Solidarité avec les travailleurs de TECTEO en grève
Par LCR-Web le Dimanche, 27 Septembre 2009 PDF Imprimer Envoyer

Déclaration conjointe du CAP, de la LCR, du PC, du PSL et du PTB (Photo: PSL). L’intercommunale liégeoise TECTEO regroupe l’ancienne Association liégeoise d’Electricité (ALE), réseau de distribution d’électricité servant 55 communes, et VOO, le fournisseur d’accès multimedia (télédistribution, téléphonie..) qui compte 1,2 million de « clients ». Le Groupe TECTEO se porte bien. Son chiffre d’affaires a augmenté de plus de 8% de 2007 à 2008 (passant de 336 millions à 365 millions d’euros. Et le résultat brut d’exploitation a augmenté de 18%. Le Groupe a investi en machines et participations financières.

Sous prétexte de diminution du chiffre d’affaire dans le réseau distribution - avec comme conséquence de moindres ristournes aux communes-, la direction de l’entreprise publique a élaboré un plan de rationalisation et d’économies drastiques qu’elle a imposé aux organisations syndicales et au personnel de l’ex-ALE (quelque 950 agents).

Ce plan a été « codifié » dans le nouveau règlement de travail, rejeté par les trois organisations syndicales (CGSP-Admi, CSC-SP et SLFP). Mais il est entré en application à partir du 7 septembre 2009 :

  • Passage de 36h à 38h, payées 36h.

  • Réduction ou suppression de différentes sortes de primes, entraînant une diminution salariale de 20% à 30% selon les cas (entre 1000 et 2000 euros selon les agents).

  • Suppression des facilités de départ à 58 ans pour la prépension, et cela dès 2010.

  • Nouveau système d’évaluation permettant à la direction de licencier tout travailleur, y compris les statutaires nommés, si ceux-ci reçoivent deux évaluations insuffisantes.

  • Restructuration en chaîne concernant 229 travailleurs « excédentaires » sur les quelque 950 agents du secteur distribution d’électricité (avec déplacements internes et licenciements).

  • Fermeture planifiée de deux centres d’exploitation : Sprimont et Vinalmont

Un coup de force opéré par la direction « socialiste » de TECTEO

Les actionnaires de TECTEO sont essentiellement la Province de Liège (70%) et les communes (25%), avec la ville de Liège comme actionnaire principal.

Le Conseil d’administration de TECTEO, qui a voté à l’UNANIMITE le nouveau règlement de travail et avalisé ces mesures de régression sociale - dont la grave atteinte au statut d’agent d’un service public - est composé de mandataires du PS (majoritaire) et des 3 autres partis (MR, CDH et Ecolo).

Le président de TECTEO, André Gilles, député provincial, et le directeur général, Stéphane Moreau, bourgmestre faisant fonction d’Ans, sont des multi-mandataires du PS. Stéphane Moreau possède 28 mandats dont 10 sont rémunérés.

Le règlement de travail va se traduire par une grave atteinte au statut d’agent de service public, ainsi que par une « économie » de 22 millions d’euros sur le dos du personnel qui devra subir une augmentation de la charge de travail pour un personnel réduit, ce qui se traduira immanquablement par avec une dégradation du service à la population. La récente décision du Conseil d’administration de créer une nouvelle filiale énergie avec un partenariat public-privé sera un nouveau coup porté au statut d’intercommunale publique.

D’autres solutions existent pour le financement des communes et des services publics

« Si les objectifs ne sont pas atteints [le plan de régression sociale sur le dos des travailleurs de l’ex-ALE], c’est dans les communes qu’on va licencier », ose proclamer, le directeur socialiste de TECTEO, Stéphane Moreau. Ainsi donc, les organisations syndicales et les travailleurs de TECTEO seraient des fossoyeurs de l’emploi dans leur région ! Ainsi donc, au nom de la « solidarité » entre travailleurs, les uns devraient payer pour renflouer les recettes communales et garantir -pour combien de temps - l’emploi des autres.

« Pas question de faire payer une fois de plus la crise aux travailleurs et aux allocataires sociaux », entend-on ici ou là. « On épargnerait ceux qui ont été responsables de la crise et on ferait payer les gens ; avec moi, c’est non », déclarait dernièrement dans la presse, Elio Di Rupo, le président du PS. Les travailleurs de TECTEO et tous les autres attendent la concrétisation de ces propos musclés.

