Maroc et Algérie: Bouteflika et Mohamed VI tremblent
Par Al Mounadil-a; PST le Vendredi, 18 Février 2011 PDF Imprimer Envoyer

Comme on pouvait s'y attendre, la démission du dictateur Moubarak en Egypte, chassé par la rue et par les grèves ouvrières, a provoqué une nouvelle onde de choc dans tout le monde arabe, en encourageant les luttes populaires. La peur a vraiment changé de camp et les satrapes au pouvoir n'ont plus que l'arme de la répression aveugle couplée à d'insuffisantes concessions de dernière minute pour tenter de se maintenir coûte que coûte au pouvoir. Le Barheïn, la Libye et le Yémen semblent aujourd'hui les plus touchés. Au Maroc ou en Algérie, les grandes les manifestations de masse ne semblent pas encore au rendez vous, du moins en attendant le résultat des manifestations appellées pour ce samedi dans le second - où se déroulent également des conflits sociaux importants et des vagues d'émeutes et de révoltes - et ce dimanche au Maroc. Nous publions ci dessous des prises de positions de nos camarades marocains et algériens. (LCR-Web)

Maroc : Tous avec les jeunes du 20 février

Sous l’impact des révolutions populaires en Egypte et en Tunisie, et conscients de l’impasse où se trouve le Maroc :

  • Politiquement à cause de la mascarade démocratique en cours depuis 50 ans
  • Economiquement à cause des politiques dictées par la Banque Mondiale et l’Union Européenne, et qui servent que les intérêts d’une minorité
  • Socialement à cause des conséquences des dites politiques : chômage des jeunes, oppression, pauvreté, ignorance, faim, maladies, immigration clandestine, consommation de drogues et prostitution...

Des groupes de jeunes marocains appellent à faire du dimanche 20 février, une journée de protestation pour revendiquer un changement politique qui aboutira à une véritable démocratie et à resoudre les problèmes de la majorité écrasante des Marocains, victimes de politiques appliquées jusqu’à maintenant.

Face à cette annonce, les médias et les politiciens du régime, qui se présentent comme progressistes ou d’opposition, se surpassent pour insulter et coller l’étiquète de « traîtes » à ces jeunes. Le régime par voies interposées tente de torpiller l’initiative du « 20 Fevrier » et criminaliser l’ensemble de ceux qui refusent le consensus national concernant « l’exception marocaine ». Cette position défend l’autoritarisme politique et l’oppression socio-économique. Elle est portée aujourd’hui par ceux qui profitent du statu-quo et complices du régime.

Les jeunes marocains ont le droit, intouchable, d’exprimer leurs opinions politiques, de protester, de se rassembler et d’organiser des marches, quelques soient leurs revendications. Les jeunes veulent un Maroc de liberté, de justice et de dignité. L’appel de ces jeunes est signe d une vitalité sociale prometteuse, et tout vrai démocrate ne peut que soutenir cet appel avec toutes ses forces, sans hésitation.

L’initiative des jeunes de descendre dans la rue pour exiger la démocratie rompt avec les traditionnelles requêtes portées par les partis de l’opposition classiques qui demandent des miettes au pouvoir. Les jeunes empruntent ainsi le vrai chemin du changement : la lutte populaire sur le terrain

Quelles que soient les revendications actuelles du mouvement 20 FEVRIER ce combat mènera, inéluctablement, à la conclusion que la démocratie au Maroc passe par l’élection d’une assemblée constituante, qui aura pour mission de mettre en place une constitution nouvelle, qui définira la manière dont le peuple se gouvernera. Ce texte fixera la nature du régime économique et social que désire le peuple.

Pour ces raisons, tout démocrate ne peut que soutenir cette initiative courageuse, en participant aux mobilisations préparatoires et en prenant part aux marches du Dimanche 20 Février

En avant jeunes du Maroc… la lutte paie!

Journal Al mounadil-a

Le 15 février 2011


Au tour de l’Algérie ?

Après les premières victoires de la révolution en Tunisie et en Égypte, nombreux sont celles et ceux qui ont les yeux braqués sur l’Algérie.

Toutes les raisons objectives sont réunies. Grâce à la rente pétrolière et gazière, l’Algérie est un des rares pays à ne pas avoir de dette publique. Au contraire, après que les trusts pétroliers dont Elftotalfina, que les généraux et les divers niveaux de corruption se sont partagés la manne, il reste 155 milliards de dollars dans les cassettes de l’État algérien, dont le peuple est spolié.

