Les trotskystes de Buchenwald
Par Rodolphe Prager le Dimanche, 16 Juillet 1978 PDF Imprimer Envoyer

Aussi surprenant que cela puisse paraître, ce document bouleversant (voir ci-dessous), surgi de l'enfer de Buchenwald, témoignage d'un inflexible internationalisme et d'une inébranlable volonté révolutionnaire, est resté longtemps inconnu. La partie finale, seulement, a été reproduite en 1946 dans « Neuer Spartakus », premier organe trotskyste allemand après la guerre réalisé en Suisse. C'est après de longues recherches dans plusieurs pays européens qu'une copie du texte intégral vient d'être retrouvée. Diverses explications peuvent être données sur cet état de chose paradoxal. Il n'y a peut-être qu'un ou deux exemplaires qui ont été rapportés du camp, qui sont parvenus en Autriche et en Suisse.

La déclaration a été préparée par deux militants autrichiens, Ernst Federn et Karl Fischer ainsi que par Florent Galloy et Marcel Beaufrère membres des sections belge et française de la IVe Internationale qui formaient au camp une cellule trotskyste internationale. Dans sa formulation politique, elle est le résultat d'un certain compromis entre Fischer et Beaufrère notamment, qui défendaient des opinions très différentes sur le caractère du régime en URSS, par exemple, Karl Fischer était le seul du groupe à maîtriser les deux langues et a sans doute pris une part prépondérante dans le travail de rédaction.

La libération du camp survenue le 11 avril 1945 grâce à l'organisation militaire des concentrationnaires avant même l'arrivée des premiers contingents américains deux jours plus tard, avait d'abord soulevé un immense enthousiasme dans le camp, comme on peut le penser. Mais les prisonniers politiques allemands se sont vite rendu compte de la tournure des événements et ont sombré dans le désespoir. L'armée américaine a expédié d'urgence des chars en renfort et fait désarmer immédiatement les milices fortement armées formées par les détenus. Les réunions politiques étaient interdites. Il n'y avait aucun empressement à rapatrier d'urgence les détenus qui, privés de ravitaillement sur la fin, mourraient en grand nombre.

Les sociaux-démocrates, les premiers, publièrent une déclaration reconnaissant devant le monde entier la responsabilité collective de tout le peuple allemand dans les crimes commis par le régime hitlérien. « De vieux communistes allemands sont venus trouver nos camarades trotskystes, témoigne Beaufrère à son retour à Paris, et leur ont dit : l'heure est venue, vous devez vous manifester publiquement et ils ont demandé une discussion politique préalable. Un texte de nos camarades allemands qui se prononçait pour une république allemande des soviets a eu un profond retentissement chez les camarades communistes allemands qui demandèrent à garder le contact avec les trotskystes » (la Vérité, 11 mai 1945). Voilà ce qui nous éclaire un peu sur la genèse du texte.

Un numéro de l'Humanité de Buchenwald, daté du 22 avril, sera bientôt diffusé, d'une tonalité ultra-patriote, certes, comme il se doit : « Le PCF est seul capable de relever la France et de réaliser l'unité des Français. C'est parce que j'aime mon pays que j'adhère au PCF... » Toutefois, au contact des militants allemands, « l'Huma’ » n'accepte pas de confondre l'Allemagne antifasciste avec celle de Hitler et se refuse à permettre la mise en place des conditions draconiennes d'un nouveau traité de Versailles. Il faut dire que le chauvinisme à outrance des membres du PCF avait vivement indisposé les communistes allemands qui étaient plus sensibles, parfois, au langage des trotskystes et cela a eu pour effet de créer des relations tendues.

Le rejet des imputations tendant à renvoyer sur le peuple allemand une co-responsabilité dans les atrocités nazies dont le mouvement ouvrier allemand, a été la première victime, servant de paravent au démantèlement de l'Allemagne, est un des soucis majeurs de la « Déclaration » tout entière axée sur la révolution allemande. Toutes les espérances en la révolution européenne et mondiale qu'avaient les trotskystes en cette période se fondaient sur le rôle moteur qui était dévolu au prolétariat allemand.

