Après le succès du 6 octobre: Pour une grève générale de 24 heures!
Par Ataulfo Riera le Mercredi, 08 Octobre 2008 PDF Imprimer Envoyer

La journée nationale d'actions du 6 octobre a constitué un succès important dans la mobilisation des travailleurs/euses contre les attaques qu'ils subissent aujourd'hui avec l'inflation, la montée du chômage et les mesures que le gouvernement et le patronat ont en vue afin de leur faire payer leur crise capitaliste. En dépit du caractère confus, peu clair et contradictoire du mot d'ordre lancé par les directions syndicales et malgré de nombreux problèmes de communication et de coordination, le succès de cette journée démontre que la base est prête à mener des actions bien plus déterminées.

Tout mouvement de grève un tant soit peu généralisé et interprofessionnel dans sa composition et ses objectifs exprime - même si ses acteurs n'en n'ont pas pleinement conscience - un affrontement global entre la classe salariée et la classe bourgeoise. La journée d'actions nationale menée par la FGTB-CSC, même s'il ne s'agissait pas d'une grève générale de 24 heures, a représenté - du moins au sud du pays - un tel affrontement à l'échelle de la société et il est important d'en tirer tous les enseignements pour tracer une perspective immédiate.

Pendant une journée, pendant quelques heures et dans des secteurs clés de l'économie capitaliste, le pouvoir organisé et collectif des salarié/es s'est imposé face à celui du patronat et de l'Etat. Par les piquets de grève, par les barrages filtrants ou fermés, par les actions de rues, les salarié/s ont affirmé une autre légitimité, un pouvoir alternatif. Ainsi, dans les zonings de la région de Charleroi, aucun camion ne pouvait passer du fait des barrages ouvriers. Seules les firmes pharmaceutiques de livraison urgente de médicaments avaient droit à une dérogation octroyée par les syndicats et pouvaint donc circuler. A Liège, les syndicats ont forcé toutes les agences d'intérims à fermer leurs portes.

Le succès du 6 octobre, malgré tous les défauts inhérents aux mots d'ordres avancés et aux dissentions entre les sommets syndicaux, indique à quel point un mouvement d'ensemble et un appel à une grève générale de 24 heures serait un levier puissant et efficace afin d'imposer au patronat et au gouvernement un tout autre agenda. Si, malgré toutes les faiblesses évoquées, cette journée d'actions a été un tel succès, qu'en serait-il alors d'une action pouvant compter sur un mot d'ordre clair, homogène, unificateur et sur une collaboration et une unité réelles et non plus factice du front commun syndical!

Légitimité renforcée de la lutte syndicale

Il n'est pas étonnant que le patronat et les idéologues à sa solde s'insurgent à nouveau dans les médias contre la «dictature syndicale» et pour le «respect du droit au travail». Néanmoins, contrairement à la grève d'octobre 2005 contre le « Pacte de génération » où la FGTB s'était retrouvée isolée, les attaques contre les actions du 6 octobre sont moins nombreuses et moins virulentes qu'à l'époque, tant la légitimité de cette journée d'actions était forte parmi les travailleurs/euses et « l'opinion publique » en général. Malgré quelques déclarations verbales également, à l'inverse de 2005, le patronat n'a pas osé organiser cette fois ci une contre-attaque générale en faisant systématiquement appel aux huissiers et aux tribunaux contre les piquets et les barrages de grévistes.

Autrement dit, la légitimité de l'action des travailleurs s'est renforcée tandis que celle du patronat s'est affaiblie, ce qui a certainement à voir avec le contexte actuel d'une crise capitaliste dont il est clairement le seul responsable. Difficile de taxer aujourd'hui l'action syndicale de « corporatiste » alors que la majeure partie de la population souffre durement de l'inflation!

