Dossier: Contre la politique d'apartheid israélienne : boycott, désinvestissement, sanctions (BDS)!
Par Dossier le Jeudi, 22 Juillet 2010 PDF Imprimer Envoyer

Après le massacre des activistes de la Flottile pour Gaza par l'armée israélienne, la campagne internationale BDS (Boycott, Désinvestissement, Sanctions) contre Israël a pris une nouvelle vigueur. Dans ce dossier, nous présentons l'importance de cette campagne internationaliste, qui se décline sur plusieurs fronts, ainsi que ses principaux résultats.

Entretien avec Hazem Jamjoun (BADIL, Bethléem)

Nous nous sommes entretenus avec Hazem Jamjoum, responsable de la communication du Centre de documentation pour les droits de résidence et des réfugiés palestiniens BADIL, de Bethléem. Il s’agissait de tracer à grands traits les contours de la campagne BDS, de plus en plus active et internationale. Cet entretien se tient un jour après l’action de l’armée israélienne contre la flottille pour Gaza; l’appel à la campagne pour le boycott, le désinvestissement et les sanctions (BDS) dont nous allons parler souligne pour sa part son caractère d’action non violente. Quelle est l’importance de cet aspect ?

Hazem Jamjoun : La raison principale pour laquelle Israël peut continuer à pratiquer ses exactions et son oppression du peuple palestinien réside dans l’aide et le soutien que lui apportent les Etats et les différentes institutions. Il ne s’agit pas seulement de l’aide directe et financière, mais aussi culturelle et diplomatique, comme lorsque vous voyez les athlètes ou les orchestres israéliens venir en Europe ; de même, des artistes internationaux viennent régulièrement se produire sur les scènes israéliennes et cautionnent ainsi cet Etat, contribuant à lui donner un aspect « normal ». La campagne BDS cherche à mettre en évidence le fait qu’il ne s’agit pas du tout d’un Etat « normal », mais bien d’un Etat coupable du crime d’apartheid, sans oublier les crimes de guerre et contre l’humanité commis régulièrement contre les populations occupées. Ce que nous avons vu hier, cette action menée contre la flottille et les activistes qui se rendaient à Gaza, n’est qu’un exemple parmi tant d’autres des exactions commises quotidiennement.

Quelles sont les origines de cette campagne BDS ?

Il y a deux grandes sources d’inspiration. La première est celle de la campagne visant à isoler le régime d’apartheid sud-africain. Il est du reste tout à fait symptomatique que le soutien le plus immédiat et le plus massif à la campagne BDS ait été apporté par la société sud-africaine et plus particulièrement par la confédération syndicale COSATU, qui peut s’identifier directement à cette problématique.

La deuxième source est la société palestinienne elle-même. En 2004-2005, la société civile palestinienne et les mouvements associatifs se sont aperçus que les soutiens étaient très éparpillés et ils ont cherché un élément fédérateur, unificateur, en particulier au niveau de l’analyse politique. C’est toute la question des gens qui, lors de la deuxième Intifida, commencée en 1999-2000, sympathisaient et soutenaient la cause palestinienne sans s’impliquer dans tous ses aspects, par exemple dans le dossier des réfugiés palestiniens. Donc en 2002, la société civile palestinienne et ses organisations ont lancé l’appel pour la campagne BDS pour rassembler tous ces soutiens. Il s’agissait d’abord d’indiquer un axe principal autour duquel se regrouper. Il est composé des trois demandes, basées sur le droit international:

1. Fin de l’occupation et démantèlement du mur ;

2. égalité complète des citoyen∙ne∙s palestiniens au sein d’Israël ;

3. Droit de retour des réfugié∙e∙s palestiniens.

Les citoyen∙ne∙s qui soutiennent cet appel viennent de tous les horizons politiques ; l’appel est soutenu par tous les partis politiques, toutes les organisations syndicales, toutes les organisations de femmes, toutes les organisations de réfugié∙e∙s et bien d’autres encore.

Au niveau international, quel est le soutien apporté par les organisations du mouvement ouvrier ?

