Philippe Poutou : « un ouvrier candidat, pas le candidat ouvrier »
Par Daniel Minvielle, NPA le Dimanche, 17 Juillet 2011 PDF Imprimer Envoyer

C’est par ces mots de Philippe Poutou que se termine l’article de Libération du mardi 28 juin qui lui est consacré, intitulé: Philippe Poutou, un ouvrier pour relancer la machine. La «machine» en question, c’est le NPA, décrit dans un autre article de la même édition comme ayant connu, lors de la conférence nationale du week-end dernier «une nouvelle fracture. Peut-être la dernière»... résultat de deux années au cours desquelles le NPA aurait «dilapidé» tout un «capital militant». Deux ans au cours desquels le NPA aurait réduit à néant «l’espoir» mis par beaucoup dans une formation qui promettait alors d’être «e relais du mouvement social, orphelin de débouchés politiques»...

La presse se complaît à accentuer les tensions provoquées par les débats démocratiques qui divisent aujourd’hui notre parti. Mais elle comprend aussi que la candidature de Philippe est l’occasion pour la grande majorité des camarades de se rassembler, sans taire les divergences ni clore les débats bien évidemment. La vraie crise n’est pas au sein du NPA mais secoue toute la société, et face à cette crise, les militantEs ont envie de faire vivre l’unité du parti, dans l’action, pour porter les idées et le programme qui nous réunissent.

Philippe rend concrète et crédible cette perspective. «Ouvrier candidat», il répond au besoin, à la nécessité d’appeler ceux d’en bas, les classes exploitées et opprimées, à relever la tête, à se battre pour leur droit, ce besoin, cette nécessité dont parlait Olivier Besancenot dans la lettre où il annonçait son choix de ne pas être candidat. Le relais est passé, et il est bien passé, les premières réactions qu’il a lui-même recueillies auprès de ses camarades de travail, que chacune et chacun ont pu entendre, en témoignent.

Cela ne surprend pas quand on sait que Philippe est un militant dont toute la vie, depuis sa prime jeunesse, a été marquée par la révolte contre les injustices sociales, l’aspiration à d’autres rapports humains, une autre société. Fils d’une famille populaire, son père, à la retraite aujourd’hui, était postier, il a commencé à militer dès l’âge de 17 ans, avec des copains se disant anarchistes avant de rejoindre le groupe Lutte ouvrière de Bordeaux. Il en est exclu en mars 1997, avec la quasi-totalité des militants de Bordeaux et de Rouen pour avoir pris au sérieux l’appel d’Arlette Laguiller à construire un nouveau parti des travailleurs, pour avoir voulu poursuivre, alors que la direction effectuait un repli sur elle-même, la construction d’un regroupement des forces révolutionnaires, l’unité Lutte ouvrière-Ligue communiste révolutionnaire. Il participe alors à la construction et à la vie du groupe Voix des Travailleurs qui poursuit cette politique. En juillet 2001, la fusion-intégration avec la LCR en est l’aboutissement. Une étape puisque Philippe a ensuite pris toute sa place dans la construction du NPA, il est membre de la direction départementale girondine.

La vie politique de Philippe est intimement liée à son combat social. Après des années de galère et d’intérim, il est embauché à l’usine Ford de Blanquefort, près de Bordeaux, en 1996, où il devient un militant syndical actif, sans renoncer pour autant à son combat politique. Pour lui, militantisme social et militantisme politique sont indissociables. Il a été candidat à diverses élections, pour la LCR, puis pour le NPA, entre autres comme tête de liste en Aquitaine lors des dernières régionales, tandis qu’il poursuivait, en tant que secrétaire de la section CGT de Ford, le combat que mènent, depuis plusieurs années, les salariés de l’usine contre sa fermeture, multipliant les initiatives – dont deux «descentes» au salon de l’automobile –, cherchant à s’associer, en permanence et avec succès, le soutien des autres salariés, l’aide des autres forces politiques de gauche et celle des collectivités locales.

Alors oui, Philippe est un ouvrier candidat, un «candidat du mouvement social», un travailleur qui fait de la politique. Comme à l’occasion de chaque combat quotidien, il sait qu’une fois encore il aura à contribuer à rassembler les forces, à l’intérieur de notre parti bien sûr, mais plus largement les forces du monde du travail et de la jeunesse pour faire face à la crise provoquée par les politiques des classes dominantes et porter une autre perspective.

Publié dans : Hebdo Tout est à nous ! 109 (30/06/11)


Philippe Poutou, candidat du NPA à la présidentielle

Déclaration de la Conférence nationale du NPA pour l'élection présidentielle

En Grèce, en Espagne et dans l’ensemble du monde arabe, des millions de manifestants s’opposent aux politiques des classes dominantes et des Etats pour faire payer la crise aux travailleurs et aux peuples. En France, le patronat, Sarkozy et son gouvernement sont engagés dans des attaques violentes et réactionnaires contre les travailleurs, les travailleuses, toutes les femmes, les jeunes et les immigréEs.

