Carrefour-Belgique : de la stupeur à la colère : les salarié-e-s ne sont pas des Gogo's !
Par LCR le Jeudi, 25 Février 2010 PDF Imprimer Envoyer

La LCR marque son entière solidarité avec les travailleuses et travailleurs des magasins Carrefour qui refusent d’être traité-e-s et jeté-e-s comme des kleenex... ou, en l'occurrence, comme les Gogo's de la nouvelle campagne de Carrefour qui tombe cyniquement à point.

Le groupe français Carrefour, premier groupe européen dans la grande distribution et 2ème mondial, vient d’annoncer officiellement le « plan de sauvetage »  de ses activités en Belgique. Fermeture de 21 magasins ; licenciement de 1.672 employé-es sur les 15.000 ; gel des salaires pendant au moins trois ans ; suppression d’une série d’avantages « maison » (congés, etc) ; départs naturels non remplacés ; passage à une autre commission paritaire pour réduire les coûts du personnel… Cinq des six mesures du plan de sauvetage concernent la réduction du coût du personnel !

« C’est à prendre ou à laisser. Si on y arrive pas, je devrai envisager le pire » a royalement déclaré l’administrateur-délégué de Carrefour-Belgique, Gérard Lavinay. Il perpétue ainsi la triste tradition de cette direction, totalement irrespectueuse des salarié-e-s et de leurs délégations syndicales. Nous n'avons pas oublié le conflit social de 2008-2009, au cours duquel la direction de l'époque a frontalement attaqué le droit de grève, recourant aux astreintes et aux huissier pour tenter de briser les grévistes mobilisé-e-s contre la volonté de la direction d'engager les salarié-e-s d'un nouveau magasin à Bruges sous une autre commission paritaire, moins avantageuse.

Comme dans l'ensemble du secteur de la grande distribution, le personnel majoritairement féminin connait déjà des conditions de travail précaires pour augmenter les profits des actionnaires, avec des caissières qui travaillent en temps partiel, en horaires coupés et qui doivent parfois tenir six heures sans pause à leur poste. Malgré tout, les magasins Carrefour continuent leur chantage à l'emploi qui ne date pas d'hier. Au nom du maintien des activités, déjà plus de 2.700 emplois ont été supprimés de 2004 à 2009, sans compter les contrats à durée déterminée et les salaires au rabais pour les nouveaux/elles engagé-e-s.

« Carrefour, c’est trente ans de ma vie », déclare une caissière. « Maintenant, nous allons devoir payer pour des erreurs de gestion que nous n’avons pas commises. On nous a mis dans une spirale négative. En voulant faire des économies sur le personnel, on a négligé le service au client. Celui-ci a peu à peu déserté les magasins, et on a donc continué à faire des économies ».

Ce sont les gros actionnaires de carrefour qui dictent leur loi. Le fonds d’investissent américain, Colony capital et la holding française de Bernard Arnault, patron de LVMH sont à la barre. Un impératif : profit maximum, retour important sur investissement, résultats boursiers ! Ce qui fait dire à une permanente syndicale : « passer à l’action pour Carrefour , c’est passer au temps des actionnaires ».

Carrefour-Belgique ne se porte pas si mal : les bénéfices 2009 se sont élevés à 66, 245 millions d’euros pour un chiffre d’affaires de 4,5 milliards d’euros. Et la cerise sur le gâteau, c’est ce beau cadeau fait par la Belgique –nos gouvernements- à Carrefour : 0,008% d’impôt en 2008. Cette situation ne devrait pas être sensiblement différente en 2009.

En riposte au diktat des actionnaires du groupe multinational, les employé-e-s de plusieurs magasins  viennent de montrer la seule voie à suivre pour s’opposer à ce plan de licenciements et de démantèlement : la grève à étendre dans tous les magasins Carrefour, car il n’y a aucune certitude que Carrefour maintienne ses activités intégrées en Belgique. Mais aussi les actions de solidarité dans l’ensemble du secteur de la distribution, car ce « massacre à la tronçonneuse », s’il devait être exécuté, aurait des répercussions pour l’ensemble des travailleuses et travailleurs de la distribution.

A Carrefour, Inbev, Opel, nos vies et nos emplois valent plus que leurs profits! Il est temps de construire une résistance d'ampleur, en front commun et à travers tous les secteurs, pour imposer une solution globale et réalisable pour toutes et tous: l'interdiction totale des licenciements dans toutes les entreprises, par la création d'un fonds public financé par l'ensemble du patronat.

Non aux licenciements !

Non au démantèlement des acquis sociaux !

Nos vies, nos conditions de travail et nos emplois valent plus que leurs profits !

Voir ci-dessus