Le soutien le plus important de la campagne BDS est venu des organisations syndicales. L’écho le plus immédiat après le lancement de l’appel est venu de la confédération syndicale sud-africaine COSATU ; une année après ce fut le tour du Syndicat canadien de la fonction publique, puis de celui du Syndicat des travailleuses et des travailleurs des postes du Canada et, il y a deux ans, des syndicats des services publics d’Irlande du Nord, de la Confédération syndicale irlandaise et de celle d’Ecosse, ainsi que les syndicats britanniques. Ensemble, ces organisations représentent plus de dix millions de membres. Les actions les plus directes ont été menées par les syndicats. Ainsi, juste après les massacres dans la bande de Gaza, il y a dix-huit mois, les dockers sud-africains ont lancé un boycott des bateaux israéliens en Afrique du Sud ; ensuite, les dockers australiens ont relayé cette action. Hier, le comité palestinien de la campagne BDS a lancé un appel à tous les syndicats de dockers dans le monde pour qu’ils boycottent les navires israéliens. [appel repris par les dockers suédois, ndlr]

Parallèlement, des autres canaux de mobilisation existent dans les Eglises, les organisations étudiantes, etc. A un autre niveau, nous venons d’apprendre que les deux plus grandes chaînes de supermarché italiennes, Coop et Nordiconad, ont décidé de ne plus acheter de produits d’Agrexco, le plus grand exportateur de produits agricoles israéliens. Les organisations paysannes de France et d’Italie se mobilisent contre l’arrivée des produits d’Agrexco sur le marché, car ils proviennent des colonies israéliennes dans les territoires occupés –qui sont illégales– et sont vendus à prix bradés, tout en cherchant à bénéficier des avantages fiscaux octroyés aux produits israéliens par l’Union européenne.

Si le boycott des produits commerciaux, à l’image de celui qui avait été mené contre le régime d’apartheid de l’Afrique du Sud, semble ne pas poser de problèmes, le boycott culturel n’est-il pas plus délicat, dans la mesure où l’on peut estimer que la culture peut contribuer à développer une conscience critique de la situation en Israël ?

D’abord, il faut souligner que le boycott universitaire et culturel n’est pas un boycott individuel. Il ne s’agit pas de boycotter un artiste parce qu’il est israélien ou de boycotter un professeur pour la même raison. Il s’agit d’un boycott institutionnel. Si nous boycottons un film, ce sera parce qu’il a été financé par des moyens financiers gouvernementaux. Le boycott a concerné par exemple des festivals de films organisés directement par les ambassades israéliennes, afin d’en faire une vitrine pour le régime. Ou encore le Jerusalem Symphony Orchestra, qui est pratiquement l’orchestre de l’armée israélienne et dont nombre de ses musiciens sont des soldats.

De fait, nous centrons prioritairement notre campagne contre tout l’aspect d’Etat « normal », sympa et ouvert–ou encore gay friendly, ouvert aux gays, quand il s’agit de s’adresser à la communauté homosexuelle–que développe Israël avec beaucoup d’énergie et de moyens, cela depuis le massacre de Jénine en 2002. C’est cette image-là que nous voulons briser. Les artistes ou les cinéastes sont utilisés par l’Etat israélien pour blanchir en quelque sorte son image. Nous luttons contre cette campagne gouvernementale de « rebranding », un véritable procédé marketing, qui consiste à vendre le même produit sous des identités différentes. C’est un terme couramment utilisé par les ambassadeurs ou les officiels.

Autre aspect de la campagne BDS, le volet «D », pour désinvestissement. A-t-il déjà obtenu des effets ?

Nous avons obtenu notre plus grand succès en Scandinavie ; en Norvège d’abord, où le fonds de pensions norvégien, l’un des plus grands du monde, est financé par les revenus du pétrole. Son comité d’éthique a examiné son placement auprès d’Elbit Systems, une compagnie privée d’armements et de systèmes de surveillance, celui du Mur, par exemple, mais aussi celui qui est installé à la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique. Le fonds de pensions a refusé de continuer à investir dans une société qui participait à des crimes de guerre.