Cette donnée est essentielle afin de poursuivre le mouvement sur sa lancée. On peut même affirmer que la légitimité d'une grève générale de 24 heures serait bien plus forte dans l'opinion que les actions trop disparates d'un secteur et d'une région à l'autre de la journée du 6 octobre.

Au Nord comme au Sud, une même volonté d'en découdre!

L'argument selon lequel la perspective d'une grève nationale de 24 heure se heurterait à une volonté d'action et une combativité distinctes au Nord et au Sud du pays ne résiste pas à une analyse plus poussée. Si, globalement, le mouvement du 6 octobre a été effectivement plus suivi, plus étendu et plus profond en Wallonie et à Bruxelles qu'en Flandre, si les actions de grèves ont été plus nombreuses au Sud qu'au Nord, ce constat un peu rapide est à nuancer fortement: des secteurs importants du mouvement ouvrier ont également été en pointe dans la grève en Flandre, tandis que certains secteurs ou provinces en Wallonie ont été plus en retrait que d'autres. De plus, c'est en Flandre et non en Wallonie que la vague de grèves dans les entreprises en janvier dernier a été la plus puissante.

Plutôt qu'une prétendue faiblesse de la combativité des salarié/es en Flandre, c'est l'absence de mots d'ordres combatifs de la part d'une bonne partie des directions syndicales du nord du pays (à commencer par celles du syndicat chrétien) qui est à épingler. Le panorama du 6 octobre aurait été également sensiblement plus équilibré entre le Nord et le Sud si, par exemple, le patron des métalos flamands de l'ABVV, Herwig Jorissen, n'avait pas écarté avec mépris toute action de grève ou tout arrêt de travail dans son secteur et n'avait choisi de se limiter qu'à des actions très symboliques telles que des ditributions de tracts dans certaines entreprises. Pire, le mot d'ordre du sommet de l'ABVV métal était d'interdire toute grève et d'empêcher tout piquet ou barrage à l'entrée des entreprises de son secteur, comme ce fut le cas au plus important zoning de Gand!

Un véritable front commun CSC-FGTB est possible

Un autre argument à l'encontre d'un mot d'ordre de grève générale de 24 heures invoque les dissensions trop fortes entre les directions des deux principaux syndicats et la combitivité supposée moindre des syndicalistes chrétiens. Ici aussi une mise au point s'impose.

Il est certain que la direction de la CSC était contre toute action d'ampleur. Dès la rentrée, son président Luc Cortebeek le soulignait en déclarant: « La rentrée sera-t-elle chaude? La CSC compte en tout cas garder la tête froide »! Le secrétaire général Claude Rolin était encore plus clair: « Le pays se trouve dans une situation difficile: il souffre d'une crise institutionnelle et d'une crise économique. Le pire serait d'y ajouter une crise sociale »... Le sommet de la CSC misait donc avant tout sur l'attentisme et de voir après la confection du budget 2009 pour agir, et encore, « éventuellement »!

C'est donc forcé et contraint que le bureau national de la CSC du jeudi 18 septembre a décidé de rejoindre l'appel à l'action lancé par la FGTB pour le 6 octobre. Dans cette volte-face, les provocations patronales assez grossières ont certainement joué leur rôle: attaques contre l'index, refus d'un accord sur la répartition de l'enveloppe pour la liaison des allocations au bien être et refus de signer la convention collective sur la seconde augmentation du salaire minimum. Mais c'est certainement la crainte d'être débordée par sa base qui a finalement fait pencher la balance dans le chef du sommet de la CSC, ce dernier voulant éviter de répéter le scénario traumatique d'octobre 2005 où son refus de s'associer à la grève appelée par la FGTB avait été très mal ressentie et « vertement » critiquée à la base...

