L'enseignement n'est pas une marchandise!
Par Tract de campagne de la LCR le Lundi, 27 Avril 2009 PDF Imprimer Envoyer

Depuis les années 1980-90, l'enseignement a vu son budget fondre comme neige au soleil. Le secteur a subi de nombreuses vagues de «rationalisations»: suppressions d'emplois, fusions d'établissements, privatisations de services dispensés (restaurants, sécurité, logements, etc.). Le système de budget à enveloppe "fermée" (qui n'augmente pas en fonction du nombre total d'étudiants) conduit les universités et les Hautes écoles à une concurrence forte.

Il y a dix ans était initié le processus de Bologne, présenté comme la solution aux problèmes de l'enseignement supérieur européen. Depuis lors, chaque pays membre du processus a connu des contre-réformes de l'enseignement supérieur et de la recherche, Derrière les beaux slogans, ce processus poursuit trois objectifs:

1) L'"employabilité" des diplômés sur le "marché" du travail, qui doivent s'adapter aux besoins changeants des patrons, dans un contexte de précarité de l'emploi et de chômage de masse. Cette "employabilité" doit être le résultat de l'instauration d'un premier cycle professionnalisant d'au moins trois ans et d'une meilleure "lisibilité" des diplômes (par le Supplément au diplôme). L'allongement de la durée des études augmente leur coût, ce qui oblige à multiplier les jobs étudiants qui offrent à peu de frais aux patrons une nombreuse main d’œuvre, taillable et corvéable à merci.

2) Promouvoir la « mobilité étudiante »… mais le bilan est très maigre: à cause du faible montant des bourses étudiantes, seuls 1% (!) des étudiants européens ont participé au programme Erasmus.

3) Renforcer la compétitivité de l'enseignement supérieur européen sur le marché mondial des "cerveaux étrangers"... avec des minervals élevés. Bologne fait constamment référence au "modèle" américain où seules quelques institutions réservées à une élite socioéconomique sont dignes d'être appelées "universités".

Les étudiants ne sont pas des "parts de marché" ni des clients!

En augmentant la mobilité des «consommateurs» et des «fournisseurs» d’enseignement, des programmes et des établissements par l’enseignement en ligne ou franchisé, le processus de Bologne contribue à soumettre l’enseignement européen aux lois du marché et aux critères néo-libéraux des politiques de l'OMC, comme l'Accord général sur le commerce des services (AGCS), ou de l'Union européenne, comme la Stratégie de Lisbonne qui vise à faire de l'Europe l'économie la plus "compétitive" du monde...

Dans l'optique capitaliste, l'enseignement supérieur doit répondre rapidement aux demandes du capital et devenir lui-même "producteur de richesses", "entrepreneurial". Autrement dit, les universités et les hautes écoles doivent êtres gérées comme des entreprises privées. La compétition mondiale et la réduction des budgets publics vont les forcer à agir de la sorte en renforçant leur dépendance envers des multinationales ou des mécènes (marketing, vente de cours on-line, chaires privées - Fortis ou RTL!). Les industriels, qui veulent que l'offre d'enseignement soit adaptée au marché du travail et au nombre d'étudiants inscrits aux cours, s'attaquent ainsi à l'indépendance du savoir dispensé et des recherches menées dans l'enseignement supérieur ainsi qu'à la relative démocratie interne des universités.

Pour une université réellement ouverte, populaire, démocratique et émancipatrice

Selon nous, l'éducation et la connaissance sont des biens communs de l'humanité: les privatiser revient à empêcher le libre développement du savoir et de la culture. Le savoir s'apprend, mais ne s'achète pas:

1) La recherche fondamentale et appliquée doit viser à satisfaire les besoins de la société et la curiosité intellectuelle, et non le profit. La recherche appliquée doit examiner de manière indépendante les dangers pour la santé des produits utilisés dans l'industrie, des OGM, etc. et chercher les meilleures façons de préserver notre éco-système. L'enseignement supérieur doit être décloisonné: les savoirs pratiques et la recherche concernent tous les étudiants, des universités comme des hautes écoles.

2) L'enseignement doit être entièrement gratuit et public: interdiction du mécénat d'entreprise ou de riches particuliers, la publicité doit disparaître des campus.

3) Le budget global de l'enseignement doit augmenter de 5 à 7% du PIB en prenant l’argent là où il est: relèvement de la fiscalité sur les profits des grandes entreprises et sur les dividendes versées aux actionnaires-rentiers; la taxation de la spéculation financière; instauration d’un impôt vraiment progressif et d’un impôt sur les grosses fortunes.

4) Combien d'enfants d'ouvriers et d'immigrés ont-ils la chance d'obtenir un diplôme du supérieur? L'enseignement supérieur doit être accessible aux jeunes des classes populaires, qui doivent bénéficier de bourses plus conséquentes, sans leurs injustes critères académiques: Il faut stopper la fusion-absorption des institutions d'enseignement supérieur par les trois universités, fruit du dogme des recteurs "Big is beautiful"; et fusionner les réseaux sous la coupole des pouvoirs publics.

5) Les universités doivent être soumises au contrôle démocratique des étudiants, des travailleurs et des professeurs. La concentration des pouvoirs dans les mains des recteurs doit être combattue. La police doit être interdite d'accès sur les campus, de plus en plus envahis par le sécuritaire alors que les étudiants se mobilisent pour leurs droits comme pour ceux des sans-papiers.

6) Pour lutter contre la "fuite des cerveaux", l'enseignement supérieur européen doit développer une libre coopération solidaire avec les pays du Sud, par le transfert gratuit des connaissances et de moyens vers les universités du Sud. Chez nous, les chercheurs doivent pouvoir bénéficier d'un statut stable, de moyens en suffisance et d'une rémunération qui leur permettent de mieux encadrer les étudiants et d'avancer dans leurs recherches.

Seule une mobilisation unitaire des étudiants, des chercheurs et des enseignants, avec le soutien des organisations syndicales, pourra imposer ces changements indispensables! Prenons exemple sur les luttes récentes en Grèce, en Italie, en Irlande, dans l’Etat espagnol ou en France, contre la destruction de l'université et de la recherche publiques!


La Commission européenne, non élue par les citoyens/nes européens, a pu renforcer son poids dans les décisions en matière d'éducation et d'enseignement supérieur malgré des compétences très limitées en la matière: dans le cadre de Bologne et de Lisbonne, elle a mis en avant la rétribution liée à la performance des professeurs d'université, les incitants fiscaux pour la coopération entre universités et entreprises, la concentration des moyens sur des pôles universitaires "compétitifs", l'augmentation des frais d'inscription et le financement au résultat des universités. Alors que les organisations étudiantes ne sont pas écoutées, les puissants lobbies patronaux (comme la Table Ronde des Industriels Européens, qui représente les grandes transnationales comme Fiat, Bayer ou Nokia) ont activement contribué à ces attaques néo-libérales contre l'enseignement supérieur public en Europe.


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