Le NPA n’a de cesse, depuis sa création de proposer l’unité la plus large pour s’opposer à ces attaques, d’impulser et de participer à tous les cadres unitaires qui permettent d’être utile dans ce sens.

A l’occasion des élections qui viennent, présidentielles et législatives, nous voulons prolonger ces batailles quotidiennes en faisant entendre la voix des exploitéEs et des oppriméEs, du monde du travail, des immigréEs, des femmes, de la jeunesse, de toutes les victimes de l’austérité mise en place par un État soumis aux banques et au patronat, qui utilise le racisme et la xénophobie pour nous diviser. A partir des positions débattues et adoptées par notre parti depuis sa fondation, nous défendrons un programme de rupture avec le capitalisme, pour un autre partage des richesses, pour que les salariéEs et l’ensemble de la population ne paient pas la crise. C’est un programme pour les luttes, pour leur généralisation. C’est la seule voie, face à la crise sociale, politique et écologique qui ne saurait se résoudre dans le cadre d’une alternance, du respect des institutions et de la propriété privée. Un programme qui ne pourra être porté que par un gouvernement des travailleurs-ses, car seul leur contrôle et leur intervention directe peuvent renverser le système et changer le monde.

Dans ce contexte, la Conférence nationale du NPA présente la candidature de Philippe Poutou à l’élection présidentielle, militant du NPA, ouvrier syndicaliste qui anime depuis des années la lutte contre la fermeture de son entreprise face à un des premiers groupes industriels mondiaux de l’automobile. Il est un candidat anticapitaliste, féministe, écologiste, antiraciste, internationaliste.

Dans ces campagnes, le NPA fera entendre une voix qui condamne sans ambiguïtés les politiques d’austérité, qu’elles soient menées par la droite ou, comme en Grèce et en Espagne, par la gauche. Une voix totalement indépendante du PS et de ses alliés. Le NPA exige l’annulation de la dette, l’expropriation des banques, leur socialisation en un seul service public financier sous le contrôle de la population et des salariéEs mobiliséEs, la défense et l’amélioration des services publics aujourd’hui attaqués sous le prétexte de la dette.

Il souhaite faire entendre une voix, qui s'appuyant sur leurs mobilisations, défende les intérêts des salariéEs contre les suppressions d'emplois, pour l'interdiction des licenciements, la partage du temps de travail et pour des augmentations de salaires (300 euros nets d’augmentation, aucun salaire en dessous 1600 euros nets, indexation des salaires sur les prix) et pour en finir avec la souffrance au travail.

Une voix qui, quelques mois après la catastrophe de Fukushima, exige la sortie du nucléaire et l’expropriation d’EDF, GDF-Suez, Areva, Total… en un service public permettant une planification énergétique.

Une voix pour l’égalité des droits, pour la régularisation de tous les sans papiers, contre toutes les lois et les discours racistes, notamment la stigmatisation des Roms et des Musulmans. Une voix qui combatte le Front National, qui cache son soutien à toutes les attaques capitalistes derrière un discours pseudo-social.

Une voix qui dénonce et combatte fermement l’oppression des femmes, lutte contre toutes les discriminations et violences qu’elles subissent dans la sphère publique comme privée. Une voix qui lutte contre les discriminations que subissent les personnes lesbiennes, gays, bi, transgenres et inter sexes.

Une voix qui refuse la toute puissance du patronat et des banques, qui se bat pour une démocratie réelle, comme l’exigent les Indignés de la Puerta del Sol à Madrid, les manifestants grecs de la place Syntagma et les révolutionnaires du monde arabe. Une voix qui exprime sa solidarité avec toutes les luttes des opprimés, à commencer par celle du peuple palestinien.

Une voix pour construire une autre Europe, fondée non sur la concurrence mais sur la solidarité. Une Europe des travailleurs et des peuples. Une voix qui s’oppose aux interventions militaires et économiques de l’impérialisme français.

Dans les prochaines échéances électorales, nous ferons entendre un programme d’urgence, nous défendrons une politique aussi fidèle aux intérêts des travailleurs, que la droite et l’UMP, actuellement au gouvernement, le sont aux intérêts des riches.

Nous avons devant nous une bataille difficile et bien des obstacles. Dans un premier temps nous devons réussir toutes et tous ensemble à surmonter le barrage des 500 parrainages d’élus que la loi antidémocratique nous impose. Des divergences se sont exprimées au cours de la préparation de la Conférence nationale et en son sein. Notre parti doit maintenant se rassembler autour des exigences fondamentales qui nous réunissent.

Notre campagne associera une direction collective et des porte-paroles de campagne, dont nos deux porte-paroles nationales et Olivier Besancenot. Elle s’appuiera sur l’ensemble du parti. Nous appelons toutes celles et ceux qui le souhaitent à prendre leur place dans notre combat collectif.

Nanterre, le 26 juin 2011.

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