La Gauche. Succès électoral à Brême
Par Manuel Kellner le Mercredi, 30 Mai 2007 PDF Imprimer Envoyer

Lors des élections régionales du Land de Brême, le 13 mai, les partis de gouvernement ont nettement reculé. La Gauche, alliance à gauche de la gauche, réalise une percée avec 8,4 % des suffrages.

Les élections régionales du 13 mai dernier, dans le petit Land de Brême, confirment l’érosion électorale des partis de la grande coalition gouvernementale d’Angela Merkel, la CDU (chrétien-conservateur) et le SPD (social-démocrate). À Brême, cette même coalition était au gouvernement depuis 1995, le SPD étant majoritaire. Le SPD, avec 36,8 %, recule de 5,5 points, tandis que la CDU perd 4,1 points et atteint 26,7 % des suffrages. Tous les partis d’opposition sont gagnants : les Verts (16,4 %) gagnent 3,6 points, le FDP libéral (6 %) se félicite de passer le seuil des 5 % et entre au Parlement de Brême, tout comme le DVU (2,75 %), parti d’extrême droite, grâce à son score de 5,4 % à Bremerhaven (l’avant-port de Brême). Mais c’est Die Linke (La Gauche), produit avant la lettre de la fusion du Parti de gauche-Parti du socialisme démocratique (L.PDS) et de l’Alternative électorale pour l’emploi et la justice sociale (Wasg), qui réalise, avec 8,4 % des voix, un résultat presque sensationnel.

En effet, les sondages, jusqu’au jour des élections, voyaient La Gauche à environ 5 % des voix. Si, en réalité, ce nouveau parti retrouve à peu près le score de l’alliance du L.PDS et de la Wasg aux dernières élections nationales, cela n’en demeure pas moins une avancée électorale remarquable. En effet, jusqu’à présent, les résultats électoraux étaient bien meilleurs pour la gauche dans les nouveaux Länder de l’Est que dans les anciens Länder de l’Ouest. L’Ouest semble donc conquis - bien qu’il faille tenir compte des particularités d’une petite région urbaine, qui favorise les petites forces politiques.

Mais il y a aussi un facteur politique à retenir : le profil de la campagne électorale de La Gauche à Brême était clairement oppositionnel et antilibéral. Il n’était aucunement question d’une participation à un gouvernement régional mené par le SPD. On est donc bien en droit de comparer le bon résultat de Brême au résultat catastrophique des élections régionales de Berlin, où le L.PDS a payé son rôle de partenaire du SPD et sa participation à une politique d’austérité, de contre-réformes sociales et de privatisations, en perdant presque la moitié de sa base électorale.

La création formelle du nouveau parti, La Gauche, réunissant L.PDS et Wasg, aura lieu dans un mois. Il est souhaitable que les délégués du congrès de fusion prennent acte du succès électoral de Brême, en contraste avec l’échec flagrant de Berlin, dû au crétinisme opportuniste des milieux qui s’obstinent à cogouverner de concert avec le SPD (et qui militent pour que le nouveau parti fasse la même chose au niveau fédéral).

Voir ci-dessus