AB InBev: Non aux licenciements!
Par Denis Horman le Jeudi, 14 Janvier 2010 PDF Imprimer Envoyer

La multinationale brassicole AB InBev (née en 2008 de la fusion  du groupe belgo-brésilien InBev avec le brasseur américain Anheuser-Busch) a annoncé, lors d’un Conseil d’entreprise extraordinaire le 7 janvier dernier, sa volonté de licencier 10% du personnel dans les sièges européens (800 travailleurs sur les 8000 qu’occupe la multinationale).

En Belgique, les licenciements toucheraient 265 travailleurs (ouvriers, employés et cadres) dans les sièges de Leuven (200 licenciements), Jupille/Liège (65), le reste dans des dépôts locaux.). Plusieurs autres sièges européens sont également touchés : en France, Allemagne, Luxembourg, Pays-Bas…

Jamais assez de profit sur le dos des travailleurs…

La multinationale tente de justifier cette restructuration par une baisse de la consommation de bière (on parle de moins de 2% par an !). Pourtant, la production de diminue pas.

En fait, le groupe AB InBev veut faire payer aux travailleurs le coût de sa méga fusion de 2008, tout en augmentant ses bénéfices (pas moins de 1,8 milliards en 2008) et en distribuant de plantureux dividendes à ses actionnaires (785 millions d’euros en 2009 et plus de 900 millions déjà prévus pour 2010). Ses principaux actionnaires en Belgique (les familles De Spoelbergh, De Mévius et Vandamme) figurent parmi les familles les plus riches de Belgique, avec une fortune totale (pour les 3) estimée à 13 milliards d’euros.

Effet d’aubaine! InBev, comme d’autres entreprises multinationales qui se portent très bien, agitent le spectre de la crise pour diminuer les coûts de production sur le dos des travailleurs, pour augmenter encore de juteux profits et arroser un actionnariat rentier et parasite.

Colère et mobilisation en front commun syndical Flandre-Wallonie

Il n’en fallait pas plus pour provoquer la colère et la détermination des travailleurs (ouvriers, employés et cadres), pour souder le front syndical (ouvrier-employé, FGTB-CSC), pour démarrer la mobilisation sur un objectif commun : Non aux licenciements, non au plan de restructuration!

Dans un premier temps, les travailleurs sont restés à leur poste. Délégués et travailleurs ont  installé des barrages filtrants à Leuven, Jupille… pour empêcher les camions d’entrer avec les matières premières et de sortir avec la production de bière. Une situation qui va paralyser progressivement la production et porter l’action là où ça fait mal pour AB InBev : le non approvisionnement des dépôts. La direction a déjà menacé d’un recours en justice.

Elle sait bien que reculer sur les licenciements aujourd’hui, c’est permettre un changement des rapports de force dans sa branche belge avec des retombées plus larges et compromettre l’exécution d’autres plans de restructuration qu’elle a dans ses cartons. Elle ne va pas lâcher prise comme ça.

Durcir le mouvement, construire la solidarité

La multinationale a décidé de frapper simultanément au niveau européen. Des liens s’établissent d’ores et déjà entre organisations et délégations syndicales au niveau de sièges visés dans d’autres pays. On sait que AB Inbev a déjà tenté de faire produire davantage dans certains sièges (au Luxembourg par exemple), pour compenser l’arrêt de la vente ici, et que les travailleurs ont refusé.

La solidarité du personnel et les actions communes entre les sièges européens touchés par les licenciements sont bien évidemment le premier objectif stratégique pour faire reculer la multinationale.

Dans le contexte actuel – progression dramatique du chômage, licenciements en cascade-, la mobilisation des travailleurs de AB InBev prend une autre dimension. Une victoire à Leuven, Jupille…contre les licenciements serait un véritable détonateur pour redonner confiance et audace aux travailleurs qui sont et vont être, dans de nombreux secteurs, aux prises avec la même arrogance et offensive patronales.

Sur l’objectif qu’ils ont avancé « pas de licenciements », les travailleurs des sièges de Leuven, Jupille…, ne peuvent rester seuls dans leur combat. Ici, se joue concrètement la responsabilité de organisations syndicales – Centrales professionnelles et action interprofessionnelle- pour une initiative solidaire.

Et le politique dans tout ça ?

La branche belge de la multinationale a bénéficié des largesses du gouvernement fédéral : en 2009, via sa filiale Cobrew, InBev a profité d’une intérêt notionnel de près de 205 millions d’euros, avec une réduction d’impôt de 70 millions d’euros et un taux d’imposition sur ses bénéfices de …2,38% !

Comme l’a souligné le document de la FGTB Liège-Huy-Waremme , les réductions de cotisations patronales à la sécurité sociale (7 milliards d’euros par an), de même que les réductions d’impôt des sociétés via par exemple les intérêts notionnels (quelque 4 milliards d’euros en 2007), « ne sont aucunement liées à la réalisation d’objectifs en terme d’accroissement d’emplois. Il s’agit donc de cadeaux aux bénéfices des seules entreprises, souvent au travers de leurs actionnaires ».

Avec ces cadeaux, InBev se permet même de licencier!

Alors, nos « responsables » politiques, en particulier ceux et celles qui revendiquent leurs liens avec le mouvement syndical, vont-ils se contenter de déclarations, fussent-elles musclées? Vont-ils s’abstenir de demander des comptes à InBev –comme à d’autres multinationales- qui profitent de l’argent de la collectivité pour gonfler encore un peu plus les dividendes de leurs actionnaires, profiter de toute une ingénierie fiscale pour payer des impôts ridiculement bas ou encore camoufler une partie de leurs bénéfices en les plaçant sur des comptes occultes dans les paradis fiscaux. 

La LCR, qui, au cours ce cette année, mènera une campagne nationale contre les licenciement et pour le droit à l’emploi, marque son entière solidarité avec les travailleurs de AB InBev en lutte contre les licenciements et le maintien de l’emploi.


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