Irlande: le Fianna Fail sanctionné, la gauche radicale progresse
Par Georges Kopp le Mercredi, 02 Mars 2011 PDF Imprimer Envoyer

Moins spectaculaires que la révolution dans les pays arabes, mais tout aussi symptomatiques des turbulences politiques actuelles, les résultats des élections législatives anticipées du 26 février en Irlande sont là: le parti au pouvoir, le Fianna Fail, seul ou en coalition pour la plus grande partie de l'histoire de l'Irlande indépendante, s'est effondré tandis que la gauche et la gauche radicale connaissent une progression importante.

De plus de 40% des voix en 2007, le parti du premier ministre Brian Cowen, grand architecte de la politique économique d'avant la crise, est passé à seulement 15%. Les 70 députés du parti sont réduits à une vingtaine (à Dublin, il passe de 15 à un seul!), alors que leurs alliés, le parti des Verts sont tout bonnement éliminés du Parlement.

Il est vrai que le principal bénéficiaire de cette implosion est un autre parti de droite, Fine Gael, avec 36% des voix. Mais à gauche, ce sont le Labour Party (traditionnellement à la traîne de l'un ou l'autre des deux grands partis bourgeois), avec 20%, et le Sinn Fein (10%), qui ont le mieux réussi le test électoral, avec une participation élevée.

Avec une campagne axée à gauche, le parti nationaliste Sinn Féin  de Gerry Adams a obtenu des résultats historiques en multipliant comme jamais sa représentation parlementaire, de 4 à 14 sièges. Il est passé de 143.000 votes en 2007 à 220.000, soit une augmentation de 50%, passant de 6,9% à 10% des voix.

Mais il y a aussi les résultats de la gauche radicale, celle qui refuse les mesures d'austérité et appelle à la résistance des travailleurs. Pour ces élections anticipées, la gauche radicale s'était présentée unie au travers d'un front électorale: la « United Left Alliance » (ULA, « Alliance de la Gauche Unie »); constituée principalement par les organisations trotskystes d'une part, le Socialist Party (CIO, organisation soeur du PSL en Irlande), le People Before Profit (PBP, « Les gens avant le profit », organisation soeur du Socialist Workers Party britannique), soutenus également par Socialist Democracy (IVe Internationale en Irlande) et, d'autre part, par la Workers and Unemployed Action Group (WUAG), un groupe de travailleurs et de chômeurs de Tipperary qui ont quitté le Labor Party.

L'ULA présentait 20 candidats dans une vingtaine de circonscriptions, bien que n'apparaissant pas sous ce nom car l'alliance n'a pas été officiellement enregistrée comme un parti politique. Chaque candidat apparaissait donc sous l'étiquette de son organisation respective: 9 du SP, 9 du PBP, 1 de la WUAG et 1 SD. Au total, l'Alliance de la Gauche Unie a obtenu près de 50.000 votes, soit 2,5% des suffrages (plus que le Parti vert, qui obtient 41.000 votes, 1,8%)

Avec un système électoral proportionnel, cette coalition entre ainsi au parlement avec un groupe de cinq députés. Du Socialist Party: Joe Higgins (déjà élu au parlement européen en 2009) élu à Dublin-Ouest  et Clare Daly à Dublin-Nord; du People Before Profit:  Joan Collins à Dublin Sud-Central et Richard Boyd Barrett à Dún Laoghaire; et enfin Seamus Healy, du WUAG, à Tipperay-Sud.

Il est clair que la gauche radicale et le Sinn Féin, ont réussi à capter électoralement une bonne partie du mécontentement populaire face à la crise et aux mesures d'austérité drastiques imposées par le gouvernement Fianna Fail-Verts, sous la houlette des requins capitalistes que sont les banquiers, les spéculateurs et leurs valets du FMI, de la Banque centrale européenne et de l'Union européenne.

Voir ci-dessus