Le quinzième Congrès du POS clôture une période difficile
Par David Dessers le Mercredi, 21 Juin 2006 PDF Imprimer Envoyer

La première partie de notre quinzième Congrès a eu lieu à Malines les 22 et 23 avril derniers. Une cinquantaine de représentants des différentes sections a débattu trois résolutions durant tout un week-end. Le congrès précédent avait encore été assombri par une crise financière interne profonde et des débats politiques difficiles. Ce quinzième congrès s'est déroulé dans une atmosphère beaucoup plus positive et empreinte de camaraderie. C'est le congrès de la reprise modeste et continue, d'une unité retrouvée et d'une confiance en soi croissante. Les trois résolutions ont été adoptées à une large majorité.

Le quinzième Congrès se déroule en deux parties. Durant un premier week-end, trois résolutions ont été débattues: sur la situation politique en Belgique et en Europe, sur le mouvement syndical, et sur l'écologisation du marxisme. La deuxième partie du Congrès aura lieu en septembre et se penchera sur l'adaptation de nos statuts, ainsi que sur un éventuel changement de nom de l'organisation. Nous avons choisi de garder ces deux débats séparément et de les achever dans un ordre de succession logique. C'est seulement à la fin de la deuxième partie qu'une nouvelle direction sera aussi élue.

Fidèles à la tradition, nous avons démarré vendredi soir avec un exposé détaillé de la direction actuelle sur "l'état de l'organisation": nombre de militants, nombres de membres de soutien, nombre d'abonnés aux journaux, etc. Tous les membres avaient accès aux comptes et chacun a pu entendre un rapport financier détaillé. Ensuite, nous avons traité des activités et campagnes réalisées: les écoles d'hiver, le colloque Ernest Mandel, la campagne "Une autre politique est possible", ainsi que la vente du livre de campagne qui s'y rapporte.

Ecologisation du marxisme

Samedi matin, le congrès s'est penché sur une résolution remarquable, "Thèses sur l'écologisation du marxisme révolutionnaire". Les premières phrases résonnent comme suit: "La 'crise écologique' n'est pas une crise des écosystèmes en tant que tels et n'est pas davantage une conséquence inévitable de la nature humaine. Il s'agit, au contraire, d'une crise historiquement déterminée du lien social entre l'humanité d'un côté et de la nature telle que celle-ci a été formée et transformée à travers les différents modes de production (et depuis deux cents ans, plus déterminé par le capitalisme) d'autre part". La résolution argumente la nécessité d'écologiser notre pensée: "La volonté d''écologiser' le marxisme ne repose pas sur quelque but distinct, mais a à voir avec la constatation que la critique marxiste de l'économie capitaliste est encore toujours un moyen inégalé pour faire comprendre clairement que la crise dans la relation entre l'humanité et la nature est enracinée dans les relations sociales entre les gens, c.à.d. les moyens de production. Aux yeux de l'écrasante majorité des gens qui sont confrontés à la dégradation du milieu, la désastreuse balance écologique des états bureaucratiques déformés ou dénaturés appelle une réaction de rejet. Le marxisme révolutionnaire, antistalinien et a-dogmatique qui veut contribuer à la conception d'un nouveau projet socialiste révolutionnaire, ne pourra se charger de cette responsabilité que dans la mesure où il s''écologise' lui-même sur le plan théorique, programmatique et pratique".

Le texte donne une série d'amorces théoriques dans ce sens et aborde aussi leurs suites pour le programme de l'organisation. Plutôt que de partir d'un point de vue achevé, le but de la résolution est d'entamer à l'intérieur du POS une large discussion qui doit amener à l'écologisation de notre pratique et de notre programme. Le congrès a décidé la constitution d'un groupe de travail spécifique pour cela.

La crise du syndicalisme comme moteur du changement

Samedi après-midi a démarré avec une introduction sur la situation du syndicalisme en Belgique. La résolution qui s'y rapporte est un document volumineux qui offre non seulement un aperçu historique du syndicalisme dans notre pays, mais aussi une analyse de la crise actuelle dans laquelle il s'est enlisé. "Quoique le nombre de syndiqués et le poids du syndicalisme dans la société restent élevés, un fossé toujours plus grand apparaît entre la puissance de ce mouvement syndical, dont nous pouvons voir la force dans des mouvements de luttes sociales périodiques, et son impuissance à combattre la politique d'austérité néolibérale, le chômage massif, l'inégalité sociale croissante, le recul des conditions de travail, son impuissance donc à affronter les défis de notre temps. Du fait qu'il ne semble pas en état d'empêcher le recul social et n'est plus, comme dans le passé, un moteur dynamique de progrès social, le mouvement syndical perd en légitimité et n'apparaît plus comme une alternative de société, un contre-pouvoir. Il n'est plus l'incarnation de la demande d'une répartition démocratique des richesses sociales en fonction des besoins prioritaires et perd du terrain dans la société".