La colère sociale couve : 10.500 émeutes ont été recensées en 2010. Pendant cinq jours en janvier, la révolte de la jeunesse a embrasé le pays. Ces dernières semaines, des dizaines de tentatives d’immolation expriment le refus désespéré de la misère et des humiliations. Les grèves se multiplient dans les grandes entreprises comme Arcelor Mittal Annaba, mais aussi dans de plus petites et le secteur public. Des jeunes chômeurs marchent, organisent des sit-in, affrontent la police pour exiger des emplois. De nouveaux logements sociaux à peine terminés sont squattés par centaines. Dans les universités, des grèves se développent, mêlant le refus de réformes universitaires et la revendication de droits démocratiques.

Le point faible est le manque d’expression politique capable d’unifier cette contestation sociale multiforme.

Le seul cadre existant, la Coordination nationale pour le changement et la démocratie, regroupant des dizaines d’associations et de syndicats indépendants, a organisé des marches le 12 février. Malgré le blocage d’Alger et le déploiement de dizaines de milliers de policiers, des milliers de personnes ont marché dans la capitale et les grandes villes pour réclamer les libertés démocratiques, la justice sociale et que le pouvoir « dégage ».

Quels seront les rythmes et les étapes? De nouvelles manifestations sont prévues pour le 19 février, elles permettront de mesurer l’approfondissement de la mobilisation. L’Algérie est entrée dans la vague qui, de la péninsule arabe au Maroc, soulève la classe ouvrière et la population pour la démocratie et la conquête de droits sociaux contre les dictatures et leurs commanditaires impérialistes, à commencer par l’impérialisme français.

Cathy Billard


Algérie: A propos des annonces de Bouteflika

Bouteflika recule, affolé par les révolutions tunisienne et égyptienne qui bousculent les dictatures libérales et font espérer les Algériens. Les maîtres du monde, inquiets, félicitent Bouteflika !

Les mesures disparates du conseil des ministres sont plus dérisoires que le programme de relance hétéroclite improvisé, en 2001, face à la grève des pétroliers et au mouvement populaire de Kabylie. Bouteflika et ses tuteurs impérialistes ont compris que la violence des révoltes populaires est une réponse à la violence de l’exclusion sociale. Ils veulent aussi assouplir leur modèle autoritaire en faillite. Produit dans la panique, leur catalogue est dérisoire.

Non à la démultiplication des contrats de la honte pour nous faire patienter. Abolition de ces emplois précaires, nous voulons des emplois décents. Permanisation de tous les contractuels. Non au travail non déclaré. Indemnité chômage à 50% du SNMG ! II faut réorienter l’économie pour que les investissements massifs de l’Etat assurent un emploi pour tous et visent, en priorité, les besoins des citoyens.

L’extension des prix administrés à plusieurs produits alimentaires essentiels est un premier pas mais comment maitriser ce secteur sans nationaliser les monopoles privés qui contrôlent la production, comment garantir les prix sous le règne des barons de l’informel et sans confier la distribution à des offices publics.

Sur le plan démocratique, Il y a surtout des effets d’annonce. Bouteflika veut desserrer l’étreinte répressive car son système autoritaire, privé de médiations sociales, est inefficace pour gérer la moindre crise. Nous, nous voulons toutes les libertés démocratiques, nous voulons la démocratie.

Une commission pour lever l’Etat d’urgence, il fallait y penser ! On en saura plus après le métro ? D’ailleurs, on menace d’intégrer les dispositions de l’état d’urgence dans les lois ordinaires. Pendant qu’on réprime toutes les initiatives à Staouéli, au 1er mai, à Oran, marcher dans la capitale sera toujours réservé aux Ben Ali et aux Chirac au nom d’arguments sécuritaires irrecevables.

L’ouverture des médias publics aux organisations agréées serait certes un progrès mais la liberté d’expression et d’organisation n’existe que lorsqu’on supprime les autorisations et les agréments, lorsque seront levées toutes les entraves à l’expression et aux actions des citoyens, des associations, des syndicats, des partis ou des journaux !

