Succès pour la journée nationale d'action contre l'AIP. Et maintenant? Reportages-photos
Par LCR-Web, Guy Van Sinoy, Jean Peltier le Lundi, 07 Mars 2011 PDF Imprimer Envoyer

Même si la mobilisation a été inégale d'une région ou d'un secteur à l'autre, la journée nationale d'action contre l'AIP menée par la FGTB et la CGSLB a été, globalement, un succès qui traduit la montée du ras-le-bol et de la colère sociale parmi les travailleurs/euses. La grève a été particulièrement bien suivie en Wallonie et en règle générale dans l'industrie, les transports et la grande distribution. De nombreux piquets, barrages filtrants et blocages de gares ont émaillé la journée. Une réussite qui démontre également la disponibilité des travailleurs/euses à se mobiliser, lorsque les directions syndicales se donnent la peine d'organiser la lutte.

En effet, depuis des mois, les sommets syndicaux justifiaient leur passivité en arguant du « contexte difficile ». Mais les rapports de force, cela se modifie. Surtout lorsque l'on compte 2 millions d'affiliés syndicaux organisés au niveau national. Là réside le potentiel capable de modifier en profondeur le « contexte difficile ».

La journée nationale d'action du 4 mars illustre parfaitement ce potentiel, même s'il fut fortement limité par les divisions syndicales entre la CSC, restée l'arme aux pieds, et au sein même de la la FGTB, avec l'attitude passive de la CGSP… Au vu de la réussite de la mobilisation du 4 mars, on peut facilement imaginer la puissance et l'impact d'un véritable arrêt de travail généralisé mené en front commun par toutes les organisations syndicales!

La question cruciale est donc la suivante: et maintenant? Car ce beau succès, dont les travailleurs/euses et les militants syndicaux peuvent être fiers, laisse en même temps un goût de trop peu. Il ne sera pas suffisant: Leterme ne pliera pas face à cette mobilisation réussie dont il sait qu'elle reste sans lendemain, sans perspective.

L'urgence est donc à construire la solidarité et l'unité de classe et syndicale à la base, pour imposer aux sommets syndicaux un véritable plan de lutte, en front commun et interprofessionnel, qui aille jusqu'au bout, jusqu'à la grève générale reconductible si nécessaire, seul instrument capable de jeter à la poubelle leur imbuvable AIP, en faisant plier à la fois le gouvernement et le patronat. (LCR-Web)

L’action syndicale du 4 mars à Bruxelles

La journée du 4 mars 2011 a été marquée par une concentration de 1.500 militants, pour l’essentiel des délégué-es, de la FGTB et de la CGSLB à 11 heures, devant la Banque nationale. Les dirigeants syndicaux qui ont pris la parole ont rappelé pourquoi ils rejetaient l’Accord interprofessionnel et la médiation qui en a été faite par le gouvernement Leterme. Le responsable régional de la FGTB a particulièrement dénoncé la marge ridicule de 0,3% pour des augmentations de salaire, le fait que les maigres améliorations du préavis des ouvriers soient à charge de la collectivité, l’absence d’harmonisation vers le haut des statuts ouvrier et employé et les menaces sur l’index proférées par Angela Merkel. Il a aussi appelé la Banque nationale à exercer un contrôle sur les hausses de prix des produits énergétiques. Le syndical libéral a quant à lui rappelé qu’il défendait la possibilité de négocier librement les salaires dans les secteurs et les entreprises.

Quelle sera la suite? Là, c’est moins clair. Yves Leterme, qui a brièvement rencontré les représentants fédéraux de la FGTB et de la CGSLB, a indiqué que le gouvernement ne modifiera pas sa position. Anne Demelenne, a quant à elle, indiqué que le débat parlementaire sur l’AIP permettrait peut-être d’améliorer quelque peu l’accord. On se demande bien avec quel parti ! Bref, la mobilisation contre l’accord interprofessionnel, malgré la réussite de la journée du 4 mars, semble menée par les directions syndicales dans un cul de sac.

Il faut dire qu’à Bruxelles, contrairement à beaucoup de régionales en Wallonie, la FGTB n’avait pas lancé un mot d’ordre de grève générale pour la journée du 4 mars et s’était limitée à une concentration de militants à 11 heures. De surcroît, la CGSP n’avait pas lancé de mot d’ordre de grève au niveau national. Il s’agit là d’une trahison pure et simple! Les trains amenant les centaines de milliers de navetteurs vers la capitale circulaient donc normalement (c’est-à-dire avec le retard habituel !).

