Pour démocratiser l'accès aux études: Respectez le Pacte!
Par Rood UGent le Vendredi, 28 Novembre 2008 PDF Imprimer Envoyer

Vous verrez ce mot dans les médias dans les mois à venir, ou vous le verrez ci ou là sur une affiche ou sur un tract: «ResPACT». Il s'agit d'une campagne nationale contre la hausse des coûts des études soutenue par la Fédération des Étudiants Francophones (FEF) et son correspondant flamand, le Vlaamse Vereniging van Studenten (VVS).

C’est la FEF qui a démarré la campagne «ResPACT» en 2007. La FEF mène depuis quelques années des actions pour que 7% du PIB soit consacré à l’enseignement, comme c’était le cas dans les années ’70. Puisque cette action apparaît assez abstraite pour beaucoup d’étudiants, elle a cherché un aspect qui est plus proche du vécu estudiantin, et elle a trouvé les coûts des études.

La Belgique a ratifié en 1983 le Pacte de New York, un traité des Nations Unies concernant les Droits Economiques, Culturels et Sociaux de l’Homme. Dans son article 13, ce pacte énonce que “l’enseignement supérieur doit être rendu accessible à chacun-e sur base de ses capacités par le biais de mesures appropriées et en particulier par l’introduction graduelle de l’enseignement gratuit.”

Une enquête menée par la FEF auprès de 5.000 étudiants révèle que les études coûtent 6.000 à 7.000 € par an si l’étudiant est logé gratuitement, si il ou elle kotte ce coût s’élève même à 10.000 à 12.000 €. Ces coûts comprennent le minerval, les cours et manuels, l’accès à l’Internet, le transport, l’alimentation, les frais de santé, les activités culturels et éventuellement le logement. Les revenus non perçus du fait de l’impossibilité de travailler en étudiant ne sont pas compris. Ces chiffres montrent clairement la distance qui nous sépare de l’objectif de « l’enseignement gratuit » et que ce prix élevé interdit ou du moins freine une démocratisation réelle de l’enseignement supérieur. C’est pour cela que la FEF relie la norme des 7% au Pacte de New York par la campagne «ResPACT», dérivé, vous l’avez deviné, de «Respectez le pacte».

De la FEF au VVS

L’organisation sœur flamande de la FEF, le VVS, a décidé de rejoindre le mouvement. Afin de lancer un mouvement de masse, une plateforme a été mise en place avec des organisations très variées. Depuis lors, les organisations suivantes ont également signé cette plateforme: Jeunes-FGTB (francophones et flamands), Enter (jeunes ACV) et jeunes CSC; les organisations de jeunesses politiques du centre-gauche à la gauche radicale: Animo (SP.a), Jong Groen (Groen!), L2 , ALS (LSP-MAS), Comac (PTB) et bien sûr «Rood UGent» (jeunes étudiants de la LCR-SAP à Gand). Mais aussi des organisations plus «neutres» politiquement, comme «Oproep voor een Democratische School-Appel pour une école démocratique (APED), Vluchtelingennetwerk Vlaanderen, Kifkif, de Vlaamse Jeugdraad et même KSA-KSJ-VKSJ.

L’enseignement moins cher ne fait pas partie des soucis des organisations estudiantines de droite. Selon les Etudiants Démocrates-chrétiens (CDS) “l’enseignement meilleur marché n’est pas nécessaire”, et “tout est accessible financièrement”...

En fait, cette plateforme n’a qu’un objectif principal: la baisse des coûts des études. La conscientisation et la mobilisation sur ce sujet est un travail de longue haleine. Le VVS et la FEF visent donc les élections régionales de 2009. Avant ces élections, les organisateurs veulent rassembler 100.000 signatures en faveur de la baisse des coûts des études, au niveau fédéral. Puisque l’enseignement est du ressort des Communautés, les élections régionales sont l’occasion rêvée pour mettre ces revendications sur la table des partis. Ces revendications ont été fixées dans un mémorandum régional rédigé à travers une discussion entre les différentes organisations qui appartiennent à la plate-forme. Ainsi, le VVS et la FEF collaborent à la campagne nationale (la récolte des signatures) mais mènent d’autre part leur propre campagne régionale (le mémorandum). A côté de cela, des comités d’action locaux ont été mis en place pour mener des actions au niveau local. A Gand, il y aura probablement une enquête au sujet des prix des syllabus dans chaque faculté. Afin de conscientiser les étudiants, une journée locale d’action sera organisée.