Rapidement après, les fonds de pensions suédois ont fait de même, puis le fonds de pensions américain des enseignants (CREF) les a suivis.Ils se sont retirés d’Elbit, mais aussi d’une autre entreprise, Africa-Israel (Afigroup). C’est une entreprise détenue par le plus fortuné des Israéliens, Lev Leviev. L’entreprise a construit sa richesse sur les diamants sud-africains, puis s’est diversifiée ensuite, dans le bâtiment et s’occupe actuellement de la gestion de l’infrastructure des trois des plus grandes colonies d’implantation dans les territoires occupés.

Parmi elles, celles des zones de Ni’lin et Bi’lin, ces deux villages qui se battent pacifiquement depuis des années contre l’occupation de leurs terres et la « barrière de sécurité ».

Autre exemple, celui de Veolia et d’Alstom, deux entreprises françaises, qui voulaient construire un tram reliant Jérusalem-Est à Jérusalem-Ouest, une fois que les expulsions des habitant∙e∙s palestiniens et la destruction de leur habitation seraient menées à terme. Développer des infrastructures là où un crime de guerre se commet, c’est y participer, le bétonner en quelque sorte.

Dans ce cadre, un premier succès a été celui de la banque néerlandaise ASN qui a retiré son financement à ce projet de Veolia. Au niveau des communes en Europe et en Australie, il y a eu des campagnes pour ne plus renouveler les contrats les liant à Veolia ou Alstom. Des succès ont été enregistrés à Stockholm, Copenhague, Galway (Irlande) et dans une des provinces australiennes. Ces entreprises ont perdu ainsi des milliards de dollars.

Quelle est la forme que peut prendre la lutte pour l’application de sanctions à Israël ?

Les sanctions sont l’objectif de campagne qui se situe le plus à long terme. Dans la mesure ou des gouvernements ont été partie prenante dans les décisions des fonds de pensions norvégiens et suédois, ont peut dire qu’il s’agit d’une forme de sanctions. L’autre exemple est celui de l’accord de libre-échange entre l’alliance latino-américaine du Mercosur et Israël, que la campagne BDS avait réussi à bloquer. Mais il y a quelques mois, lors de sa visite en Israël, le président Lula a annoncé qu’il signerait cet accord. Or le Brésil représentait le point fort de notre campagne ; le veto de ce pays bloquait l’accord, qui nécessitait le soutien de tous les pays du Mercosur pour s’appliquer. Les Israéliens ont bien travaillé sur ce dossier de plusieurs milliards de dollars pour retourner le Brésil. Nous faisons face à une machine bien huilée, qui opère systématiquement.

Il y a aussi l’accord entre l’Union européenne et Israël, sur lequel nous travaillons. Mais tous ces buts sont des buts à long terme. Il s’agit de construire, à travers les organisations que nous avons mentionnées, les syndicats, les Eglises, les mouvements estudiantins, etc., une base solide, capable ensuite d’amener un changement dans les politiques des Etats, puisque par définition, les sanctions ne peuvent être prises que par des Etats.

Est-ce que cette campagne BDS trouve un écho, un soutien en Israël même ?

D’abord, il y a eu en 2005 les organisations des Palestiniens d’Israël. Le coordinateur le plus important de la campagne dans ce pays, Ameer Makhoul, directeur général de l’Union des associations civiles arabes (Ittijah) a été arrêté récemment, accusé de trahison par les autorités.

Ensuite se sont jointes à la campagne des organisations comme le Centre d’information alternatif (AIC) à Jérusalem, la Coalition des femmes pour la paix, qui anime un site très intéressant: «Whoprofits.org », une base de données sur les entreprises de l’industrie israélienne de l’occupation des territoires palestiniens. Toutes les personnes qui, en Israël, soutiennent la campagne BDS se sont regroupées dans l’association Boycott from within (le boycott de l’intérieur), petite, mais très active.

Propos recueillis par Daniel Süri. Paru en Suisse dans « solidaritéS » n°170 (24/06/2010)


 

Qu'es-ce que la Campagne Internationale BDS?

La Campagne BDS a été initiée en juillet 2005 par une coalition regroupant l’ensemble des forces politiques, sociales et associatives palestiniennes représentatives (172 organisations signataires). Cette coalition inclut les trois composantes du peuple palestinien: Palestiniens de Cisjordanie et de Gaza, Palestiniens d’Israël, réfugiés des camps de l’extérieur.

