Solidarité avec la révolte de la jeunesse et des salariés en Grèce! Appel unitaire de la gauche anticapitaliste grecque
Par LCR le Jeudi, 11 Décembre 2008 PDF Imprimer Envoyer

Le samedi 6 décembre dernier, la police grecque a tué un jeune de 15 ans à Athènes. En réaction à ce crime, des protestations spontanées ont éclaté dans toute la capitale, en Théssalonique et dans d'autres villes du pays. Ces protestations, durement réprimées par les forces de police, se sont transformées en révolte ouverte avec la participation de plusieurs milliers de personnes pendant toute la nuit. Le lendemain, 10.000 manifestant/es ont parcouru le centre d'Athènes jusqu'au Commissariat central où de nouveaux affrontements avec la police se sont produits tout au long de la nuit. Depuis lors, ces affrontements ce succèdent quotidiennement.

Cette révolte n'est pas seulement une réaction indignée face à un meurtre odieux, elle est également et avant tout une révolte sociale, populaire et de masse. A travers les affrontements avec une police qui n'a eu de cesse que de réprimer systématiquement et brutalement les luttes des étudiants, des travailleurs, des jeunes, des immigrés et de tous les secteurs qui s'opposent aux politiques d'austérité, de chômage et d'insécurité sociale, de démantèlement de l'enseignement ou des pensions publiques, c'est un gouvernement profondément corrompu et anti-social qui est directement visé.

Le gouvernement grec a instauté un Etat fort, un Etat policier dans le but de réprimer les «désordres» sociaux que ses propres politiques néolibérales ont provoqué. Le sur-armement continu de la police, l'adoption de politiques de «tolérance zéro», les restrictions aux droits civils et politiques sont utilisés comme mécanismes de contrôle social.

La crise capitaliste constitue l'arrière fond principal car elle touche durement l'économie d'un pays où les niveaux de protection sociale comptent parmis les plus faibles de toute l'UE. Une série d'événements tels que des accidents du travail mortels; des grèves de la faim dans les prisons, des pogroms d'extrême droite contre des immigrés et des réfugiés, l'extension de la torture dans les commissariats de polices, ont contribué à accumuler une tension sociale sans précédent au cours de ces dernières semaines.

Ces événements s’inscrivent dans une situation politique et sociale très dégradée: corruption, scandales financiers et incompétence du gouvernement Caramanlis, opposition des étudiants contre la privatisation des facultés, des lycéens contre le manque de moyens, les réformes scolaires et les salaires de misère qui les attendent à la fin de leurs études. Le mercredi 10 décembre, une grève générale à eu lieu à l’appel des organisations syndicales contre la remise en cause des droits à la retraite, pour les salaires et pour l’emploi.

Comme en Italie ou dans l'Etat espagnol, même si c'est avec des niveaux divers et avec une intensité distincte, la révolte de la jeunesse grecque s'inscrit dans la mobilisation de la jeunesse du sud de l'Europe, à l'avant-garde de la lutte contre les conséquences de la crise capitaliste et les politiques néolibérales de ces dernières décénnies.

La LCR condamne la brutalité policière, le terrorisme de l'Etat grec et se solidarise avec la révolte de la jeunesse et des salariés contre le gouvernement réactionnaire de Caramanlis et sa police aux méthodes qui rappellent la pire période de la dictature des colonels.

Ligue Communiste Révolutionnaire (LCR)

Section belge de la IVe Internationale

Le 10 décembre 2008


Appel unitaire des organisations de la gauche anticapitaliste grecque

Par: Front ENANTIA et MERA: ARAN, ARAS, EEK, EKKE, K.O. Anasintaxi, NAR, OKDE-Spartakos, OKDE, SEK

A bas le gouvernement des assassins! Elargissons la résistance pour en finir avec la politique de répression et de soutien au capital et au racisme!

A toutes et à tous,

Les organisations de la gauche anticapitaliste qui signent cet appel dénoncent l'assassinat de l'adolescent Alexis Grigoropoulos par des agents des forces spéciales le samedi 6 décembre. Nous saluons les mobilisations et les manifestations populaires qui parcourent tout le pays et qui condamnent massivement ce gouvernement d'assassins.

Ce crime cruel n'est pas un accident. Il n'est pas le résultat d'une «formation défectueuse» des agents de police ou d'un manque de «sang froid». L'origine de cet assassinat se trouve dans la politique agressive, pro-capitaliste et anti-populaire du gouvernement de droite.

