Que la rage soit avec vous !
Par Nico Cué, Secrétaire général des Métallurgistes FGTB Wallonie-Bruxelles le Jeudi, 24 Janvier 2013 PDF Imprimer Envoyer

Nous reproduisons ci-dessous le dernier éditorial de Nico Cue, secrétaire général des Métallurgistes FGTB Wallonie-Bruxelles, dans le périodique de son organisation. Un texte remarquable, qui pose les bons diagnostics. Oui, l'offensive capitaliste en cours est sans précédent. Oui, elle vise à détruire le mouvement syndical en tant qu'organe de défense collective des travailleurs et travailleuses. Oui, l'opposition frontale entre les intérêts du travail et ceux du capital a rarement été aussi limpide. Oui, patrons, banquiers, roi, partis traditionnels et nationalistes sont tous d'accord pour détruire les acquis sociaux. Et oui, le PS est entièrement de leur côté, de sorte que ce qui est en jeu, ce n'est pas seulement l'existence de l'organisation syndicale mais aussi la simple possibilité d'une expression politique des travailleurs ! Nous allons même plus loin: il n'y a plus aujourd'hui d'expression politique des travailleurs au sein des assemblées élues. Il est décisif d'en reconstruire une, la plus large possible, à partir des luttes. Car le déblocage de la situation n'est possible qu'en agissant à la fois sur les deux terrains: la résistance sociale et l'alternative politique. Puissent les Métallos FGTB-WB s'y engager avec toute la fermeté nécessaire (LCR-web).


Au moment de formuler des vœux de santé, de prospérité et de bonheur pour 2013, le cœur n'y est pas. Nous n'allons pas nous raconter d'histoires. Vous et moi, nous savons bien que l'année nouvelle sera une vallée de larmes, pleine de douleurs et marquée par la violence faite à la classe ouvrière. Alors, pas de salades entre nous, foin d'hypocrisie !

Edito de Nico Cué, 18 janvier 2013

Nous sommes confrontés à l'offensive la plus déterminée, de mémoire d'homme, contre TOUTES les conquêtes sociales de plus d'un siècle de combats. Depuis 1944 et le Pacte social, nous n'avons rien subi d'aussi brutal. Pas même le soi-disant « pacte » de soi-disant « solidarité entre les générations ». Pas même le « plan global ». Pas même la « loi inique » de 1960-1961...

« Ils » ont décidé de nous frapper plus durement encore. Voyez plutôt :

Asphyxie, démantèlement, vente par appartements des services publics.

Détricotage de la solidarité fédérale au sein de la sécurité sociale (et au nom de l'unité nationale, encore!).

Attaque contre les travailleurs âgés.

Harcèlement, paupérisation et exclusion des chômeurs.

Amnistie pour les fraudeurs fiscaux.

Menaces sur l'index et donc sur le pouvoir d'achat.

Volonté de rendre le travail encore plus flexible, moins sûr.

Réduction de la démocratie par la privation des prérogatives parlementaires sur la définition du budget via la prochaine adoption du « Traité budgétaire ».

Destruction du dialogue social par l'anéantissement de toute possibilité de négocier les salaires jusqu'en 2020 au moins...

...

Croient-« ils » avoir donné leur préavis aux syndicalistes de ce pays ?

« Ils » nous déclarent la guerre mais parions qu' « ils » s'étonneront de ne plus vivre en paix.

Qui sont-« ils » ?

L’Europe et les lobbyistes qui la gouvernent.

Les gouvernements aux ordres des banques et au service des patrons.

Le roi qui encourage le blocage des salaires au moment où sa dotation est réévaluée.

La NVA qui, sur le sujet, ne dit rien d'autre que ce que font les Di Rupo, Reynders, Milquet en zo voort...

Les médias dominants et les « journapologistes » du marché.

Les économistes complaisants.

...

Tous ceux-là nous sont parfois présentés comme l'eau et le feu alors qu'en réalité, « ils » sont d'accord sur une chose au moins : nous faire passer un mauvais quart d'heure !

L'opposition frontale des intérêts des travailleurs et de ceux des détenteurs de capitaux a rarement été aussi évidente, claire ou limpide. Les masques sont tombés.

Le FMI confesse que les politiques d'austérité sont fondées sur une erreur de calcul. Rien que ça : un bug dans les formules. Pschitt, les justifications pseudo-scientifiques des dérives idéologiques qui nous conduisent dans le mur en suivant le chemin sur lequel ont été poussés les Grecs, les Espagnols, les Portugais !

Le roi est nu. Les « petites mains du système » aussi. Ce qui arrive est le fruit d'une volonté de réorganiser les rapports de force dans la société : des riches plus forts, des pauvres plus faibles ! Point, à la ligne.

Ceux qui espéraient pouvoir faire le gros dos en attendant que passe l'orage, ceux qui attendent le bout du tunnel depuis 40 ans, ceux qui ont cru aux appels « à la raison », à « l'effort de chacun » et aux « nous nous en sortirons ensemble », en sont pour leurs frais.

Reste à savoir ce que fait encore le PS dans cette galère ? Avec ceux d'en face...

En attendant d'être éjecté du gouvernement fédéral par une droite qui ne se salit pas les mains ou par un puissant mouvement social, il fait la démonstration de son impuissance à défendre ses valeurs, son programme, l'héritage du mouvement ouvrier. Avec une chrétienne abnégation, la famille socialiste fait le sale boulot. Si bien qu'à défaut d'être virée comme une malpropre d'ici 2014 par les « gens de biens » qu'elle aura servis (au nom d'un « sens des responsabilités » mais de quel intérêt général ?), chacun se demandera avec quel bilan elle va se présenter au suffrage de la classe ouvrière.

Ainsi, ce qui semble aujourd'hui en jeu, ce n'est pas seulement l'existence de l'organisation syndicale ou celle d'une démocratie sociale mais aussi la simple possibilité d'une expression politique des travailleurs !

Les métallos de Wallonie et de Bruxelles ne vont pas se résigner à tout perdre et à se taire.

Alors que 2013 s'annonce cruciale, comme une année de combats difficiles, je souhaite à tous les travailleurs de ce pays que la rage soit avec eux, que l'optimisme de la Résistance illumine leur détermination car « un autre monde reste possible » et qu'avec eux, la peur change de camp !

Source : http://www.metallos.be

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