Les Alliés, l'URSS incluse, firent tout pour parer à ce danger. Le chauvinisme délirant des grandes organisations ouvrières contribua, de son côté, à ne laisser entrevoir aucune perspective de rechange aux travailleurs allemands sous l'uniforme et à les souder jusqu'au bout à l'état-major de la Wehrmacht. Il n'en reste pas moins que le prolétariat allemand avait été profondément défait, usé et démoralisé par les horreurs subies pendant les longues années du règne nazi et de la guerre. Le grand sursaut attendu, qu'escomptaient également les cadres communistes allemands dans les camps, ne pouvait se produire dans ces conditions. Les perspectives de la révolution européenne s'en ressentirent grandement.

Il faut retenir, enfin, la reprise dans le texte des principaux thèmes du programme de transition. La lucidité et la fermeté politiques de ces militants réduits à l'état de squelette, menacés encore de succomber à chaque instant est digne du plus grand respect. Reste à mieux connaître ces camarades et leur itinéraire militant; à évoquer aussi les pauvres trotskystes de Buchenwald dont les « quatre » furent en quelque sorte les porte-paroles bien que leurs camarades fussent isolés les uns des autres.

Il n'est pas inutile d'apprendre que Ernst Federn était déjà interné depuis mai 1938 à Dachau d'abord, à Buchenwald ensuite. Quand Beaufrère fera sa connaissance en 1944, il aura l'impression de se trouver en présence d'un vieillard alors qu'ils avaient tous deux 30 ans. Le régime des camps était bien plus féroce au début, avant l'arrivée de la grande masse des déportés étrangers. Federn eut à subir, en outre, la persécution des cadres staliniens autrichiens et allemands responsables de la mort d'un bon nombre de ses compagnons oppositionnels. C'est miracle qu'il en ait réchappé.

Beaufrère, arrêté et inscrit au camp sous le nom de Ferdinand Lestin, se lia dans son « block » avec un militant du SAP allemand (le parti socialiste de gauche) qui lui relata un jour ses missions à Paris où il rencontra aussi Pierre Naville. Beaufrère déclina seulement alors sa qualité de trotskyste - prudence oblige - et l'ami du SAP lui proposa aussitôt de le mettre en contact avec un trotskyste autrichien. C'est ainsi que Beaufrère fit la connaissance de Federn.

Quant à Karl Fischer, il se trouvait déjà en même temps que Federn en prison à Vienne, en novembre 1935. Federn bénéficia d'un non-lieu et fut relâché, tandis que Fischer comparut avec d'autres camarades en août 1937 devant un tribunal en tant que responsable des communistes révolutionnaires et éditeur du journal « Der Bolchewik », bref comme un dangereux agitateur trotskyste. Les inculpés revendiquèrent hautement leur action trotskyste, ce qui leur valut une condamnation à 5 ans de réclusion. Amnistiés à la veille de l'annexion de l'Autriche par Hitler, en février 1938, ils émigrent en Belgique puis en France.

Karl Fischer assiste à la conférence de fondation de la IVe Internationale de septembre 1938, mais son groupe de communistes révolutionnaires défend des positions ultra-gauchistes et mènera, sous l'occupation une activité soutenue, très courageuse, à l'écart du mouvement trotskyste. Arrêté en juin 1944, Karl Fischer retrouve Federn à Buchenwald au bout de six ans.

Militant du PSR, section belge de la IVe Internationale, ouvrier mineur de la région de Charleroi, Florent Galloy avait combattu en Espagne. Il prend une grande part à l'activité clandestine de l'organisation trotskyste dont Charleroi était le principal point d'appui et qui édita en plus de son organe la Voie de Lénine, une feuille imprimée, le Réveil des mineurs, «organe de la Fédération de lutte des mineurs de Charleroi». Le mouvement illégal des délégués mineurs mis en place par nos camarades s'étendit en 1944 à une quinzaine de puits.