La finalité de la campagne est simple: développer une campagne internationale, populaire, de solidarité avec le peuple palestinien, autour d’axes, de mots d’ordre et de modes d’action très concrets. Il s’agit, à l’instar de ce qui s’était passé avec l’Afrique du Sud, de multiplier les pressions politiques, sanctions économiques et diplomatiques contre Israël tant que les droits des Palestiniens ne seront pas respectés.

Un extrait de l’appel:

«Nous, représentants de la société civile palestinienne, invitons les organisations des sociétés civiles internationales et les gens de conscience du monde entier à imposer de larges boycotts et à mettre en application des initiatives de retrait d’investissement contre Israël tels que ceux appliqués à l’Afrique du Sud à l’époque de l’Apartheid. Nous faisons appel à vous pour faire pression sur vos États respectifs afin qu’ils appliquent des embargos et des sanctions contre Israël. Nous invitons également les Israéliens honnêtes à soutenir cet appel, dans l’intérêt de la justice et d’une véritable paix.

Ces mesures de sanction non violentes devraient être maintenues jusqu’à ce qu’Israël honore son obligation de reconnaître le droit inaliénable des Palestiniens à l’autodétermination et respecte entièrement les préceptes du droit international.»

La campagne BDS se décline principalement sous trois aspects:

Boycott: à un niveau populaire et institutionnel (municipalités, universités...), encourager le boycott des marchandises et produits fabriqués en Israël, mais aussi un boycott culturel, académique, sportif... Dans le cas des boycotts académique et culturel, il ne s’agit évidemment pas de boycotter les individus, les travaux ou les œuvres, mais bel et bien de refuser tout partenariat ou échange institutionnel.

Désinvestissement: exiger des entreprises, des collectivités locales et des États qu’ils cessent leurs investissements en Israël et/ou leurs partenariats économiques avec des entreprises israéliennes. Cela concerne également les banques, sociétés d’investissement, groupes financiers et autres fonds de pension.

Sanctions: exiger des gouvernements qu’ils prennent des sanctions (diplomatiques, économiques...) contre Israël, mais aussi que tous les membres de l’establishment politico-militaire israélien coupables ou complices de crimes contre le peuple palestinien soient traduits devant des cours de justice et punis pour leurs actes criminels. De nombreuses plaintes ont ainsi déjà été déposées.

Une action fondée sur le respect du droit

Du point de vue juridique, la question est assez simple: des produits qui sont le fruit d’un crime peuvent-ils être distribués en Europe? Tout part de cette donnée juridique: l’ensemble des territoires de Palestine sont occupés par Israël, (Cour internationale de Justice, 9 juillet 2004). Le règlement de La Haye de 1907 dit à propos de l’occupation que «la propriété privée ne peut pas être confisquée» (Art. 46) et que «L’État occupant ne se considérera que comme administrateur et usufruitier» (Art 55).

L’article 49 de la IVe convention de Genève précise que «la puissance occupante ne pourra procéder à la déportation ou au transfert d’une partie de sa propre population civile dans le territoire occupé par elle».

Ces dispositions sont reprises par le statut de la Cour pénale internationale (1998), qui qualifie de crimes de guerre «l’appropriation de biens, non justifiées par des nécessités militaires et exécutées sur une grande échelle de façon illicite et arbitraire» (Art. 8, 2, a, iv) et «le transfert par la puissance occupante d’une partie de sa population civile dans le territoire qu’elle occupe» (Art. 8, 2, a, viii).

Le droit européen confirme cette analyse. Selon un arrêt Brita (25 février 2010) de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE), les produits issus des territoires occupés ne peuvent pas être exportés sous certificat d’origine israélien.

Il reste à appliquer le droit!

La loi ne peut accorder sa protection à des produits illicites. Deux points imposent le boycott global:

•Israël délivre de manière indifférenciée des certificats d’origine pour l’ensemble des exportations, qu’elles soient issues des territoires de 1948 ou des territoires occupés depuis 1967, et il n’est pas possible depuis l’Europe de faire la distinction.

•Tous les mécanismes politiques et économiques israéliens sont asservis au but de l’appropriation des richesses palestiniennes, cette politique étant indivisible. Il en est ainsi du pillage de l’eau ou la mainmise sur les moyens d’échange internationaux.

