Pour une autre répartition des richesses : Mobilisons-nous ce samedi 15 décembre!
Par LCR le Vendredi, 14 Décembre 2007 PDF Imprimer Envoyer

Ce samedi 15 décembre aura lieu la manifestation nationale en front commun FGTB-CSC-CGSLB (départ: 10h30 Gare du Midi). Cette échéance est importante à plus d'un titre: il s'agit de la première mobilisation sociale d'ampleur depuis le début de la crise politique, au moment où la question des revenus devient cruciale avec la hausse des prix - ce qui pose concrètement la nécessité d'une autre répartition des richesses. La LCR, qui a à plusieurs reprises souligné l'importance d'une telle manifestation, appelle activement à y participer nombreux/ses. Nous publions ci-dessous le texte de notre tract qui sera diffusé ce samedi.

Contre la vie chère: augmenter les salaires!

 

Alors que la crise politique s’enlise depuis des mois, le coût de la vie explose à la suite de la hausse des loyers et de l’immobilier, des produits alimentaires et des prix de l’énergie. Les soins de santé, les transports, les banques, la poste… tout augmente! Mais les salaires sont « modérés » depuis des années ; comment joindre les deux bouts et faire face aux dépenses les plus indispensables?

 

Travailler plus… pour gagner moins!

 

L’indexation des salaires et des allocations, aussi nécessaire soit-elle, ne permet pas de répondre à la situation : L’indice des prix à la consommation utilisé est une moyenne qui ne correspond pas au budget réel de tous les ménages. De plus, l’index-santé fausse les calculs puisque le tabac, l’alcool et la plupart des carburants en sont exclus. Depuis l’instauration en 1994 de cet hypocrite «index-santé», le pouvoir d’achat a diminué de 2,08% pour les salariés et jusqu’à 3,25% pour les plus pauvres.

 

Pour augmenter le «pouvoir d’achat», certains voudraient qu’on accepte de faire des heures supplémentaires pendant la semaine, la nuit ou le week-end. Et si après une telle vie, vous arrivez à la retraite, vous la prendrez plus vieux et vous serez plus pauvres ! Non seulement les patrons jouissent de plus en plus de réductions de charges pour éreinter les travailleurs (alors qu’il y a 600.000 chômeurs !), mais 64% des heures supplémentaires prestées en Belgique ne sont pas payées, soit 1,5 milliard d’euros/an dans la poche des patrons. Bingo !

 

La solution pour élever les revenus est pourtant simple; augmenter les salaires!

 

Les patrons l’ont bien compris;

 

- Salaire moyen d’un administrateur-délégué : 830.000 euros/an.

- Salaire moyen d’un directeur des ressources humaines : 375.000 euros/an.

- Salaire moyen des patrons des entreprises du Bel20 : 1,5 million d’euros/an ; +10,9% en 2006...

 

… A comparer avec l’augmentation réelle des salaires des travailleurs en 2007 : + 0,4%, et à leur revenu annuel moyen : 17.143 euros… Il est où le «dérapage salarial» ? Pourquoi les patrons se permettent-ils ce qu’ils refusent aux salariés?

 

Les directions syndicales doivent résolument rejeter le marché de dupes de la « modération salariale ». Depuis 30 ans, cette « modération » n’a pas empêché le chômage d’augmenter. Pour quelle raison accepter que les salaires soient toujours calculés au plus juste alors que la productivité des travailleurs en Belgique est la troisième du monde et que les profits des entreprises explosent : +38% en 2006-2007?

 

Les riches plus riches, les pauvres plus pauvres: STOP!

 

Entre 1980 et 2007, le PIB (la richesse produite chaque année) est passé de 89 milliards à plus de 270 milliards d'euros, mais la part des salaires s’est réduite de 67,2% à moins de 50% de ce PIB. Les patrons ont donc réussi à transférer 17 points de PIB de la poche des salariés à celles des patrons et des actionnaires… Résultat ? 15% de la population, soit 1 personne sur 7 (surtout les femmes, les jeunes et les personnes âgées), vit avec un revenu inférieur ou équivalent au seuil de pauvreté…

 

Le chômage, la précarité, la flexibilité, l'intensification du travail, le blocage des salaires, une politique fiscale injuste ont permis aux profits d'exploser et aux plus riches de toujours s'enrichir. Pour satisfaire les besoins fondamentaux et améliorer le sort de la majorité de la population, il est temps de faire à l'envers ce que font les politiques néolibérales depuis 30 ans. Il faut une autre répartition des richesses; augmenter les salaires, les minima sociaux, stopper avec les cadeaux fiscaux aux entreprises et aux plus riches, instaurer un impôt sur les plus-values boursières et les grosses fortunes…

 

Impossible?