L'organisation décide, en prévision des grandes luttes consécutives au débarquement des Alliés sur le continent, que son principal dirigeant Abraham Léon s'établisse entièrement à Charleroi. Il s'installe en juin 44 dans une maison occupée par Galloy et s'y fait prendre dès le premier soir par une patrouille de la Feldgendarmerie qui fait fortuitement irruption dans la maison parce que les lumières sont mal occultées. Galloy et d'autres camarades parviennent à s'éclipser par une seconde porte, mais, recherché activement, il se fera arrêter à son tour le 16 juillet et arrive à Buchenwald le 9 août. Un jeune camarade du groupe trotskyste de Brest fait sa connaissance dans le baraquement belge et le présente à Beaufrère. L'être admirable, le dirigeant prometteur que fut A. Léon acheva sa vie dans les fours crématoires d'Auschwitz.

De son côté, Marcel Beaufrère se trouvait à Buchenwald depuis le 21 janvier 1944 avec une dizaine de jeunes militants de Brest arrêtés les 6-7 octobre 1943 sur dénonciation pour avoir entrepris un travail de désagrégation dans l'armée allemande et constitué une cellule de soldats de la Wehrmacht qui diffusait tracts et journaux en langue allemande. Dirigeant des Jeunesses socialistes révolutionnaires affiliées à la IVe Internationale, Beaufrère avait déjà été emprisonné d'août 1939 à juin 1940. Il œuvre dès sa libération à la reconstruction de l'organisation clandestine aux côtés de Marcel Hic, doit se réfugier à Bordeaux en 1942 pour échapper aux poursuites de la Gestapo et est chargé en septembre 1943 de prendre la direction de la région bretonne et, particulièrement, du « travail allemand » qui était animé à Brest par Robert Cruau.

Une vingtaine de personnes tombent dans les filets de la Gestapo en octobre, un nombre équivalent de soldats allemands sont arrêtés et probablement fusillés. Parallèlement, une partie de la direction nationale est prise à Paris : Marcel Hic, David Rousset, Philippe Fournie, Roland et Yvonne Filliatre. Les camarades seront longtemps torturés à Rennes et à la rue des Saussaies à Paris. Robert Cruau simula une évasion pour se faire abattre, peu après son arrestation. Il voulait être certain de ne pas parler et était le plus chargé. Une partie des «Bretons » fut bientôt affectée à Dora, les autres restèrent avec Beaufrère.

Filliatre et Hic ne cachant pas leur appartenance à la IVe Internationale, se retrouvèrent également à Dora avec l'assentiment des cadres du PCA qui remplissaient les fonctions administratives dans le camp. Marcel Hic, Georges Berthomé qui secondait Cruau, et Yves Bodenès, ouvrier de l'arsenal de Brest, l'un des responsables régionaux, succombèrent. La solidarité, le soutien mutuel entre détenus trotskystes permirent à d'autres de survivre.

Aux derniers jours de Buchenwald la cellule trotskyste fit échouer un rassemblement des juifs ordonné par les SS qui aurait abouti, à coup sûr, à un vaste massacre et donna la consigne que les « politiques » remettent leurs triangles rouges aux juifs qui doivent se débarrasser de leurs étoiles jaunes pour échapper aux SS. Federn qui ne pouvait pas courir le risque de retourner à Vienne sous l'occupation soviétique put se faire évacuer en Belgique avec l'aide de Galloy.