La résolution approfondit ensuite une série de causes objectives et subjectives de cette crise. Les débats internes dans les mouvements syndicaux entrent fortement en compte. De l'ancien renardisme, sur la contradiction entre autogestion et cogestion, jusqu'aux discussions actuelles entre un syndicalisme de combat, un syndicalisme oppositionnel réformiste et un courant de ceux qui se présentent comme partisans de la "modernisation", mais en réalité "sacrifient une part de l'autonomie syndicale pour formater les syndicats en instruments passifs qui doivent servir à enchaîner les travailleurs dans la réalisation des buts socio-économiques de la bourgeoisie". Pour finir, le texte contient un bilan de la lutte contre le pacte des générations et une orientation pour le travail syndical des militant/es du POS pour la période à venir.

Débloquer la gauche

Samedi soir et dimanche, on a débattu "la résolution politique", un texte plus court qui dresse une analyse de la crise de la représentation politique de la classe des travailleurs en Belgique. Avec, d'un côté, une gauche parlementaire qui participe, maintenant depuis 18 ans d'affilée, à des gouvernements successifs et montre ainsi clairement ne pas vouloir rompre avec les points de départ libéraux. Le résultat en est que le mouvement des travailleurs, mais aussi tout un tas d'autres mouvements sociaux, se heurte de plus en plus à un mur, le mur de la puissance, et ne trouve pas de traduction politique de ses exigences. Ceci a été prouvé une fois de plus de manière manifeste par la lutte contre le pacte des générations. Des centaines de milliers de travailleurs prennent part à la résistance contre ce pacte et pas une seule fraction politique parlementaire ne se lève comme défenseur de ces personnes. A part peut-être le Vlaams Belang, qui d'une manière mensongère et trompeuse, essaie de canaliser le mécontentement dans la classe ouvrière. Durant ces 18 ans de participation gouvernementale de la social-démocratie, ce VB a continué à grandir. Un tas d'électeurs socialistes traditionnels a été embrigadé par le VB et il n'y a aujourd'hui pas une seule force de gauche en état de ramener ces gens à l'écurie de gauche.

Ceci fait que la situation est complètement bloquée du côté gauche. La seule manière de débloquer cette situation passe par la construction d'une nouvelle force de gauche large, à la gauche des verts et des sociaux-démocrates.

En outre, la résolution contient aussi une résolution en vue des nouvelles initiatives pour une autre politique et une autre gauche en Flandre et en Wallonie. Le Congrès a décidé que le POS continuera à s'investir dans ces initiatives et a aussi approuvé une série de points de départ qui doivent servir de fil conducteur pour notre travail à l'intérieur de ces initiatives (aussi bien pour le contenu, la structure, la relation Flandre-Wallonie que la position de partis de gauche radicale à l'intérieur). Sur base de cette résolution, nous avons établi un texte officiel qu'on pourra retrouver dans La Gauche.

Reconstruction de la commission femmes

Du temps a été conscré samedi soir à la relance de la commission femmes du POS. Les jeunes femmes qui en seront les chevilles ouvrières ont confronté les congressistes avec des questions sur la situation des femmes en Belgique, dans le monde... et aussi au POS. A titre indicatif -puisque la relance de cette comission a été décidée par les militantes femmes elles-mêmes- le Congrès a voté unanimement pour la reconstruction de la commission femmes. Cette commission se réunira plusieurs fois par an, produira des articles, brochures et tracts et mettra une série d'activités sur pied, activités mixtes ou non mixtes. L’objectif est de renforcer et d’approfondir les positions féministes du POS et de reposer ces questions pour l’ensemble des militant/es de l’organisation.

Les jeunes présents ont aussi profité de l'occasion pour discuter de l'activité des jeunes du POS et de la campagne autour du camp d'été de la IVe Internationale qui se déroulera cette année en Italie, en Toscane, du 29 juillet au 5 août.

La première partie du quinzième congrès s'est clôturée par une vibrante Internationale. Un petit mot de conclusion a souligné une fois de plus la différence avec le déroulement du Congrès précédent. Après le Congrès précédent, il y avait eu presque immédiatement une série de décisions difficiles: la démission des permanents, plus tard l'arrêt momentané des publications, etc. Tout était sous le signe de la survie financière de notre organisation. Durant les deux dernières années, nous avons fait de nouveau d'importants pas en avant: Rood et La Gauche ont reparu sous une forme complètement renouvelée, nous avons organisé avec succès deux écoles d'hiver, nous avons lancé une campagne politique, avec un journal de campagne, un livre et un tas d'activités, le colloque Ernest Mandel a dépassé nos attentes. L'organisation revit et grandit aussi en nombre de membres.

Nous avançons sur le chemin que nous avons pris: Avanti !

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