C'est donc à reculons et à contre-coeur que la CSC s'est embarquée dans le front commun, avec comme conséquence que dans bon nombre de secteurs ses mots d'ordres se limitaient à des « actions » (arrêts de travail limité, sensibilisation) mais non à un appel pour une grève interprofessionnelle. Tout comme pour la Flandre, cette absence de mot d'ordre combatif n'exprime pas pour autant un manque de combativité à la base du syndicat chrétien, que du contraire. Les exemples et le succès des grèves en front commun à Belgacom, à la STIB, au TEC, à la SCNB ou dans la région liégeoise démontrent bien que là où les directions du syndicat chrétien ont lancé un mot d'ordre clair de grève générale, elles ont été plus que largement suivies par leurs affilié/es.

Et maintenant? Pour une action offensive!

Dans les discours que les dirigeants syndicaux ont tenus le 6 octobre, les mêmes exigences étaient avancées: demande au gouvernement de répondre à la perte de pouvoir d'achat des gens et appel au patronat à cesser ses provocations à l'égard de l'index ou ses menaces d'un renforcement de la modération salariale. Mis à part dans l'un ou l'autre cas, ces discours des directions syndicales contrastaient avec le sentiment de révolte croissant de la base face à la situation actuelle et que le succès de la journée démontre lui-même. La base syndicale veut en découdre de manière déterminée et pour des objectifs plus offensifs, mais on ne lui en donne ni les moyens, ni les perspectives et elle ne trouve pas – encore? - en elle les moyens de les exprimer de manière cohérente et organisée.

Ainsi, si les directions FGTB et CSC se félicitent aujourd'hui de la journée du 6 octobre, aucune perspective concrète n'est encore offerte aux militante/es afin de donner une suite au succès dont ils et elles ont été les principaux artisans. Seule la FGTB évoque, mais de manière vague, des « actions plus dures » au cas où le gouvernement ne répondrait pas à l'urgence sociale à l'occasion de l'adoption du budget pour ce 14 octobre.

De plus, aucune direction syndicale n'évoque encore la nécessité de mettre également une pression maximale en vue des prochaines négociations pour l'Accord interprofessionnel 2009-2010. Il faut bien reconnaître que les sommets syndicaux donnent l'impression de partir perdants à l'avance pour ces négociations tant leurs demandes à l'égard du patronat sont faibles: une nouvelle augmentation (non chiffrée) du salaire minimum et une norme salariale non contraignante, permettant selon les secteurs des augmentations «responsables» (dixit la FGTB) ou «réalistes» (dixit la CSC) des salaires exprimées en brut et non en net.

Certes, dans la vie, le succès et la victoire ne sont jamais garantis à l'avance. Mais c'est d'autant plus vrai si on ne réunit pas les meilleures conditions pour obtenir une victoire et dans le contexte actuel elles se résument essentiellement à trois choses:

1. une unité réelle, un front commun FGTB-CSC effectif, de la base au sommet;

2. un plan d'action mobilisateur, offensif et interprofessionnel;

3. un programme de revendications radical et offensif

Dans les conditions actuelles d'atermoiements et de tergiversation des sommets syndicaux, c'est donc à la base syndicale, tant CSC que FGTB, de donner de la voix pour réunir ces trois conditions et impulser une orientation claire et déterminée à leur lutte; par des assemblées dans toutes les entreprises et des assemblées régionales interprofessionnelles qui adoptent des motions en faveur d'une grève générale de 24 heures en front commun dans tout le pays et dans tous les secteurs!

Pour un programme de lutte offensif: aux capitalistes de payer leur crise!

Mais il ne s'agit pas seulement de tracer une perspective et une méthode pour rendre la lutte plus offensive. Le contenu et les objectifs de cette dernière sont tout aussi importants et doivent être tout aussi cohérents avec les moyens. Or, face à la dégradation des conditions de vie de la majorité sociale, face à la crise capitaliste actuelle – qui ne fait que commencer! - et aux attaques que le monde du travail risque de subir dans les mois à venir, les revendications avancées par les directions syndicales sont pour le moins insuffisantes tant elles sont timorées.