Après les victoires des travailleurs à El Hadjar, à la BDL, à la SNTF, les grèves des paramédicaux et des communaux, le rassemblement des chômeurs, les révoltes populaires qui reprennent donnent le ton.

Chawki Salhi

Parti Socialiste des Travailleurs

Alger, le 06 février 2011

Déclaration lue par le camarade Samir Larabi à la coordination du 27/01 au nom du PST

Nous tenons à exprimer notre solidarité avec la révolte de la jeunesse et nous exigeons la libération immédiate et inconditionnelle de tout les jeune arrêtes lors des révoltes populaires.

Nous dénonçons la politique libérale au service des multinationales et des monopoles privés d'importation , de production et de distribution de la nouvelle bourgeoisie affairiste, une politique qui est responsable de la vie chère, du manque d'emplois et de logement et enfin de la dégradation des services publics essentiels.

Nous considérons que les mesures prises par le gouvernement, concernant la baisses des taxes et des tarifs douanier est un cadeau supplémentaire pour les spéculateurs.

Nous tenons à dénoncer le verrouillage de toute expression syndicale et politique, la répression des marches, des grèves, des réunions, verrouillage qui ne laisse a nos jeunes que le choix d'une révolte désespérée.

Aujourd'hui nous ne pouvons rester indifférents de la détresse profonde de la jeunesse et du monde du travail. Il nous appartient aujourd'hui de créer notre propre instrument de lutte d'une manière autonome et démocratique et œuvrer à unir le peuple et les forces sociales en lutte autour des revendications politiques et sociales. Cet instrument doit prendre en charge les revendications des travailleurs, de la jeunesse et des couches populaires, comme elles ont été exprimées ces dernières années.

Le PST considère que les aspirations populaires ne sauraient être réduites a la seule dimension des libertés formelles, alors que la question sociale, celle de l'emploi du logement et de la vie chère, est au cœur de la révolte et qu'elle est de nouveau mise en avant par le jeunes désespères qui tentent de s'immoler. Des actions son nécessaires pour conjuguer la dimension démocratique et la question sociale.

Comme plate forme minimale le PST propose pour les membres de la coordination les revendications suivantes:

Revendications démocratiques:

  1. Respect des libertés démocratiques, individuelles et collectives: liberté d'expression, d'opinion et de conscience. Libertés de manifestation, de réunion et d'organisation, droit d'affichage, ouverture des medias lourds (TV et Radios) a la population, syndicats et partis d'opposition.
  2. Levée de l'état d'urgence et toute interdiction de manifestation dans les rues d'Alger.
  3. Respect des libertés syndicales, du droit de grève et de l'immunité syndicale.
  4. La consécration de l'égalité entre les hommes et les femmes.
  5. Contrôle des élus sur les corps constitués et cesser toute forme d'espionnage des militants syndicaux et politique.
  6. Tamazight langue nationale et officielle.
  7. Non à l'utilisation des mosquées au profit de la propagande officielle et a criminaliser les mouvements sociaux.

Revendications économiques et sociale:

  1. Monopole de l'état sur l'importation, la production et la distribution des produits alimentaires de large consommation. Et le rétablissement des prix fixés, subventionnés et contrôlés par l'état.
  2. Nationalisation et renationalisation des entreprises stratégiques: les ports, télécommunication, El Hadjar, la Farge, EDL….etc. Réouverture des entreprises dissoutes et aide des entreprises en difficulté. Réouverture des entreprises communales et la dotation des EPIC de wilaya de moyens nécessaires pour assurer un service public de qualité.
  3. Garantir un service public de qualité dans les domaines de: l'éducation, crèche et préscolaire, le transport, Etat civil, espace culturelle et de loisirs….
  4. Augmentation substantielle des salaires, un SNMG a 25000 DA et toute convention collective doit inscrire l'échelle mobile des salaires: quand les prix augmente le salaire doit augmenter autant.
  5. Permanisation de tous les contractuels, emplois jeunes, saisonniers …et interdiction des licenciements économiques.et le strict respect des lois de protection sociale.
  6. Allocation chômage pour tout demandeur d'emploi a hauteur de 50% du SNMG.
  7. Intensification de construction de logement de type: social, LSP et AADL pour répondre aux besoins du peuple en matière d'habitat, tout en les distribuant dans la transparence et sous le contrôle du peuple.

Voir ci-dessus