Il est du devoir des Européens d’imposer cette lecture du droit, la seule réaliste, car il s’agit de combattre le crime dès sa conception, l’occupation et la colonisation, et pas seulement dans ses effets, la fraude sur les certificats douaniers «made in Israel» pour des produits issus des colonies.

C’est dire aussi que la question de la culpabilité pénale des dirigeants israéliens pour le processus de colonisation ainsi analysé est posée et devra être portée devant la Cour pénale internationale.

Des militants de BDS sont poursuivis en justice: arrêt Willem (CEDH, 16 juillet 2009). Dans cette affaire, la question de la licéité1 des exportations boycottées n’avait pas été posée au tribunal, le maire s’étant cantonné au terrain de la liberté d’expression. Or, il n’a pas été condamné en tant que citoyen exerçant son droit à la liberté d’expression mais en tant que maire tenu à un devoir de réserve (et encore, la Cour donnait des éléments plus précis qui pourraient quand même ouvrir la voie à un boycott des collectivités).

Tout reste donc à faire sur le terrain juridique, pour la défense des militants injustement poursuivis, mais aussi en attaque, puisque dans les mois qui viennent les acteurs de la campagne BDS vont passer à l’offensive pour demander la condamnation des crimes commis et de leurs auteurs, et pour faire respecter le droit international.


Quelques victoires de la campagne BDS

Boycott

De plus en plus de magasins et chaînes de magasins annoncent qu’ils renoncent à vendre des produits venant des colonies israéliennes, voire d’Israël. Les chaînes de supermarchés britanniques Mark and Spencers et Co-operative group ont annoncé qu’elles cesseraient de vendre des produits issus des colonies. Les chaînes italiennes Coop et Nordiconad ont fait de même.

Des universités et laboratoires de recherche commencent à rompre leurs relations avec leurs homologues israéliens. En mai dernier, le syndicat universitaire britannique majoritaire, University and College Union, a voté lors de son congrès le boycott total de l’Université d’Ariel, implantée en territoire palestinien.

Nombre d’artistes refusent désormais de se rendre en Israël. C’est ainsi qu’Elvis Costello, Carlos Santana, Gill Scott-Heron, les Pixies ou Gorillaz ont annulé des concerts. U2, Björk, Snoop Dog et bien d’autres évitent soigneusement Israël lors de leurs tournées. Récemment, Meg Ryan et Dustin Hoffman ont publiquement renoncé à participer au Festival du Film de Jérusalem.

Désinvestissement

En mai, la Deustche Bank a décidé de se désinvestir de la Compagnie israélienne Elbit Systems, qui fournit des armes à l’armée israélienne et participe à la construction du mur. Le premier fonds de pension suédois avait fait de même, ainsi que le premier fonds de pension danois.

La société d’investissement britannique Blackrock s’est désinvestie du groupe Leviev, qui finance la construction de colonies. Le groupe français Veolia, impliqué dans la construction du tramway colonial de Jérusalem, qui relie la ville aux colonies, s’interrogerait sur la pertinence de cet investissement tant il lui fait perdre de marchés: les villes de Dublin et Stockholm, entre autres, ont exclu Veolia de divers appels d’offre.

Sanctions

Le Venezuela et la Bolivie ont rompu, jusqu’à nouvel ordre, leurs relations diplomatiques avec Israël et expulsé les ambassadeurs israéliens. Le Nicaragua a suspendu ses relations avec Israël après l’attaque sanglante contre la Flottille de Gaza.

De son côté, le ministre norvégien de l’Éducation a rappelé que son pays refusait tout commerce d’armes avec Israël et a appelé l’ensemble des pays de l’Union européenne à faire de même.

Afin de sanctionner économiquement Israël, les dockers suédois ont refusé, durant toute la dernière semaine de juin, de débarquer des marchandises israéliennes dans les ports du pays. Les dockers d’Oakland, en Californie, ont fait de même.

En raison d’une plainte déposée à son encontre, le ministre israélien de la Défense, Ehud Barak, a annulé une visite en France, prévue en juin. Il y a quelques mois, l’ex-ministre des Affaires étrangère, Tzipi Livni, avait annulé une visite en Grande-Bretagne pour les mêmes raisons. Une liste des «pays à éviter» a été établie en Israël, à l’attention de l’establishment politique et militaire.


