Annapolis : Ce n’est pas une réunion de paix, mais un conseil de guerre
Par Michel Warschawski le Dimanche, 28 Octobre 2007 PDF Imprimer Envoyer

Pour comprendre ce qu’aborde une conférence, on pense habituellement que la question à poser est « qui participe ? ». Toutefois, je crois que la véritable question doit toujours être : « qui n’est pas invité ? ».

Une rencontre de paix afin de traiter du conflit israélo-palestinien dans lequel on n’invite pas le Hamas n’est pas une réunion de paix, mais bien un conseil de guerre contre, entre autres, le Hamas et une partie substantielle de la population palestinienne de Cisjordanie et de Gaza qui a élu majoritairement ce parti au Conseil législatif palestinien.

Le contexte stratégique de la conférence d’Annapolis est tracé par la stratégie néo-conservatrice de « guerre préventive » globale et sans fin contre la « menace islamiste » que les fondamentalistes chrétiens de droite des Etats-Unis ont élaboré. Une stratégie que les conseillers du président Bush appellent entre eux simplement et sans euphémismes, « la guerre contre l’Islam ».

Le Hamas ne constitue ainsi qu’un des objectifs auquel il faut ajouter l’Iran, le Hezbollah au Liban et probablement la Syrie, bien que le régime syrien est laïque et l’un de ceux qui ont le plus massacré d’islamistes dans tous les Etats du Proche-Orient. Mais qu’es-ce que cela change ? Pour les néo-conservateurs qui continuent à conseiller Bush, tous les Arabes sont des musulmans et tous les ennemis de Washington sont les objectifs d’une croisade destinée à défendre la « civilisation judéo-chrétienne contre la menace de l’Islam », y compris si les noms de ces ennemis sont Hugo Chavez ou Evo Morales.

Lors de sa récente visite au Proche-Orient, la Secrétaire d’Etat Condoleezza Rice en a profité pour organiser et préparer les troupes pour la guerre qui s’annonce, elle a distribué les dollars aux Etats mercenaires, menacé les récalcitrants et donné ses instructions au gouvernement israélien. Le « front des Etats modérés », comme on appelle sans honte les serviteurs de Washington, se prépare à la guerre et la conférence d’Annapolis n’est qu’un des premiers jalons.

Cependant, un élément majeur semble absent des préparatifs US : quel sera la réaction iranienne et les coûts, tant humains que matériels, d’une telle guerre ? Téhéran n’est pas Gaza et l’Iran dispose de moyens lui permettant de répondre à une agression israélo-US. Les habitants de Tel Aviv pourraient bien êtres ceux qui payeront un prix très élevé pour les plans lunatique de George W. Bush. Ce qui, à vrai dire, ne le préoccupe guère.

La dernière déclaration du fou de la Maison Blanche donne froid dans le dos : il met en garde contre « une IIIe guerre mondiale » ! « Mettre en garde » est une expression néo-conservatrice qui signifie en réalité « menacer ». Bref, immergé dans un état de démence absolue, Bush menace de commencer une guerre nucléaire au Proche-Orient qui pourrait facilement s’étendre au reste du monde.

Avec un cynisme total,  les néo-conservateurs présentent cette guerre comme un conflit « pour défendre les Juifs ». Autrement dit, les Juifs servent de prétexte et de première ligne pour une nouvelle croisade dirigée par des chrétiens fondamentalistes « en défense de la civilisation judéo-chrétienne »…

Non merci ! Nous, les Juifs, nous devrions payer deux fois un prix très élevé pour cette guerre : en premier lieu en tant que bataillon avancé des « croisés » et en second lieu en tant que victimes expiatoires lorsque la guerre sera un échec. Car il ne fait aucun doute que lorsque cette aventure belliqueuse s’achèvera dans un sanglant fiasco, les mêmes dirigeants qui utilisent les Juifs comme prétexte les accuseront de leur échec ! Il n’est pas nécessaire d’être un prophète pour prédire que les fondamentalistes chrétiens qui entourent Bush et impulsent le « choc des civilisations » - des supers sionistes qui sont à la fois profondément antisémites – rendront les Juifs coupables de la crise à laquelle leur sainte croisade contre l’Islam amènera le monde occidental.

Une voix haute et claire en Israël et dans la planète entière doit se faire entendre afin de dire « Pas en notre nom ! N’utilisez pas les Juifs comme prétexte pour votre agression impérialiste ! ». Malheureusement, à Annapolis, les deux Ehuds, Olmert et Barak, feront exactement le contraire et joueront le jeu de la propagande des pires antisémites de notre ère, ceux qui sont prêts à utiliser les Juifs comme prétexte et principal instrument pour une IIIe guerre mondiale.

Que Dieu ou n’importe quoi qui puisse arrêter cette folie nous aide.

Traduction : LCR-Web

Michel Warshawski est un militant israélien anti-sioniste et anti-impérialiste de longue date. Il est co-fondateur de l’Alternative Information Center de Jérusalem dont il est actuellement co-directeur.

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