Des organisations de jeunes s’insurgent contre l’interdiction du port du foulard à l’école!
Par JAC et Attac-ULB le Mercredi, 25 Novembre 2009 PDF Imprimer Envoyer

Ces derniers mois, on a vu se multiplier les débats sur le port du foulard. Des débats qui, pour la plupart, n’abordent pas le fond du sujet. Mais qui aboutissent aujourd’hui à une proposition de loi (MR) pour interdire le port du foulard à l’école. Or, cette interdiction revient à renforcer des inégalités sociales qui existent déjà. Sous prétexte d’éviter tout « communautarisme », on propose exactement l’inverse : exclure des écoles les jeunes filles qui refuseraient d’enlever leur foulard. À l’heure actuelle, alors que la majorité des écoles belges interdisent « le port de tout couvre-chef », on peut déjà constater les conséquences de cette interdiction : l’existence d’écoles « ghettos » ou... la déscolarisation. Cette mesure ne fait donc que renforcer les oppressions que les personnes qu’elle vise subissent déjà : en tant que femmes, en tant que jeunes, en tant que musulmanes.

La laïcité et le féminisme sont instrumentalisés dans ce débat pour justifier un racisme toujours bien ancré dans notre société. Car les projets d'interdiction des « signes ostentatoires » sont une condamnation sélective, qui vise exclusivement le foulard et les musulmans. La laïcité brandie par de prétendus défenseurs de la liberté qui veulent imposer leur vision du progrès de manière unilatérale masque en réalité beaucoup d’intolérance et de paternalisme. L’argument du féminisme, quant à lui, se base sur beaucoup de clichés et ne se conforme pas à la réalité : celle des femmes opprimées, qu’elles portent ou non le foulard ! Alors qu’un fossé énorme subsiste entre les salaires des hommes et ceux des femmes, ces dernières assument aujourd’hui une double journée de travail, entre le boulot à l’extérieur et les tâches ménagères chez elles. Et puis, tant qu’on en est à discuter des apparences, qui oserait demander l’interdiction des hauts talons ou même des cravates, pourtant symboles machistes par excellence ? Le premier combat féministe est de laisser aux femmes le droit à disposer d’elles-mêmes, en ce compris le choix de porter ou non un symbole religieux!

Enfin, dans un contexte d’islamophobie croissante, la focalisation de l’attention générale sur le port du foulard révèle une attaque directement dirigée contre les musulmans. Une énième discrimination envers une population soumise à des discriminations quotidiennes, à l’embauche et au logement notamment. On ne peut en effet nier les inégalités qui existent : 55% des personnes « d'origine marocaine » et 59% de celles « d'origine turque » vivent sous le seuil de pauvreté, alors que ce n'est le cas « que » pour 10% des personnes « d'origine belge ». À Bruxelles, il n’y a pas seulement des écoles mais aussi des quartiers « ghettos », menacés d’être renforcés par des mesures liberticides d’exclusion (surtout si l'interdiction du foulard dans certains lieux publics était votée !).

Face à une politique d’exclusion et d’inégalité sociale qui nous révolte et constitue le cœur du problème, nous revendiquons d’abord un enseignement pluraliste et laïc où le port du foulard soit libre. Nous exigeons également un refinancement de l’enseignement à hauteur de 7% du PIB pour un meilleur encadrement et un enseignement polytechnique à tronc commun jusque 16 ans pour éviter les écoles et filières poubelles. C’est possible si l’on prend l’argent là où il se trouve. Par exemple à travers un impôt de crise sur les grandes fortunes et la suppression des cadeaux fiscaux de type « intérêts notionnels » aux entreprises. Nous exigeons enfin le droit à un travail et à un logement décent pour tous. Ce que les gouvernements ont réussi à faire en quelques jours pour recapitaliser le système financier, ils peuvent et doivent aussi le faire pour répondre aux besoins de la majorité de la population. Quelle que soit la couleur de sa peau, son âge, son sexe ou sa religion.

Pour que l’égalité soit plus qu’un mot!

Les Jeunes Anticapitalistes (JAC) et Attac-ULB

Contacts : 0486 37 39 72 / 0474 57 67 80

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