L'appel à une grève générale de 24 heures doit au contraire s'accompagner d'un programme de revendications combatif et à la hauteur de la situation réelle. C'est pourquoi la LCR avance une série de propositions pour un tel programme:

- Face à la perte du «pouvoir d'achat», les seules réponses efficaces sont une augmentation généralisée des salaires (et pas seulement en brut, mais aussi en net); 150 euros net pour tous/tes et pas un salaire inférieur à 1.500 euros net; pour un retour à un véritable index qui tienne compte des prix réels et de leur poids réels dans le budget des ménages et qui est appliqué mensuellement à tous les salaires et à toutes les allocations sociales; pour une revalorisation radicale de toutes ces dernières et la suppression de la TVA sur les biens de première nécessité.

- Face à l'envolée des prix énergétiques, alimentaires et du logement, il faut lutter pour le blocage et le contrôle public des prix par les organisations syndicales et de consommateurs; pour la création d'un service public du logement qui procède à la construction massive de logements publics et à la rénovation-isolation des habitations; pour la gratuité et l'extension des transports publics; pour un service public de l'énergie, de la production à la distribution, qui développe massivement les énergies renouvelables grâce aux sommes aujourd'hui consacrées à la recherche et à l'entretien des centrales nucléaires.

- Face à la montée du chômage et au danger de voir les secteurs les plus faibles subir les premiers coups de l'austérité, les organisations syndicales doivent lutter pour l'abolition des politiques « d'activation » et de sanctions à l'égard des chômeurs et opposer un refus catégorique aux plans du gouvernement visant à la dégressivité des allocations de chômage et à leur limitation dans le temps. Dans la lutte contre le chômage, deux instruments sont indispensables: 1) la réduction du temps de travail à 32 heures, sans perte de salaire ni augmentation des cadences et avec embauche compensatoire; 2) l'interdiction des licenciements dans les entreprises qui font des bénéfices, sous menace de remboursement de toutes les aides publiques reçues sous formes de subsides ou de baisse des charges patronales ou fiscales. Sans oublier, dans la défense des plus faibles, la nécessaire exigence d'une régularisation de tous les sans-papiers!

- Face à la crise financière, les organisations syndicales devraient également exiger dans un premier temps la levée du secret bancaire; un contrôle public drastique et une taxe sur les transactions internationales des capitaux, comme premiers pas vers la création d'un service public bancaire et du crédit par la nationalison de toutes les banques et institutions financières, sans indemnité et sans vente ultérieure des actifs, sous le contrôle des salariés du secteur et de la population. Un service public décentralisé et mutualisé qui aurait pour objectif de drainer l’épargne et de mobiliser le crédit pour satisfaire les besoins sociaux et environnementaux démocratiquement décidés par la collectivité.

- Face à l'inégalité du partage des fruits du travail, il faut imposer une redistribution radicale des richesses afin de financer les mesures décrites ci-dessous, créer des centaines de milliers d'emplois socialement et écologiquement utiles (dans la santé, l'éducation, les crèches, les transports publics, l'isolation-rénovation et les matériaux écologiques); l'arrêt des cadeaux au patronat sous forme de baisse des charges et autres intérêts notionnels; l'établissement d'un cadastre des fortunes pour instaurer un impôt annuel de 2% sur les grosses fortunes; pour une plus forte progressivité de l'impôt proportionnellement aux facultés contributives; pour la réduction radicale des dividendes distribuées aux actionnaires-rentiers et leur réinvestissement dans les salaires et l'emploi.

Ces propositions paraîtront sans doute «irréalistes» aux yeux de certains bureaucrates syndicaux habitués à la routine des revendications «raisonnables» avancées dans le cadre feutré de la «concertation sociale». Mais dans les conditions exceptionnelles que nous vivons aujourd'hui avec l'ampleur de la crise capitaliste, ce sont au contraire ces demandes «raisonnables» qui deviennent de plus en plus irréalistes face à la situation réellement vécue par le plus grand nombre. A situation exceptionnelle, mesures exceptionnelles!


