Juste pour jouer
Par Céline Caudron le Jeudi, 27 Janvier 2005 PDF Imprimer Envoyer

D'après un sondage effectué aux Etats-Unis, ce sont les femmes qui se retrouvent en majorité sur les jeux en ligne (53%). Les jeux vidéos ne seraient donc pas réservés qu'aux mecs. Pourtant, cela ne se remarque pas quand on regarde ce qu'il se passe de l'autre côté de l'écran. Se pencher sur l'exemple des jeux vidéos pour pointer quelques stéréotypes machistes qui ont la vie dure se révèle être un exercice assez éloquent. Voyons de plus près...

A ses débuts, dans les années 80, le jeu vidéo paraît très gentillet. Les premiers scénarios s'élaborent dans des mondes imaginaires. L'objectif romanesque de "délivrer la belle princesse d'innombrables dangers mortels" est le leitmotiv favori des concepteurs. Ainsi, dans Mario Bros par exemple, la Princesse Daisy, qui se fait régulièrement enlever comme une débutante, ne peut reporter ses espoirs de liberté que sur la dextérité de son héros.

Mais il n'y a pas que des potiches, il y a aussi de vraies héroïnes: Mrs PacMan, une petite boule jaune avec des longs cils et un gros nœud sur la tête, ou encore la méchante sorcière de Sorcery...

Les princes, les princesses, les sorcières et les petites boules jaunes, ça n'intéresse que les gosses. Le marché potentiel s'avérant amplement plus large, les scénarios se tournent rapidement vers des sujets plus affriolants. Dès 1981, Larry entame ses aventures de dragueur invétéré avec Leisure Suit Larry. Il s'agit pour le héros, bien sûr trapu et simplet, de convaincre une flopée de jeunes femmes, bien sûr en beauté et en formes, de coucher avec lui. Un truc de machos ? mais non ; ce genre de concept existe aussi pour les filles dès 1996 avec Angélique, jeu qui adopte plutôt le style "romantisme primaire"… cible féminine oblige, évidemment.

Tout ça c'est bien rigolo mais ça reste très soft. Custer's Revenge fait partie des jeux qui ouvrent la marche vers des trucs un peu plus hard en permettant par exemple à un général défroqué de violer une vierge indienne ligotée à un poteau...

Les premiers personnages féminins des jeux vidéos sont donc en général là pour meubler. C'est avec les années 90 que la femme pixellisée s'émancipe; elle combat comme un vrai mec… Mais elle reste quand même bien une gonzesse. Alors que Chun Li, dans Street Fighter, passe de sa tunique asiatique à sa combinaison hyper moulante, Maï Shiranui, dans Fatal Fury, se fait censurer aux Etats-Unis pour sa poitrine rebondie. Les battantes virtuelles, encore peu nombreuses, sont davantage considérées comme de belles prouesses esthétiques que comme de véritables héroïnes informatiques. Il n'est sans doute pas trop risqué d'émettre l'hypothèse que la belle Lara Croft, née en 96, n'aurait sans doute pas été aussi célèbre si elle n'avait, précisément, pas été belle.

La palme dans le domaine des jeux de combat revient haut la main à la série des Dead or Alive. Dans la première version du jeu, le joueur avait déjà la possibilité de modifier les degrés de mobilité et la taille des combattantes proposées, toutes plus sulfureuses les unes que les autres ! Au fil des épisodes, les donzelles sont apparues en costume de chat, de danseuse orientale ou de lycéenne, en kimono échancré, en catcheuse, en cuir, en bikini... Rien que pour le plaisir des yeux des mecs.

Le Dead or Alive Xtreme Beach Volleyball sorti en 2003 atteint le top en se focalisant sur les séances de bronzages des bonnes femmes qui pourront, bien entendu s'essayer à toutes sortes de maillots, comme Miss Belgique. En octobre, la société japonaise Westside a été condamnée par la Cour suprême de Tokyo à deux millions de Yens pour avoir commercialisé un logiciel qui permet de dénuder Kasumi, l'une des combattantes de Dead or Alive. Féministe la Cour suprême ? Mais qu'allons-nous chercher ? Le problème résidait uniquement dans le fait que Westside ''avait violé les lois du copyright en permettant aux acheteurs d'utiliser un logiciel de piratage''. No comment...

Voir ci-dessus