 

Certains experts et politiciens qui ne craignent pas les fins de mois difficiles diront que de telles mesures seraient mortelles pour la compétitivité des entreprises et accroîtraient le chômage. A cela nous répondrons que récupérer les sommes réservées aujourd’hui aux dividendes des actionnaires et à la spéculation n’a aucun effet sur la compétitivité...Par ailleurs, l’essentiel de nos échanges ont lieu au sein de l’Union européenne, les différences très importantes de niveau de rémunération entre les différents pays de l’Union n’a pas jusqu’à ce jour provoqué la mise au chômage des millions de Danois ou de Néerlandais, pourtant largement mieux rémunérés que nous!

 

L’Orange-bleue est (presque) morte, mais pas ses plans!

 

Si le scénario d’un gouvernement « Orange-bleu » semble périmé, les mesures envisagées lors de sa gestation serviront inévitablement de base pour la politique du futur gouvernement, « intérimaire » ou pas. Modération salariale, réduction des impôts des sociétés (de 25 à 20% !), réforme fiscale en faveur des plus riches, flexibilité et précarité accrues du travail (+ d’heures supplémentaires, de travail de nuit et intérimaire), attaques contre le droit de grève (service minimum), contre les chômeurs, les pensions, etc. Ce cocktail explosif se retrouvera également sur la table du nouvel exécutif, quel que soit sa composition. Il faut donc nous mobiliser, avancer des revendications offensives pour imposer des mesures d’urgence sociale!

 


Prendre l’argent là où il est!

 

Bénéfices des entreprises du Bel20 : + 38%

Patrimoine des familles qui possèdent Inbev : 15 milliards d’euros

Patrimoine de la Famille Solvay : 5 milliards d’euros

15 familles ont un patrimoine supérieur à 1 milliard d’euros

90 familles ont une richesse de plus de 100 millions d’euros

 


Ni nationalisme belgicain, ni régionalisme réactionnaire

 

Le mouvement ouvrier a une responsabilité première afin de défendre les conquêtes sociales communes aux travailleurs Flamands, Wallons et Bruxellois comme la Sécurité sociale et le droit du travail. Une régionalisation des soins de santé, par exemple, ouvrirait inévitablement la voie à leur privatisation. Les droits sociaux sont des droits fondamentaux et universels; tout comme il serait absurde de régionaliser le droit à la liberté d’expression, on ne peut régionaliser les droits sociaux. L’unité des travailleurs et la défense de leurs conquêtes sociales communes ne passe pas non plus par la défense des institutions d’un Etat bourgeois unitaire et monarchiste qui est lui aussi un instrument pour mener les mêmes politiques antisociales. Il ne revient donc pas au mouvement ouvrier à défendre ni un belgicisme rétrograde ni à appuyer les nationalismes réactionnaires; il lui revient au contraire d'avancer et d'imposer ses propres solutions à la crise, dans l'indépendance la plus absolue.

 


La LCR plaide pour:

 

1) La manifestation nationale du 15 décembre ne doit pas rester sans lendemain ; elle doit être un premier pas vers un mouvement social d’ensemble, en front commun interprofessionnel.

2) Préparer une conférence nationale des délégués/es et militant/es de la FGTB et de la CSC afin d’adopter un plan d’action et un programme de mesures d’urgence telles que:

 

  • Un salaire minimum à 1500 euros nets/mois
  • A travail égal, salaire égal - la rémunération des femmes est en moyenne 15% moindre que celle des hommes
  • La revalorisation de toutes les allocations sociales et leur liaison automatique et permanente au bien-être
  • La nationalisation intégrale du secteur de l’énergie et des investissements publics massifs dans les énergies renouvelables afin de préserver le climat dans la justice sociale
  • La taxation des profits des entreprises (à commencer par les pétrolières) afin de financer des politiques publiques de rénovation-isolation énergétique du logement, des transports publics fréquents, gratuits et étendus, etc.
  • Un impôt vraiment progressif sur les grosses fortunes
  • La réduction et le contrôle public drastique des prix du logement, de l’énergie et des aliments
  • Le rétablissement d’une véritable indexation des salaires par la suppression de l’index santé
  • Stop aux cadeaux au patronat, à la flexibilité, aux emplois précaires

 

Nos vies valent plus que leurs profits!

Voir ci-dessus