Avec Leterme 1er, on n’achète rien!
Par David Dessers le Samedi, 10 Mai 2008 PDF Imprimer Envoyer

Les profits flambent, le pouvoir d’achat chute

Sous les pavés, la plage! Toujours. Mai 68, c’était il y a 40 ans et aujourd’hui comme avant, on a besoin d’un réveil de la gauche. La crise financière internationale nous ferait oublier que les plus grandes entreprises belges font augmenter leurs bénéfices de 10 à 15% chaque année. Pas à l’avantage des travailleurs. Le pouvoir d’achat des travailleurs, de ceux et de celles qui vivent d’allocations a fortement diminué. La part des salaires dans le revenu brut national aurait diminué à moins de 50%. Cela signifie que tous les travailleurs reçoivent moins que la moitié de la richesse produite.

Alors on a un nouveau gouvernement qui va offrir des cadeaux copieux aux entreprises sous forme de diminution des charges qui limitera, avec le temps, les allocations de chômage. Le PS fait partie de ce gouvernement et le soutient très fortement. Le PS flamand a choisi l’opposition, après sa débâcle électorale de l’année passée… mais il siège dans le gouvernement flamand avec les mêmes partis qui sont dans le gouvernement fédéral, et y mène la même politique. La vague de grèves qui a tout de même secoué un peu le pays montre que les travailleurs sont indignés par cette injustice de profits flambants et de pouvoir d’achat diminuant.

Tandis qu’Electrabel fait des profits immenses, les travailleurs reçoivent des factures très élevées… Même l’éditorialiste du journal De Morgen, Yves Desmet, qui a activement mené campagne en faveur du pacte de génération, a dû avouer ces derniers mois que la contradiction entre les profits qui flambent et le pouvoir d’achat qui chute était devenu trop grande et que les travailleurs auraient droit à une partie des bénéfices.

Des fleurs pour nos délégués !

A l’occasion du 1er Mai, nous voulons donner des fleurs à toutes ses délégations syndicales, à tous les militants syndicaux qui ont osé remettre en cause « l’évidence », qui ont risqué leurs emplois pour défendre l’emploi des autres. Ils ont parfois obtenu des victoires, si importantes pour le moral et pour des batailles qui viendront inévitablement dans un futur proche. Il fut un temps où le mouvement syndical obtenait des acquis. Des luttes, des grèves avaient comme résultats le salaire minimum, la diminution du temps de travail, le congé payé et une sécurité sociale. Le capitalisme était obligé de concéder des réformes.

Depuis plus de 25 ans, ce n’est plus le cas et peu importe quel parti politique fait partie du gouvernement. Depuis des années et des années, des responsables politiques nous expliquent qu’on ne peut pas obtenir plus à cause d’une économie en perte de vitesse et à cause d’une caisse publique vide, mais cette argumentation ne tient plus aujourd’hui. Les richesses augmentent, les entreprises font des bénéfices, souvent énormes. Malgré tout, la vie quotidienne ne s’améliore pas, au contraire. La vie est de plus en plus chère. Le gouvernement, sourd-muet, continue à mener une politique néolibérale.

La gauche de la gauche: pas nécessairement “petite”

Les résultats de notre parti frère français, la LCR, aux élections municipales montrent que la gauche anticapitaliste n’est pas condamnée à rester « petite ». Dans 134 villes françaises, les listes soutenues par la LCR ont obtenu plus de 5% des votes. Elles ont ainsi dépassé le seuil électoral et ont pu se maintenir au deuxième tour. Dans 34 villes, les listes soutenues par la LCR ont même obtenu plus de 10% des voix. C’est plus qu’encourageant pour un parti 100% à gauche. Dans ce numéro on parlera d’ailleurs d’autres pays européens avec une gauche de la gauche intéressante : l’Allemagne, l’Angleterre et surtout l’Italie.

La LCR en France profite de cette situation favorable pour essayer de créer un parti anticapitaliste plus large. La Ligue espère ainsi créer pour les travailleurs un instrument qui peut réellement peser dans le rapport de force avec le patronat et le gouvernement de droite pour avancer vers le socialisme du 21ème siècle, comme on l’appelle en Amérique latine. Ceci nous ramène au début de cet éditorial et les pavés de 68. En 1968, l’histoire de l’humanité s’est accélérée. Aux USA, le mouvement contre la guerre au Vietnam était à son point culminant, tandis que les troupes nord américaines s’enlisaient dans les marais de la guerre. Le printemps de Prague a mis à l’ordre du jour des réformes démocratiques au sein du socialisme et la révolte des étudiants en Europe occidentale ont donné un nouvel élan au mouvement anticapitaliste.

Mai 68 signifiait la création de groupes révolutionnaires qui luttaient pour une véritable alternative socialiste. Mais le cours de l’histoire n’est pas linéaire. La caste bureaucratique stalinienne a enterré l’espoir pour un socialisme démocratique sous un fracas de répressions jusqu’au moment où elle-même s’est fracassée la figure en 1989. Depuis les années 80, la politique libérale a le vent en poupe avec des régimes impitoyables comme Reagan aux USA et Thatcher en « Grande »-Bretagne. La gauche révolutionnaire était presque KO. Mai 68 ressemblait encore à un enfant mort-né.

Mais de nouveaux mouvements de lutte ont fait renaître l’espoir : le mouvement alter-globaliste a brisé le consensus néolibéral et entre-temps des forces anticapitalistes se sont (re)constituées et ont souvent (sauf en Belgique) des élus au parlement. En Amérique latine, certains pays comme la Bolivie, l’Equateur et le Venezuela ont nationalisé des secteurs clés de l’économie. On parle de nouveau ouvertement de socialisme et de révolution. En Europe aussi, mais plus en douceur pour l’instant. “Talking about the revolution sounds like a whisper”, chantait Tracy Chapman.

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