Fischer avait les mêmes craintes, mais Beaufrère insistait sur son retour en Autriche afin de rétablir le contact interrompu depuis des années avec les organisations trotskystes. Ce retour devait être fatal à Karl Fischer qui fut enlevé le 22 janvier 1947 près de Linz avec la complicité de staliniens autrichiens avant d'être remis aux troupes d'occupation russes. Transporté en URSS il est condamné à 15 ans de travaux forcés en Sibérie pour menées antisoviétiques. Il resta huit ans à Kolyma et à Irkoutsk. Le gouvernement autrichien obtint enfin sa libération en juin 1955. Il vint rendre visite à plusieurs reprises à ses camarades en France, et notamment à Beaufrère. Mort précocement à l'âge de 45 ans, en 1963, il avait passé dix ans en détention.

Nous saluons la mémoire du principal rédacteur de la « Déclaration » et des trotskystes tombés à Buchenwald qui durent, trop souvent, faire face à la barbarie de l'univers SS et en même temps se garder des traquenards staliniens. La mort les guettait des deux côtés.

Critique Communiste, n°25, novembre 1978

 


Déclaration des communistes internationalistes de Buchenwald

1. La situation internationale du capitalisme

Avec l'issue de la Deuxième Guerre mondiale, l'Italie, l'Allemagne et le Japon perdent leur position en tant que grandes puissances impérialistes, alors que la France est gravement ébranlée.

Les contradictions et les conflits impérialistes entre les USA et la GrandeBretagne dominent les zones de tempête de la politique impérialiste mondiale. Dès le début de cette guerre mondiale, la Russie est sortie de son isolement et se trouve actuellement devant le problème de réaliser politiquement et militairement ses succès militaires contre les aspirations des puissances impérialistes victorieuses. La Chine, malgré ses grands efforts, reste l'objet des grandes puissances impérialistes, c'est une conséquence nécessaire de la victoire de la bourgeoisie chinoise sur le prolétariat chinois.

L'unanimité affirmée démonstrativement aux conférences impérialistes internationales de paix doit cacher aux masses les contradictions immanentes des puissances capitalistes. Les intérêts militaires concordants contre l'Allemagne ne peuvent cependant empêcher l'éclatement des contradictions dans le camp allié. A ces contradictions s'ajoutent les crises inévitables et les bouleversements sociaux du mode de production capitaliste en déclin. Une analyse exacte de la situation internationale en appliquant les méthodes du marxismeléninisme est la condition indispensable pour une politique révolutionnaire couronnée de succès.

2. La situation internationale de la classe ouvrière

Cette évolution donne au prolétariat allemand la possibilité de se lever à brève échéance de sa défaite la plus profonde et de se mettre à nouveau à la tête du prolétariat européen dans la lutte pour abattre le capitalisme. La révolution russe, isolée par l'échec de la révolution en Europe, a pris une évolution qui l'a éloignée de plus en plus des intérêts du prolétariat européen et international. La politique du « socialisme dans un seul pays » représentait d'abord les seuls intérêts de la clique bureaucratique dominante et conduit actuellement l'Etat russe à une politique de nationalisme côte à côte avec les puissances impérialistes. Quelle que soit l'évolution en Russie, le prolétariat international doit se libérer de toute illusion concernant cet Etat et arriver par une analyse marxiste claire au constat que la caste de bureaucrates et de militaires actuellement au pouvoir défend exclusivement ses propres intérêts et que la révolution internationale doit renoncer à tout soutien de la part de ce gouvernement.

La complète débâcle militaire, politique et économique de la bourgeoisie allemande ouvre pour le prolétariat allemand la voie de sa libération. Pour empêcher la renaissance de la bourgeoisie allemande favorisée par les contradictions impérialistes, la classe ouvrière doit mener sa lutte révolutionnaire dans chaque pays contre sa propre bourgeoisie. La classe ouvrière a été privée de sa direction révolutionnaire par la politique des deux organisations ouvrières internationales qui avaient combattu activement et saboté la révolution prolétarienne; elles seules auraient pu empêcher cette guerre. La IIe Internationale est un instrument de la bourgeoisie. La III° Internationale est devenue, depuis la mort de Lénine, une agence de la politique étrangère de la bureaucratie russe. Toutes les deux ont participé activement à la préparation et à la conduite de cette guerre impérialiste pour laquelle elles sont coresponsables. Ceux qui rendent responsable ou coresponsable de cette guerre la classe ouvrière continuent simplement à servir la bourgeoisie.