Panorama de la journée d'actions syndicales du 6 octobre

En Flandre:

Les transports étaient pratiquement tous paralysés, la grève était quasi totale chez De Lijn et très étendue à la SNCB. D'après le SETCa, dans la fonction publique, la grève était bien suivie dans les administrations locales et régionales, comme à Anvers où les fonctionnaires ont massivement suivi le mouvement. La plupart des crèches étaient fermées ainsi qu'une partie des musées et des bibliothèques à Anvers et à Gand. A Bruges, tous les services communaux étaient à l'arrêt tout comme dans une série de petites communes comme Izegem ou Willebroek. La grève était en outre assez généralisée dans l'enseignement officiel, notamment à Anvers et à Gand.

La plupart des grands magasins étaient ouverts mais des actions syndicales y ont eu lieu ponctuellement, comme des distributions de tract ou des actions symboliques chez Colruyt à Hal ou dans lindustrie alimentaire comme aux biscuitteries LU, à Danone Rotselaar, Kraft à Hal, Citrique à Tirlemont et Maïski à Aarschot. Par contre, le centre de distribution de Delhaize à Zellik a été fermé.

Dans le métal - malgré la position anti-grève du sommet de l'ABVV-Metal – des grèves ou des arrêts de travail ont tout de même eu lieu dans certaines entreprises, comme à Sidmar, à Tyco et Eandis à Louvain et à D'Ieteren Kortenberg. Par contre, le secteur de la construction automobile (Volvo, Ford, etc.) n'a pas été perturbé.

Contrairement à celui de Zeebruges, le port d'Anvers était presque entièrement à l'arrêt dès la première heure ainsi que l'ensemble de l'important secteur pétro-chimique. Les équipes du matin de Bayer, BASF, Lanxess, Degussa, Total, Solvay ou Monsanto ont toutes débrayées.

Comme en janvier dernier, dans le Limbourg aussi les entreprises ont été fortement touchées par les actions syndicales; Tessenderlo Chemi, Marlux, Tripan (Dilsen-Stokkem), K-Beton (Helchteren) et Ecol (Houthalen) notamment ont vu leur production perturbée.

Contrairement au Sud du pays, plusieurs manifestations importantes se sont déroulées dans plusieurs villes flamandes. A Anvers, près de 1000 syndicalistes se sont rassemblés en face du siège d'Electrabel où Bruno Verlaeckt, secrétaire général de la Centrale Générale socialiste anversoise a tenu un discours combatif.

A Gand, c'est autour de 5.000 travailleurs qui ont manifesté en front commun régional ABVV-ACV à l'initiative et en soutien aux syndicats du secteur textile flamand, durement touché par une vague de licenciements (près de 2000 emplois perdus depuis le début de l'année). On notait des délégations fournies des entreprises Uco, Beaulieu et Bekaert Textiles. Des bus avaient été affrétés en provenance de toute la Flandre Orientale et occidentale et tant le syndicat socialiste que chrétien étaient bien représentés.

A Louvain également, 500 syndicalistes se sont rassemblés sur la Martelarenplein, avec quelques discours combatifs, notamment de la part des dirigeants régionaux de la CGSP. Par contre, il faut souligner l'absence notable du syndicat chrétien à ce rassemblement, même si dans la ville et la région la grève a été menée en commun avec succès dans les transports ou la fonction publique.

A Malines, ce sont près de 1.500 travailleurs qui ont manifesté, avec une présence massive du syndicat socialiste et une participation plus discrète du syndicat chrétien (essentiellement des travailleurs de De Lijn). La manifestation s'est terminée par un meeting sur la Grand Place avec Rudy De Leeuw.