Un projet de loi israélien veut criminaliser le boycott

Preuve s'il en est de l'efficacité de la campagne BDS, 25 membres de la Knesset ont déposé un projet de loi visant à sanctionner tout citoyen ou organisation appelant à un boycott économique ou académique d’Israël. Le projet de loi concerne tout ceux qui lancent, encouragent ou fournissent une aide et des informations sur le boycott d’Israël, qu’ils se trouvent en Israël même ou à l’étranger. Quiconque allant à l’encontre de la loi devra verser une compensation à ceux touchés par le boycott. Initié par le lobby Terre d’Israël, le projet de loi a été approuvé par des membres de différents partis, dont le Likoud et Kadima, et les 10 présidents des commissions parlementaires.

Selon le projet de loi, tout citoyen ou organisme israélien pourra être poursuivi par quiconque ayant subi un dommage en raison du boycott et être condamné à payer une amende d’au moins 30 000 shekels. Sont particulièrement visés ici les universitaires qui appellent en Israël ou depuis l’étranger au boycott économique ou académique d’Israël. Des organisations israéliennes telles que la Coalition des femmes israéliennes pour la paix et Boycott pourraient également être affectées par la nouvelle loi.

Le projet prévoit également que le ministère de l’Intérieur israélien interdira à tout citoyen étranger d’entrer en Israël pour une période de 10 ans s’il est avéré qu’il ait participé activement au boycott d’Israël. Les États ou organisations étrangères sont aussi visés, y compris l’Autorité palestinienne (AP). Ces derniers ne pourront plus utiliser leurs comptes bancaires israéliens et verront leurs avoirs gelés afin de servir d’indemnités aux entreprises et institutions israéliennes touchées par le boycott. Israël pourrait ainsi bloquer le transfert des recettes fiscales qu’il encaisse pour l’AP, faisant une retenue à hauteur des pertes engendrées par le boycott des produits issus des colonies israéliennes en territoire palestinien.


Solidarité syndicale avec le peuple palestinien: Plusieurs organisations syndicales appellent au boycott d'Israël

Appel du mouvement syndical palestinien:

Dans le cadre de la campagne Boycott, Désinvestissement et Sanctions, le mouvement syndical et ouvrier palestinien appelle les syndicats des dockers de par le monde à bloquer le commerce maritime israélien, en réponse au massacre par Israël des travailleurs humanitaires et les militants à bord de la flottille de la liberté, et ce, jusqu'à ce qu'Israël se conforme au droit international et mette fin au blocus illégal de la bande de Gaza. (…).

Cet appel est lancé par le PGFTU (Fédération Générale Palestinienne des Syndicats), le GUPW (Union Générale des Travailleurs Palestiniens), l'IFU (Fédération des Syndicats Indépendants), l'Association des Professionnels Palestiniens (incluant le Syndicat national des ingénieurs, des ingénieurs agronomes, des médecins, des dentistes, des pharmaciens, des avocats et des vétérinaires),le Mouvement de la Jeunesse Travailleuse (Fatah), Le Bureau Central pour le Mouvement des Travailleurs (Fatah), le Bloc des Travailleurs Progressistes, le Bloc d'Unité ouvrière, le Bloc de la Lutte ouvrière, la PFUUPE (Fédération Palestinienne des Syndicats de Professeurs et d'Employés de l'Université) membre de l'IFU, Le Front de Libération Ouvrière, le Bloc du Front des Travailleurs, l'Organisation de Solidarité Ouvrière, l'Organisation de Lutte Ouvrière.

De par le monde, plusieurs syndicats, ont déjà répondu à cet appel:

Fédération Syndicale Mondiale (FSM):

Le secrétariat de la FMS a lancé, le 9 juin, un appel à 3 jours de grève dans les ports du monde entier contre les navires commerciaux d'Israël ayant pour origine ou destination Israël.

Afrique du Sud et Suède: les dockers pour le boycott

Historiquement, les dockers du monde entier ont contribué à la lutte contre le régime de l'apartheid en Afrique du Sud, en refusant de charger ou de décharger des marchandises de navires venant de ou allant vers l'Afrique du Sud. Aujourd'hui, nous vous demandons de vous joindre au Syndicat Sud-Africain des Transports (SATAWU), qui décidé, en février 2009, de ne pas décharger de navires israéliens pour protester contre la guerre d'agression d'Israël à Gaza.