Le prolétariat ne peut réaliser sa tâche historique que sous la direction d'un nouveau parti mondial révolutionnaire. La construction de ce parti est la tâche immédiate de tous les éléments les plus avancés de la classe ouvrière. Dans la lutte contre le capitalisme et ses agents réformistes et staliniens, des cadres révolutionnaires internationaux se sont déjà rassemblés pour la construction de ce parti mondial. Pour réaliser cette tâche difficile, un détour en direction du mot d'ordre conciliateur pour une nouvelle Internationale 2 ½ n'est pas possible. Une telle formation intermédiaire empêche la clarification idéologique nécessaire et freine l'efficacité révolutionnaire.

3. Plus jamais de 9 novembre 1918 !

Dans la période pré-révolutionnaire imminente, il s'agit de mobiliser, les masses travailleuses dans la lutte contre la bourgeoisie et de préparer la construction d'une nouvelle Internationale révolutionnaire qui réalisera l'union de la classe ouvrière dans l'action révolutionnaire.

Toutes les théories et illusions concernant un « Etat populaire », « Démocratie populaire », ont conduit la classe ouvrière au cours des luttes de classes sous la société capitaliste dans les défaites les plus sanglantes. Seule la lutte intransigeante contre l'Etat capitaliste jusqu'à sa destruction et l'instauration de l'Etat des conseils ouvriers et paysans peuvent empêcher d'autres défaites. La bourgeoisie et la petite bourgeoisie déracinée ont porté le fascisme au pouvoir. Le fascisme est une création du capitalisme. Seule l'action indépendante et victorieuse de la classe ouvrière contre le capitalisme peut anéantir le mal du fascisme avec ses racines. Dans cette lutte, la petite bourgeoisie hésitante suivra le prolétariat révolutionnaire dans sa poussée, comme l'histoire des grandes révolutions nous l'a appris.

Pour rester victorieuse dans les luttes de classes à venir, la classe ouvrière allemande doit se battre pour la réalisation des revendications suivantes :

* Liberté d'organisation, de réunion et de presse ! Liberté d'association et rétablissement immédiat de toutes les conquêtes sociales d'avant 1933 !

* Suppression complète de toutes les organisations fascistes ! Saisie de leurs fortunes en faveur des victimes du fascisme ! Tous les représentants de l'Etat fasciste doivent être jugés par des tribunaux populaires librement élus !

* Dissolution de la Wehrmacht et son remplacement par des milices ouvrières !

* Elections immédiates et libres de conseils ouvriers et paysans dans toute l'Allemagne et convocation d'un congrès général des conseils !

* Tout en utilisant toutes les institutions parlementaires de la bourgeoisie pour la propagande révolutionnaire, il faut maintenir et élargir les conseils !

* Expropriation des banques, de l'industrie lourde et des propriétaires fonciers ! Contrôle de la production par les syndicats et les conseils ouvriers !

* Pas un homme, pas un pfennig pour les dettes de guerre et de réparations de la bourgeoisie ! La bourgeoisie doit payer !

* Pour la révolution socialiste dans toute l'Allemagne, contre le démembrement de l'Allemagne !

* Fraternisation révolutionnaire avec les prolétaires des armées d'occupation ! Pour une Allemagne des conseils dans une Europe des conseils ! Pour la révolution prolétarienne mondiale !

Les communistes internationalistes de Buchenwald (IV° Internationale), le 20 avril 1945

Pour mémoire : Karl FISCHER, Marcel BAUFRERE, Ernst FEDERN, Florent GALLOY.

Voir ci-dessus