Solidarité avec la population et les travailleurs d'Iran! Non aux visées impérialistes au Moyen-Orient!
Par LCR le Jeudi, 25 Juin 2009 PDF Imprimer Envoyer

Depuis le 13 juin, l’élection présidentielle iranienne est quotidiennement contestée par des centaines de milliers de manifestants qui subissent une répression sanglante. Ces mobilisations ont sans cesse gagné en ampleur, provoquant la majeure crise politique dans ce pays depuis l'instauration de la République islamique en 1979.

Alors que la protestation a été avant tout impulsée à ses débuts par la classe moyenne de la capitale, la mobilisation semble aujourd'hui s'étendre dans tous le pays et parmi les secteurs populaires. Les jeunes et les femmes jouent un rôle de premier plan dans ce mouvement. L’aspiration de la société à lever la chape de plomb étouffante du régime des mollahs et à en finir avec la répression quotidienne contre la jeunesse et les femmes qui luttent pour leurs droits, commence à se mêler aux revendications propres des travailleurs qui, en Iran aussi, refusent de faire les frais de la crise.

L’Union des travailleurs des autobus de Téhéran a déclaré sa solidarité, en affirmant : « tant que le principe de la liberté d’organisation et d’élection ne sera pas appliqué, tout discours sur la libération sociale et les droits des travailleurs ne sera qu’une farce ». Les ouvriers d’Iran Khodro, premier constructeur automobile du pays (60.000 salariés), ont engagé un mouvement de grève en ajoutant aux revendications de la rue l’augmentation des salaires et le droit de grève.

La répression extrêmement violente qui s'abat sur les manifestant/es démontre le caractère réactionnaire du régime et de la présidence d'Ahmadinejad. Ces événements traduisent également la profondeur de la crise au sein même de la caste dirigeante politico-religieuse – les quatre candidats à la présidentielle ont été sélectionnés par le pouvoir lui-même afin de participer à la campagne électorale.

Il ne s'agit pas de devoir choisir entre Ahmadinejad ou Moussavi mais bien de soutenir les objectifs démocratiques des protestations populaires. Ahmadinejad, le candidat de la fraction la plus conservatrice de l'élite dirigeante, soutenu par le Guide Suprême Ali Khamenei, bénéficie d'appuis importants dans les secteurs populaires du fait de sa rhétorique populiste et de ses politiques assistantialistes qui permettent à des millions de pauvres de survivre. La démagogie d’Ahmadinejad, qui prétend « représenter les déshérités en s’opposant à l’impérialisme des puissances occidentales », ne doit pas faire illusion.

Mais Moussavi, le « réformateur », n’est pas beaucoup plus fréquentable. Il semble compter sur un soutien plus important parmi les classes moyennes, du fait de ses déclarations favorables aux libertés politiques, mais aussi à la libéralisation de l'économie. Moussavi a pourtant été le premier ministre de la République islamique entre 1981 et 1989, à l’époque où des dizaines de milliers d’opposants, en particulier militants ouvriers et de gauche, des droits des femmes et des minorités nationales, avaient été massacrés dans les geôles du régime. Les différences entre ces deux rivaux ont donc plus à voir avec une question d'intérêts et de stratégies divergentes entre différentes factions de l'élite dirigeante quant à l'avenir du régime et face aux difficultés économiques croissantes.

La dénonciation de la répression menée par le régime iranien contre les protestations populaires ne doit pas être confondue avec un appui à l'attitude hypocrite des puissances impérialistes occidentales, Etats-Unis et Union Européenne en tête. Ces mêmes puissances n'ont pas levé le moindre petit doigt contre Israël lors du massacre commis contre le peuple palestinien à Gaza. Elles sont toujours disposées à « défendre la liberté et la démocratie » face à des régimes « ennemis » tout en justifiant les pires crimes et la répression féroce des régimes « amis ».

Dans ce sens, nous condamnons également l'attitude cynique et criminelle du gouvernement belge, qui verse des larmes de crocodiles sur la répression mais qui, dans le même temps, a décidé de fermer son ambassade en Iran et de fermer ses frontières pour les Iraniens qui fuient cette même répression.

Il faut dénoncer les visées impérialistes de ces puissances dans toute la région du Moyen-Orient et leur utilisation systématique d'une double morale et d'une politique de deux poids deux mesures, et mettre en garde et dénoncer toute forme de manipulation des protestations de leur part ou d'intervention directe.

La solidarité est aujourd'hui urgente et nécessaire envers ceux et celles qui affirment courageusement leur opposition au régime et à la fraude électorale. Nous dénonçons la répression sanglante qui les frappe et exigeons la libération de tous les manifestant/es arrêtés.

C'est sur base de ces mots d'ordres que la LCR participe et appelle à participer aux actions de protestation en Belgique.

Ligue Communiste Révolutionnaire (LCR)

24 juin 2009

Voir ci-dessus