A la STIB, de nombreux conducteurs affiliés à la CGSP et à la CGSLB ont toutefois fait grève et la direction a concentré ceux qui travaillaient sur quelques lignes (le métro, 4 lignes de tram et 13 lignes de bus qui ont fonctionné avec des fréquences allant de 25 à 70%). Chez Audi Forest, la grève était totale. Le SETCa avait, quant à lui, organisé un barrage filtrant à Delta (sortie d’autoroute venant de Namur) avec la participation de plusieurs dizaines de militants. Des étudiants, notamment ceux des Jeunes anticapitalistes (JAC), ont participé au barrage filtrant. Dans les secteurs des services publics où il n’y avait pas de mot d’ordre de grève, des militants syndicaux ont participé à la concentration, notamment dans les secteurs ALR, AMIO, Gazelco, Enseignement et SNCB. Les militants SETCa du secteur Industrie, qui réclament depuis des mois la réintégration de leurs 5 secrétaires permanents arbitrairement licenciés par l’appareil du SETCa fédéral, étaient là avec un calicot.

Bref, dans l’ensemble, la mobilisation de la FGTB à Bruxelles ressemblait plutôt à une demi-mobilisation. Et il est clair qu’on ne peut pas gagner la bataille avec des demi-mesures.

Guy Van Sinoy, délégué CGSP AMIO

Photos de la journée du 4 mars à Bruxelles





Liège: une grève fortement suivie

Liège est, avec le Centre, la région où la grève a été la mieux suivie. La régionale FGTB de Liège avait placé haut la barre en appelant officiellement à une journée de grève générale vendredi. Cette décision est le reflet du poids de la FGTB dans les grandes entreprises de la région et de la combativité traditionnelle des travailleurs liégeois-e-s – mais aussi du mécontentement palpable dans la base de la CSC, et surtout de la CNE, face à l’AIP. Là où la FGTB domine, les militants et les affiliés de la CSC n’ont nulle part fait de l’excès de zèle pour aller travailler et affaiblir la grève. Mais, là où la CSC est dominante, il n’y a pas eu non plus de « débordement » gréviste de la base CSC face aux consignes de son appareil. Quant à la CGSP, seul le sous-secteur des TEC avait appelé à participer activement à la grève générale.

Sans que Liège soit devenue une « ville morte » vendredi, l’activité économique a donc tourné au – très - ralenti. Dans le secteur industriel, non seulement les bastions (ArcelorMittal, FN, Techspace Aero, CMI, TNT, INBEV…) étaient à l’arrêt, mais de très nombreuses entreprises ont dû fermer leurs grilles. Des piquets de grève renforcés ont très efficacement bloqué les entrées des principaux zonings de la région (Hauts-Sarts, Alleur, Grâce-Hollogne, Sart-Tilman,….), transformant ceux-ci en déserts.

L’aéroport de Liège-Bierset était, lui aussi, fermé et aucun bus n’a roulé. Les TEC ont été le seul service public à avoir mené une grève complète. Ailleurs, le pourcentage de grévistes a quand même été important : 30% à la Poste, 10% à la SNCB,… Plusieurs écoles officielles étaient fermées tandis que toutes les écoles et les hôpitaux étaient fortement dépeuplés par la grève des bus.

Dans le commerce, les grandes surfaces sont restées fermées, mais on sent bien les problèmes grandissants de mobilisation que pose la franchisation de nombreuses moyennes surfaces où l’activité syndicale est devenue plus difficile ces dernières années face à des gérants indépendants qui mettent la pression sur les travailleurs.

Des piquets du SETCa ont également bloqué les grandes galeries commerciales comme Belle-Ile, Cora-Rocourt et la Médiacité, ainsi que les sièges centraux des banques Fortis, Dexia, ING et Ethias… et même le siège de l’Union des Classes moyennes, qui sont toujours les premières à affirmer que sont elles qui créent de l’emploi et à hurler contre les grèves… mais qui sont aussi les premières à pratiquer les travail en noir et les contrats précaires, et à bloquer toute représentation syndicale des travailleurs.

En dehors des piquets sur les zonings où la tension a parfois été forte avec des cadres ou des camionneurs qui voulaient passer à tout prix, la seule action « spectaculaire » de la journée a été l’action à la gare des Guillemins et l’occupation des quais qui ont mis les trains à l’arrêt pendant la fin de la matinée.

Jean Peltier

Photos de la journée du 4 mars à Liège







La journée d'action du 4 mars en Flandre

Bien que moins généralisée qu'en Wallonie ou à Bruxelles, du fait des rapports de forces distincts entre les syndicats socialiste et chrétien, la grève a néanmoins été bien suivie en Flandre dans certains secteurs comme la pétro-chimie, la métallurgie ou la construction automobile. A noter également que de nombreux travailleurs et militants du syndicat chrétien ont activement participé à la mobilisation, même si la direction leur a formellement interdit d'apparaître de manière visible... Le besoin d'action, et surtout d'unité dans et pour l'action, ne fait pas de doute.

Gand






Malines



Turhnout




Louvain






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