En Wallonie:

En Wallonie, les organisations syndicales ont mis le paquet sur l'organisation de barrages et de piquets devant les entreprises et les zonings industriels et ont préféré ne pas organiser de rassemblements publics. Toute l'industrie sidérurgique et technologique wallonne était à l'arrêt, tout comme les transports et les administrations publiques. Dans l'enseignement, 75% des instituteurs/trices du primaire étaient en grève et plus de la moitié des écoles secondaires touchées. Dans le courrier, la grève était pratiquement générale dans les villes de Liège, Verviers, Tournai, Mouscron ou encore Nivelles.

Dans le Brabant wallon, les zonings de Nivelles, Wavre-Nord, de Louvain-la-Neuve et de Braine l'Alleud ont été bloqués. Une manifestation et un meeting, avec le secrétaire national CSC Marc Beckers et la secrétaire générale FGTB Anne Demelenne, se sont tenus dans ce dernier zoning en soutien aux travailleurs de l'entreprise pharmaceutique UCB (où 425 emplois sont menacés ) et de Fergusson (menacée de fermeture pure et simple).

Diverses actions ont été menées lundi matin, dans la région d'Ath. Les accès au zoning de Ghislenghien étaient bloqués, empêchant quasiment toute activité à l'intérieur. Une quarantaine de manifestants se sont rendus dans la matinée, en cortège à la gare d'Ath, puis à l'administration communale et enfin à la banque Fortis. Dans la région de Lessines par contre, la situation était plus contrastée. Dans le tournaisis, ce sont les zonings d'Orcq et de Froyennes qui ont été bloqués. Idem dans la région de Charleroi avec les zonings de Gosselies, Fleurus, Courcelles, Manage, Feluy, etc. Tout comme dans la plupart des villes wallonnes, aucune manifestation n'a eu lieu à Charleroi.

La région liégeoise est la seule où les deux principaux syndicats ont lancé en commun un mot d'ordre clair de grève générale de 24 heures. Le résultat a été éclatant: l'ensemble des secteurs économiques régionaux (sidérurgie, chimie, aéronautique, armes), les transports et la fonction publique étaient paralysés.

La FGTB Liège avait donné rendez vous aux militants et délégués syndicaux à 7H sur la Place Saint Paul avec café et croissants, avant que ceux-ci et celles-ci ne se rendent par petits groupes pour la mise sur pied de piquets devant des écoles, des administrations, des banques, des zonings (Gâce-Hollogne et Hauts Sarts) et à l'aéroport de Bierset où aucun avion n'a décolé. Des piquets ont également bloqué la plupart des grands chantiers de construction de la ville (Gare TGV des Guillemins, Médiacité, Palais de Justice, usine de traitement d'Intradel à Herstal) et à l'entrée des principaux centre commerciaux (Belle-île, Galeries Saint-Lambert).

La plupart des piquets en entreprises étaient plus que symboliques vu que la majorité des travailleurs sont tout bonnement restés chez eux. On peut par contre déplorer l'absence de rassemblements, d'assemblées ou encore de manifestations dans les rues de Liège.

A Verviers, le panorama était identique, les syndicats ayant lancé une opération « Verviers, ville morte », toute l'activité de la ville était paralysée. Des barrages filtrants ont été organisé à toutes les sorties de la ville, laissant sortir les véhicules mais empêchant ces derniers d'y entrer. Contrairement à Liège, plusieurs centaines de manifestants FGTB se sont rassemblés dès 7H du matin au centre ville.

Dans le Luxembourg, seuls les bus des compagnies privées circulaient. Les cheminots socialistes ont organisé des distributions de tracts dans les gares, les écoles, les administrations et les commerces. Les usines Ferrero, Fédéral Mogul et Ampacet étaient à l'arrêt. Les magasins Carrefour et le contrôle technique à Marche-en-Famenne ont été fermés, tout comme les Delhaize à Marche et Recogne, ainsi que l'Auto5 et le Trafic d'Arlon.

