En Italie la droite s’écroule, mais la crise de la gauche institutionnelle continue
Par Antonio Moscato le Mercredi, 26 Juin 2013 PDF Imprimer Envoyer

Les 9 et 10 juin derniers, lors du 2e tour dans 16 des 21 chefs-lieux de province, la droite a perdu partout. Mais les dirigeants du Parti démocrate (PD) ne devraient pas s’en réjouir trop vite.

Presque partout, le centre-gauche, tout en augmentant son résultat en termes relatifs, a perdu des voix du fait des abstentions et des votes blancs ou nuls dont la proportion a dépassé en moyenne la barre des 50%. La seule exception est celle de la capitale. A Rome, Gianni Alemanno, syndic sortant, fidèle de Berlusconi ayant très activement puisé dans la rhétorique de son passé néo-fasciste et militariste, a été battu par un outsider: le chirurgien Ignazio Marino. Ce dernier est catholique mais favorable aux droits des homosexuels, inscrit au Parti Démocrate (PD) mais partisan de la collaboration avec des formations plus à gauche, et qui a maintenu de bons rapports avec le Mouvement 5 étoiles (M5S) de Beppe Grillo. Certaines de ses déclarations sont clairement apparues comme polémiques vis-à-vis de la politique des «larges ententes» pratiquée par le PD, ce qui lui a permis de récolter les voix de nombreux électeurs des listes mineures.

Dans de nombreuses villes tenues jusqu’alors par la droite, les candidats de la gauche qui se sont imposés sont des membres du PD ayant pris leurs distances par rapport à la ligne politique adoptée par la direction de leur parti, ayant adopté des symboles différents, ou s’étant présentés avec des listes civiques. Par contre, là où, comme à Sienne – vieille forteresse du Parti communiste italien (PCI), où à lui seul il pouvait dépasser 70% des suffrages –, le PD s’est présenté avec son symbole, il n’a récolté que le minimum. Dans ce cas, il s’est imposé face à un adversaire méconnu, mais qui a pu profiter du scandale qui a emporté la troisième banque d’Italie, Monte dei Paschi di Sienna, depuis toujours très impliquée avec les élites politiques de la région.

La droite largement désavouée, le M5S en recul

Le résultat de ces élections ne représente donc pas une victoire de la collaboration entre le PD et Berlusconi voulue par le président Giorgio Napolitano et le premier ministre Enrico Letta. Cela s’explique par l’effondrement du centre-droit, frappé plus durement que les autres par l’abstentionnisme. D’une part, l’attitude de Berlusconi, très discret pendant cette campagne – espérant ainsi peut-être obtenir une intervention politique contre une magistrature qui le poursuit pour de nombreux délits –, a laissé de nombreux électeurs de droite peu convaincus par la relève politique, favorisant ainsi leur abstention. D’autre part, la vieille base sociale de la droite, constituée par des petits et moyens entrepreneurs, a été déçue par l’abandon, dans le cadre de l’accord avec le PD, d’une promesse électorale centrale à leurs yeux: celle de la réduction drastique de la pression fiscale.

Dans le même temps a également eu lieu le premier tour des élections dans quelques villes siciliennes. Il a confirmé les tendances enregistrées dans les chefs-lieux: un abstentionnisme très fort, mais également un recul significatif du Mouvement 5 étoiles. Le M5S a pourtant réalisé dans plusieurs villes des résultats supérieurs à ceux que la gauche avait pu obtenir par le passé, en plaçant quelques syndics, parmi lesquels celui de Pomezia, une ville ouvrière de 60 000 habitants proche de la capitale.

Antonio Moscato

http://antoniomoscato.altervista.org

Antonio Moscato, historien et militant marxiste révolutionnaire, vit à Lecce où il a été titulaire de la chaire d’histoire du mouvement ouvrier. Il propose ses Eclairages un numéro sur deux.

Source : L’Anticapitaliste -  94e  du 20 juin 2013

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