. Elles sont organisées dans le cadre de l’obscure plateforme « euro-rus ».

Le message diffusé par Nation est intolérable. En plus d’apporter son soutien à un régime qui emprisonne et menace ses opposants et leurs familles sans vergogne, le mouvement en cautionne un autre – le régime syrien – qui massacre sa population au vu et au su de tout le monde depuis plus d’un an. L’amalgame qui est fait entre la lutte du peuple syrien pour sa liberté, les salafistes, les Etats-Unis et, en prenant un sacré raccourci, le Kosovo relève de l’analyse politique la plus primaire. Alors qu’en Grèce le mouvement néo-nazi Aube dorée se présente comme la troisième force politique devant le Pasok, organisant des rafles d’ « étrangers » et des distributions de nourritures « pour les Grecs » dans les rues d’Athènes, nous rappelons que la lutte contre toute forme d’organisation politique réactionnaire qui prône le racisme, le sexisme, l’homophobie et le fascisme.

Nous réitérons notre soutien à nos camarades emprisonnés en Russie et à tous les prisonniers politiques incarcérés dans le cadre de l’affaire « du 6 mai » (voir article connexe). Nous les soutenons dans leur lutte contre un régime cruel et sans pitié prêt à tout pour maintenir ses peuples dans la pauvreté et la soumission.

DE BRUXELLES A MOSCOU, NO PASARAN !


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