A Bruxelles:

La grève à la STIB, menée en front commun, était pratiquement totale, seules quelques rames de métro et de très rares bus ont circulé. Les administrations communales et régionales ont été fortement perturbées et le ramassage des déchets n'a pas été effectué. Dans la plupart des hôpitaux, un service minimum était en place. Dans les écoles, la paralysie était importante mais non généralisée, souvent en fonction du réseau et de la couleur syndicale: les enseignants "rouges" faisant grève tandis que les "verts" faisaient généralement un arrêt de travail de 1 heure.

Seule entreprise industrielle encore importante dans la ville, Audi Forest était à l'arrêt dès le matin et le piquet de grève était amplement symbolique vu que la majorité des ouvriers ne s'est pas déplacée. Dans la construction par contre, il n'y a pas eu de grandes perturbations, la plupart des chantiers ont travaillé normalement. Si la plupart des grandes surfaces étaient fermées, ce n'était pas le cas des très nombreux magasins franchisés qui prolifèrent de plus en plus dans la capitale. Les centres de tri du courrier ont fonctionné mais sans une bonne partie du personnel tandis que la situation dans les agences variait d'une commune à l'autre.

Il n'y avait pas de grande manifestation syndicale, mais bien toute une série de rassemblements symboliques de militants syndicaux à plusieurs endroits de la ville: devant la FEB, la Banque nationale, le MR de Reynders et la fédération patronale Agoria. Près de 500 militants syndicaux FGTB s'étaient rassemblés à 8h du matin sur la Place Rouppe afin d'organiser des départs en cars vers ces différentes actions. Si les banques fonctionnaient normalement, les directions syndicales du SETCa et de la CSC ont mobilisé une centaine de militants du secteur pour bloquer symboliquement l'accès à la Banque Nationale. La CGSLB quant à elle rassemblait 150 militants à la Bourse pour une distribution de cacahuètes aux passants.

La CGSP pour sa part rassemblait 400 syndicalistes dans la rue du Congrès, où l'on a pu voir une délégation des sans papiers qui occupent l'ULB accompagnés par la combative délégation syndicale de cette université. Le besoin d'action était tel que, contre l'avis des directions et avec une certaine tension entre ces dernières et des participant/es, le rassemblement s'est rapidement transformé en une manifestation spontanée qui s'est finalement disloquée autour de la Bourse.

La confusion sur qui ou quoi était réellement en grève se traduisait aussi dans la confusion ou l'absence de bonne communication pour informer les militants syndicaux sur les rassemblements prévus. On sentait bien que si cette communication avait été mieux faite, le nombre de participant/es aurait été au moins 10 fois plus élevé!

Enfin, la grève a également touché la RTBf télé et radio. Des programmes musicaux en continu ont remplacé la programmation et seuls les bulletins d'information ont été assurés. Chaque journal parlé et télévisé a été précédé d'un message de soutien du syndicat CGSP de la RTBf en faveur du mouvement d'actions national.

Notre intervention

A Liège, Charleroi, Bruxelles, Gand, Malines, Louvain et Anvers, nos camarades de la LCR ont diffusé notre tract de 4 pages dans les divers rassemblements et manifestations publiques ainsi que dans plusieurs piquets de grève (dépôts STIB, zoning de Braine l'Alleud, FN Herstal, zoning des Hauts Sarts, dans la sidérurgie à Chertal et Seraing, etc.). Partout notre tract a été bien accueilli et à suscité des réactions positives quant à nos revendications concernant l'augmentation généralisée des salaires et la redistribution des richesses.

Panorama réalisé à partir des informations collectées par des correspondants/es de la LCR à Liège, Charleroi, Bruxelles, Malines, Gand, Anvers et Louvain ainsi que par les informations fournies par les organisations syndicales et les dépêches de l'agence Belga.


Reportage photos sur le rassemblement de la CGSP de Bruxelles

(Photos: David Baele)

 

 

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