Le gouvernement prépare son plan d’austérité budgétaire, en misant avant tout sur une réduction drastique des dépenses publiques et non sur des recettes en allant chercher l’argent là où il est.

D’autres possibilités de renflouement des caisses de l’Etat fédéral, des Régions, des Communautés et des communes existent pourtant. Aujourd’hui, soulignent les organisations syndicales, 70% des recettes fédérales proviennent des travailleurs ou de la consommation des ménages (TVA), alors que seulement 13% de ces recettes viennent de l’impôt des sociétés et… 3% des revenus du capital (patrimoines et revenus financiers).

Comme le déclarait dernièrement Thierry Bodson, secrétaire général de la FGTB wallonne, « on peut trouver 15 milliards d’euros, et pas dans la poche des travailleurs ».

Comment ? Nous appuyons les propositions en débat dans les organisations syndicales:

  • Traquer la grande fraude fiscale (30 milliards d’euros par an !), en levant le secret bancaire ;

  • Imposer la justice fiscale : par un impôt progressif et au prorata de l’ensemble des revenus professionnels et financiers (les intérêts, les dividendes sont taxés actuellement au taux unique de 15%, alors que les revenus des salariés-appointés le sont à 40, 45% !)

  • Imposer un impôt sur les grosses fortunes – impôt qui existe dans d’autres pays comme la France.

  • Instaurer un impôt conséquent sur les plus-values réalisées sur les valeurs financières, boursières.

  • Faire payer les grandes banques sauvées avec l’argent de la collectivité (plus de 20 milliards d’euros pour les 3 banques : Fortis, Dexia, KBC)

  • Rétablir l’impôt sur les sociétés au prorata de leurs bénéfices. Aujourd’hui, ce sont les grandes entreprises (réalisant d’énormes bénéfices) qui versent le moins d’impôt.

  • Supprimer les intérêts notionnels (technique pour payer encore moins d’impôts) et autres cadeaux fiscaux, estimés à quelque 5 milliards d’euros par an.

  • Mener le débat sur la mise sous statut 100% public des secteurs stratégiques de l’économie, notamment du secteur de l’énergie, comme le demande la FGTB wallonne dans sa campagne « le capitalisme nuit gravement à la santé ».

Solidarité avec les travailleurs de TECTEO

Si cette attaque sans précédent sur le secteur de la distribution d’électricité (ex-ALE) passe, il ne fait aucun doute quelle s’appliquera par la suite à l’ensemble des travailleurs de TECTEO, aux autres intercommunales et services publics. On en a déjà un aperçu à la Potse avec le plan « Georoute » et sa privatisation accélérée. Et puis, quel précieux signal de la part de « responsables » socialistes pour les patrons du privé qui veulent en découdre avec les travailleurs.

En soutenant la grève en Front commun des travailleurs de TECTEO, en organisant une solidarité active dans les services publics liégeois, en interpellant publiquement le Parti socialiste et les autres partis – impliqués dans le Conseil d’administration - qui cautionnent cette régression sociale, nous pouvons ensemble faire reculer la direction socialiste de TECTEO.

Une démonstration importante de solidarité pourrait se concrétiser dans une manifestation syndicale intersectorielle.

LCR - Ligue Communiste révolutionnaire (Denis Horman, 0486/17.53.87, Cette adresse email est protégée contre les robots des spammeurs, vous devez activer Javascript pour la voir. )

PSL - Parti Socialiste de Lutte (Jean Peltier, 0486/41.38.03, Cette adresse email est protégée contre les robots des spammeurs, vous devez activer Javascript pour la voir. )

PTB - Parti du Travail de Belgique (Raoul Hedebouw,  0477/98.65.10, Cette adresse email est protégée contre les robots des spammeurs, vous devez activer Javascript pour la voir. )

CAP - Comité pour une Autre Politique (Serge Katz, 0495/11.27.31,   Cette adresse email est protégée contre les robots des spammeurs, vous devez activer Javascript pour la voir. )

Fédération liégeoise du PC - Parti Communiste (Pierre Eyben, 0477/20.29.53, Cette adresse email est protégée contre les robots des spammeurs, vous devez activer Javascript pour la voir. )

Voir ci-dessus