Les indigènes contre les multinationales du charbon
Par Sébastien Brulez le Samedi, 04 Février 2006 PDF Imprimer Envoyer

Le vendredi 27 janvier, les indigènes de l'Etat de Zulia, au Venezuela, ont manifesté contre l'exploitation des mines de charbon de leurs régions par les multinationales étrangères. Selon ceux-ci, cela impliquerait des déplacements importants de populations et des problèmes écologiques non négligeables. Ils étaient soutenus dans leur marche par certaines organisations du Forum social mondial, du Forum social alternatif et par les médias communautaires.

Contrairement à ce que voudraient nous faire croire les médias commerciaux européens, les médias communautaires vénézuéliens de sont pas des organes de propagande du gouvernement, ils font partie du secteur critique de la population qui appuie la révolution bolivarienne mais qui lutte activement pour qu'elle soit plus juste, plus radicale et incluechaque jour plus de citoyens.

La preuve nous en a été donnée ce vendredi où de nombreux médias communautaires avaient rejoint le rassemblement des indigènes de l'Etat de Zulia, sur la Plaza Bolivar à Caracas. Ricardo Marquez, journaliste à Catia TV (une télévision communautaire du quartier populaire de Catia, dans la capitale), nous explique le motif de cette mobilisation : "Nous sommes ici pour appuyer les camarades Guayu de l'Etat de Zulia. Ils luttent contre l'exploitation du charbon sur leurs territoires ancestraux. Bien que nous soyons dans un pays riche en réserves pétrolières, un général de Corpo Zulia s'est entêté à vouloir exploiter, avec Corpo Zulia, le charbon de cet Etat. Chose qui nous parait totalement désastreuse, qui va déplacer les personnes de leur région et qui va créer un désastre écologique pour le Fleuve Corui. Nous sommes donc là pour dire que nous ne sommes pas d'accord et que nous appuyons nos frères indigènes."

La lutte du peuple pour le respect de ses droits

Selon Ricardo, si le Président Chavez sait réellement ce qui se passe là-bas, il ne va pas appuyer ces concessions. "Il nous parait important que le Président sache ce qui se passe. Et le but de cette manifestation est qu'il soit mis au courant directement par la population indigène.

De nombreuses télévisions et radios communautaires sont présentes ici et nous appuyons tous cette lutte car elle est en phase avec notre objectif, la lutte du peuple pour le respect de ses droits" commente-t-il.

Joel Hernandes, indien de l'Etat de Zulia, nous explique pourquoi il a fait le déplacement : "Nous sommes là pour faire entendre notre voix auprès des autorités mais également auprès des médias communautaires. Afin que tout le monde sache ce que nous vivons là-bas, à cause des entreprises multinationales carbonifères qui menacent notre mode de vie, notre terre,  notre eau, etc. Ce que nous demandons au gouvernement c'est qu'il annule toutes les concessions minières de l'Etat de Zulia et des régions voisines."

D'autres associations, non liées au mouvement indigène étaient également présentes en signe de solidarité. C'était le cas du Mouvement Alexis Vive, créé en mémoire d'un militant ayant toujours lutté pour les revendications du peuple. L'un des membres du mouvement nous commente : "Nous partons du fait que la véritable transformation se fait depuis la base de la société.

Nous sommes un groupe qui, en tant que mouvement social, s'articule avec la collectivité. Nous sommes issus du quartier 23 de enero où nous travaillons et nous organisons avec les associations de quartier, les mouvements populaires, etc. Nous sommes là pour échanger des idées et proposer des solutions aux problèmes actuels de la société, aux problématiques qui se vivent au quotidien dans les quartiers populaires. Nous appuyons pleinement le processus de révolution bolivarienne qui est en cours ici au Venezuela et serions capable de donner notre vie pour le défendre. Mais aujourd'hui nous apportons notre appui aux compagnons indigènes qui luttent contre l'expropriation de leurs communautés à cause de l'exploitation du charbon  dans l'Etat de Zulia. Nous pensons que l'espace de chaque personne doit être respecté, afin que chacun puisse intégrer la collectivité."

Selon Natalie Vasquez, manifestante venue de l'Etat de Yaracui, la forêt de Perija concernée elle aussi par cette exploitation du charbon constitue une partie importante du poumon végétal de la région. "Nous pensons qu'il est injuste de faire de telles concessions aux entreprises multinationales, nord-américaines en particulier, au détriment de notre culture, de notre  identité et de nos peuples indigènes" affirme-t-elle. Ces déplacements de populations affecteraient plusieurs communautés indigènes. Natalie Vasquez évalue à plus ou moins 200 000 personnes le nombre de personnes concernées.

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