Bureau de poste de Laeken: Trois jours de grève pour le droit au respect
Par Serge Alvarez le Vendredi, 05 Novembre 2010 PDF Imprimer Envoyer

Au bureau de La Poste à Laeken, depuis l’arrivée du nouvel OPM (responsable de bureau) en 2008, des réunions hebdomadaires de concertation se sont tenues entre les délégués syndicaux et l'OPM pour examiner les nombreux problèmes locaux. Au bout d'un certain temps, il a bien fallu constater que nos propositions n’étaient jamais entendues. Les procès-verbaux de réunion, rédigés par l’OPM, étaient partiaux et ne reflétaient pas le contenu des réunions, jusqu’à en être mensongers. De plus n’étaient retenues que les remarques qui lui convenaient.

Devant cette absence d’honnêteté intellectuelle, les délégués locaux ont décidé depuis un an de boycotter ces réunions bidon car elles n'apportaient rien et faisaient perdre du temps dans la préparation du travail. De plus, lorsqu’on interpelait l'OPM sur des problèmes, il voulait à tout prix savoir quel facteur se plaignait, sans quoi il nous traitait d’affabulateurs. Il considérait le personnel, l’équipe de nuit, celle de jour et les deux employés comme des tire-au-flanc dépourvus de motivation lors des surcharge de travail, et d'une manière générale comme des incompétents.

L'OPM avait pris l'habitude de s'adresser individuellement au personnel, sans témoins, à dessein afin de dresser les travailleurs les uns contre les autres et de tenter de diviser la délégation syndicale. A tel point que nous avions même demandé à notre permanent syndical de nous fournir un magnétophone pour enregistrer les propos de l'OPM. Bien que ces faits aient été relatés aux réunions entre la direction régionale et les permanents régionaux, rien ne bougeait.

Le jeudi 30 septembre, lendemain de la manifestation syndicale européenne, l'OPM de Laeken a exigé que les facteurs, en grève la veille, distribuent les 2 jours de courrier en retard. Cela a provoqué un premier arrêt de travail. Mardi 5 octobre, nous avons fait à nouveau grève pour protester contre la pénurie de personnel et la mauvaise gestion du bureau. Rien n’y fit. La direction régionale a continué à considérer que, comme dans beaucoup de bureaux, cela était dû uniquement à la pénurie de personnel. Elle a promis l’engagement de 50 intérimaires sur Bruxelles et d'un nouveau chef facteur sur le bureau de Laeken pour répartir les tâches.

Comme toutes ces promesses restaient en l'air, nous sommes partis en grève le lundi 25 octobre. Tout le bureau a fait grève pendant trois jours. Les camions arrivant de Bruxelles X ont été bloqués et par conséquent aucun courrier n'a été déposé au bureau de poste. L'OPM a envoyé un huissier au piquet afin de nous intimider. Mais cet huissier était seul et sans ordonnance judiciaire. Cette provocation a donc échoué, et de notre côté, nous avions déjà donné nos consignes aux travailleurs.

Le troisième jour de grève, la direction régionale a proposé une réunion d'urgence au cours de laquelle elle a reconnu n'avoir pas pris en compte nos revendications et avoir sous-estimé l'ampleur des problèmes dans notre bureau. Elle s'est engagée à recruter à court terme le nouveau chef facteur déjà promis et à être plus à l'écoute des représentants du personnel.

Les chefs facteur (Team Leader) seront désormais nos interlocuteurs plutôt que l’OPM. Plus question de récupérer le retard de distribution en un jour. Les réunions avec les délégués se feront avec la direction régionale, le PV devra refléter la réunion de manière objective et les interventions de chacun devront y être fidèlement mentionnées.

Cette grève qui n'a touché qu'un seul bureau bruxellois a cependant eu des échos dans les autres bureaux de l'agglomération. Etant donné que le camion arrivant de Bruxelles X ne pouvait pas décharger le courrier à Laeken, il a pris pendant plusieurs jours du retard dans l'acheminement du courrier vers les autres bureaux.

Il faut mentionner que pendant trois nuits consécutives, un usager de notre bureau est venu nous soutenir au piquet. Cela montre les possibilités de gagner la sympathie des usagers lors de grèves à La Poste, si les organisations syndicales prennent la peine d'informer le public sur nos mauvaises conditions de travail et sur la dégradation de la qualité du service au public, comme conséquences de la course à la rentabilité et au profit.

Serge Alvarez est délégué CSC Transcom

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