Le 15 novembre, la campagne a rassemblée plusieurs centaines d'étudiants des deux régions à l’ULB. Le mémorandum électoral de chaque région y a été présenté à la presse. La deuxième réunion publique nationale est prévue pour le 28 avril 2009. Un sommet ministériel européen est prévu à Leuven et à Louvain-la-Neuve pour marquer l'anniversaire du processus de Bologne. Nous nous joindrons aux festivités pour célébrer l'événement à notre manière, dans la rue.

Possibilité et obstacles

La campagne «ResPACT» rencontre de nombreux obstacles. D’abord, il y a un groupe d’étudiants de droite qui trouve que l’enseignement est déjà assez abordable et qu’il y a assez d’argent (des contributions publiques) qui est dépensé pour l’enseignement supérieur. Ces arguments ne résistent pas à un examen attentif. Selon les chiffres de l’OCDE, la Belgique dépense par étudiant dans enseignement supérieur la somme de 11.960 € par an. C’est un peu plus que la moyenne des pays de l'OCDE, qui est orienté vers la baisse par les dépenses modestes de pays comme la Tchéquie, la Slovaquie ou la Hongrie. Par contre, c’est nettement moins que la dépense de pays tels que le Japon, le Royaume-Uni, la Finlande, l’Allemagne ou les Pays-Bas. Certains pays dépensent 2.500€ de plus: l’Australie, l’Autriche, la Norvège, la Suède et la Suisse.

Quand nous examinons le PIB, les autorités belges dépensent 1.2´% du PIB pour l’enseignement supérieur, la Norvège 1.3%, le Canada et la Suisse 1.4%, la Suède 1.5%, le Danemark 1.6% et la Finlande 1.7%! Ici aussi, la Belgique se situe juste au-dessus de la moyenne de l’OCDE (1,1 %). Malgré ces chiffres, un groupe d’étudiants influencés par les étudiants conservateurs et libéraux trouve qu’un enseignement supérieur plus abordable financièrement n’est pas nécessaire.

Ensuite, il y a la perception que «ResPACT» émane d’un petit club de gauche. Dans le climat actuel en Flandre, «gauche» est un terme qui attire le rejet plutôt que la sympathie parmi les étudiants. Il est par conséquent difficile de convaincre de nombreux représentants estudiantins qui s’autoproclament «politiquement neutre» de soutenir l’action et de donner un coup de main. Que ResPACT soit une initiative d’un groupe de gauche n'est d’ailleurs qu’en partie conforme à la réalité. Bien sûr, la réduction des coûts des études est un thème de la gauche, mais, comme indiqué plus haut, des groupements comme L² (les jeunes Vlaamse Progressieven), le KSA-KSJ-VKSJ (jeunes chrétiens), et du côté francophone même la Fédération des Étudiants Libéraux ont rejoint la plateforme. Ces groupements peuvent difficilement être taxés comme ayant des sympathies marxistes.

C’est donc un grand défi que de construire une bonne pénétration de la campagne, entre autres en mettant des représentants étudiants à contribution. Trouver un équilibre entre des revendication mesurées pour lancer un mouvement de masse, et d’un autre côté avancer des revendications qui valent la peine d’un combat est un des défis les plus importants.

En outre, le climat politique et économique actuel rendra tout réel changement plus difficile. Plus de contributions pour l’enseignement: ce sera pour presque toute l’élite politique une zone interdite. Une campagne de masse réussie est absolument nécessaire pour interpeller cette élite politique.

Mais le fait que «ResPACT» fera quand même bouger un peu les choses est tout de même réaliste. Au niveau flamand, il y a un premier acquis. Dès cette année académique, il y aura une nouvelle évaluation du coût des études (la dernière étude datait de 1999). Le cabinet Vandenbroucke s'est engagé devant la presse à corriger sa politique sur base des résultats si cela s’avère nécessaire.

En outre, la campagne permet de conscientiser les étudiants autour de ce thème. Beaucoup de personnes se montrent intéressées par la campagne. Une couche plus large que celle des représentants étudiants est déjà atteinte. Sur le «community site Facebook» il y a déjà 1372 personnes qui sont membres du groupe virtuel «ResPACT». Quand les étudiants complétent l'enquête menée par le VVS concernant les coûts des études à Gand, beaucoup sont étonnés du montant. Cette prise de conscience sera peut-être pour certains le début d’une conscience sociale plus large et plus profonde.

Pour signer la pétition de ResPACT:

http://www.respact.be/index.php?pageDemandee=petitie&langue=fr

Voir ci-dessus