Il s'agit d'une politique qui:

- Renforce l'Etat policier et les forces de répression et légalise l'utilisation d'armes à feu contre les manifestants;

- Accélère la privatisation de la compagnie aérienne publique Olimpica, des ports et des communications;

- Détruit la Sécurité sociale, la santé publique et l'éducation nationale;

- Se caractérise par une offensive particulièrement violente contre la jeunesse;

Il s'agit d'une politique de violation des droits humains qui se caractérise par:

- Les kidnapping, en collaboration avec la CIA, de citoyens d'origine pakistanaise;

- Les écoutes téléphoniques illégales (le scandale de Vodaphone);

- Les attaques policières particulièrement violentes et l'assassinat d'immigrants clandestins ou non, contre les demandeurs d'asile et contre les secteurs précaires et marginalisés de la société grecque;

- C'est une politique qui a fait adopter au parlement des lois «antiterroristes», des lois qui appliquent les directives de l'Union Européenne en faveur du profit capitaliste et contre les droits sociaux;

- C'est une politique qui, avec les lois récentes sur la réforme des universités, ouvre la voie aux universités privées et à la soumission complète de l'enseignement supérieur au profit capitaliste;

- C'est une politique qui s'attaque aux allocations sociales, réduit les salaires et le pouvoir d'achat des classes populaires et renforce le pillage fiscal des salariés;

Dans le contexte de la crise financière, le gouvernement de droite a offert des milliards d'euros aux banquiers pour ensuite chercher des coupables et des victimes expiatoires dans le quartier d'Exarkia (quartier où a été tué le jeune Alexis et où a débuté la révolte, NDLR) et parmi les immigrés des camps de Agios Panteleimon et de Patras.

Après le meurtre sauvage d'Alexis Grigoropoulos, le gouvernement poursuit sa politique de répression. La mobilisation et la violence des forces anti-émeutes et de la police est sans précédent. Mais la réponse populaire est également sans précédent. La mobilisation du peuple, immédiatement après le meurtre, massive et spontanée dans toute la Grèce, démontre la combativité du mouvement populaire.

Pour le gouvernement et le capital, le peuple et la jeunesse sont des ennemis. C'est pour cela que la violence de la police et la propagande calomnieuse des médias contre le mouvement populaire s'accroît sans cesse.

L'attitude politique condescendante du PASOK (social démocrate) renforce dans la pratique le gouvrernement de droite. De plus, le PASOK nous annonce clairement la couleur pour la prochaine période au cas où il reviendrait au pouvoir; sa politique sera toujours orientée en faveur des profits capitalistes, des privatisations et de l'application du Pacte de stabilité de l'Union Européenne. Sa politique n'est pas et ne sera jamais une garantie de changement, elle s'orientera toujours contre les besoins des classes populaires et de la jeunesse.

Une grande partie des salariés, des paysans et de la jeunesse comprend parfaitement aujourd'hui la nature de la politique anti-populaire menée par le gouvernement de droite, par l'UE et par le capital. La rage sociale s'amplifie, les salariés, les jeunes et les paysans descendent dans la rue et luttent contre cette politique.

Nos organisations participent à l'élargissement et à l'amplification de la réponse populaire dans toute la Grèce. Cette réponse populaire au meurtre sauvage d'Alexis doit s'amplifier et s'unir aux barricades dressées par les paysans sur les autoroutes nationales, aux universités occupées par les étudiants et aux grèves des travailleurs.

Aujourd'hui, la passivité ne peut plus se justifier. L'explosion de rage n'est pas suffisante non plus. La lutte collective, massive et organisée dans chaque entreprise, dans chaque université, dans chaque collège, dans chaque quartier est nécessaire.

Notre objectif est la transformation de chaque lieu social en noyau de résistance et de lutte. Notre objectif est de contribuer à former un front large afin de mettre à bas non seulement ce gouvernement, mais toutes les politiques en faveur du profit capitaliste et contre les besoins populaires.

Une étape importante pour cela est la participation massive aux manifestatons contre l'assassinat d'Alexis et à la grève générale du mercredi 10 décembre.

Démission immédiate des ministres Pavlopoulos y Chinofotos!

A bas le gouvernement des assassins, à bas la police de la droite!

Châtiment exemplaire pour les assassins!

Désarmement immédiat de la police!

Expulsion des forces anti-émeutes des manifestations dans le centre d'Athènes!

Dissolution immédiate des corps spéciaux et anti-émeutes!

Libération immédiate des manifestants arrêtés par la police!

Abolition des lois antiterroristes et des législations autoritaires!

Les capitalistes doivent payer la crise, pas les salariés ni la jeunesse!

Amplifions la lutte pour la protection des droits sociaux, pour la protection des droits politiques des salariés et de la jeunesse!

ENANTIA, MERA, ARAN, ARAS, EEK, EKKE, K.O. Anasintaxi, NAR, OKDE-Spartakos (*), OKDE, SEK

(*) OKDE-Spartakos est l'organisation-soeur de la LCR en Grèce

Traduction française pour le site www.lcr-lagauche.be

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