D'autre part, le syndicat des dockers suédois (Swedish Dockers' Union) a décidé de bloquer tous les navires israéliens et des marchandises à destination et en provenance d'Israël pour protester contre l'attaque d'Israël contre la flottille de la liberté et le blocus de la bande de Gaza.

Grande-Bretagne: le syndicat Unite vote à l'unanimité le boycott

Le plus grand syndicat britannique, Unite (qui regroupe notamment des secteurs tels que: Aéronautique - Chantiers navals - Transport aérien, fluvial et ferroviaire – Chimie – Construction - Santé - Non Marchand –Enseignement - Industries graphiques et papier Electricité et électronique) vient d'adopter à l'unanimité, lors de sa conférence tenue à Manchester le 2 juin dernier, une motion visant à boycotter les sociétés israéliennes ainsi que les produits et les services israéliens, comme c'était le cas à l'égard des produits d'Afrique du Sud à l'époque de l'apartheid. Toutefois, contrairement au syndicat des enseignants (Universités et Collèges) le syndicat Unite a décidé de ne pas rompre ses relations avec l'organisation syndicale israélienne Histadrut.

Australie:

A la suite de l'attaque criminelle par un commando de l'armée israélienne contre une flottille de bateaux humanitaires non armés, à Gaza le 31 mai dernier, plusieurs syndicats australiens se sont joints à la campagne Boycott, désinvestissement et sanctions contre Israël. Le 5 juin dernier, un rassemblement de solidarité syndicale avec Gaza s'est déroulé à Sidney.

Afrique du Sud: la COSATU condamne la piraterie de l'Etat israélien

Le 31 mai, la COSATU (Congrès des Syndicats Sud-Africains), est scandalisé par l'attaque par un commando israélien d'un bateau d'aide humanitaire à Gaza, qui a provoqué au moins 20 morts et une soixantaine de blessés. La COSATU soutient pleinement l'appel de la communauté internationale pour faire pression sur leurs gouvernements afin de condamner cet acte de brutalité. La Fédération salue la décision des gouvernements espagnol et suédois de rappeler leur ambassadeur. La COSATU lance un appel pour un large soutien à la campagne Boycott, Désinvestissements et Sanctions contre Israël.

Belgique: la FGTB demande d'écarter l'Histadrut de la CSI

Le Congrès national d la FGTB, qui s'est tenu du 2 au 4 juin, a approuvé la demande de la Centrale Générale de mettre le syndicat israélien à l'écart de la Confédération Syndicale Internationale (CSI). Il exige du syndicat israélien Histadrut qu’il se distancie clairement de la politique menée par le gouvernement israélien, ce qu’il n’a jamais fait jusqu’à présent. Tandis que le syndicat palestinien PGFTU (Palestinian General Federation of Trade Unions) a condamné les roquettes du Hamas vers les villages israéliens. Selon la motion, si la Histadrut ne change pas de position, cela doit entraîner son exclusion de la CSI pour non-respect des règles de la déontologie syndicale, aussi longtemps qu’il persiste dans cette position.

La Centrale Générale (360.000 membres) dénonce également la réaction d’Histadrut à propos du raid de l’armée israélienne contre la flottille humanitaire.


Contacts et sites internet:

www.bdsfrance.org/ : site de la campagne française. Indispensable! Informations, argumentaires, actions passées et à venir...

www.bdsmovement.net/ : site de la campagne internationale. De nombreuses ressources et informations (en anglais).

www.whoprofits.org/ : site qui recense les entreprises, aux quatre coins du monde, qui bénéficient directement ou indirectement de l’occupation israélienne (en anglais).

Belgique: Coordination Boycott Israël (COBI) : 02/216 41 61 Cette adresse email est protégée contre les robots des spammeurs, vous devez activer Javascript pour la voir.

Dossier réalisé avec des articles publiés par les revues et sites internet « SolidaritéS » (Suisse), La Gauche » (Belgique) et « Tout est à Nous » (France)

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