Journée d'évocation de la grève de 60-61: « Tirer les leçons pour les grandes batailles à venir »
Par Formation Léon Lesoil le Lundi, 06 Décembre 2010 PDF Imprimer Envoyer

Le samedi 4 décembre, la Formation Léon Lesoil organisait – en collaboration avec le Centre Ernest Mandel – une journée d'évocation et de témoignages consacrée au 50e anniversaire de la « grève du siècle » de 1960-1961. Malgré les conditions climatiques peu clémentes, près de 150 personnes, de toutes les générations, ont participé au programme de cette journée, décliné en deux séances plénières, trois ateliers ainsi qu'une projection du film « Combattre pour nos droits », de Frans Buyens.

D'emblée, le sens de cette journée d'hommage a été mis en lumière par Denis Horman, journaliste à « La Gauche », en citant Ernest Mandel au lendemain de la grève de 60-61: « Si l’adversaire étudie avec soin les leçons de cette grande grève, nous manquerions à notre devoir en omettant de nous préparer, comme eux, aux grandes batailles à venir. C’est froidement, sans passion, sans visées personnelles, mais aussi sans fausses pudeurs et sans vouloir cacher les faiblesses apparues, que nous devons tirer les leçons de cette expérience si riche en enseignements divers ».

Denis Horman et Peter Veltmans, permanent CGSP et collaborateur à « Rood », ont bien mis en lumière le contexte historique, les principales étapes, les événements saillants et la dynamique de la « grève du siècle ». Ce premier panel a été concrètement illustré, de manière vivante, parfois humouristique ou émouvante, par les témoignages de 6 acteurs et actrices de cette lutte historique: Gilbert Leclercq, qui travaillait dans le secteur du bâtiment et fut président du comité régional des Jeunes Gardes Socialistes (JGS) dans la région du Centre; André Henry, jeune travailleur à Glaverbel-Gilly, qui militait aux JGS et chez les Jeunes métallos, mouvement de jeunesse FGTBiste ; Lucien Perpette, employé et militant syndical à Cockerill Liège et membre de la JGS; Francine Dekoninck, qui, à l’époque, commençait sa vie professionnelle comme infirmière dans le secteur hospitalier à Bruxelles; Lucien Van Espen, qui était ouvrier métallo FGTB dans une usine à Vilvorde et enfin Miel Daniels, tramwayman à Anvers.

Les participant-e-s se sont ensuite réparti-es dans trois ateliers pour aborder de manière plus approfondie l'opposition de gauche au sein du PSB et le programme de réformes de structure anticapitalistes; le rôle de la JGS et de la jeunesse en général dans la grève et enfin les questions stratégiques liées à cette dernière, au travers des orientations développées par notre courant, « La Gauche », le Parti communiste et André Renard. Là aussi, des camarades ont animé ces ateliers pour faire part de leur expérience; Georges Dobbeleer, président national des JGS en 60-61 et Mathieu Desclin, JGS à Uccle. D'autres témoins et acteurs-trices de l'époque y ont activement pris part, comme Thierry Delforge et Louise Gotovitch, à l'époque militant-e-s du Parti Communiste ou encore Gustave Dache, auteur d'un ouvrage polémique sur la grève. Les débats ont bien mis en évidence les divergences d'analyses, dans un climat serein et démocratique.

Lors de la dernière séance, après un résumé des trois ateliers et un hommage aux camarades disparus, Bruno Dewit et Céline Caudron, membres de la direction de la LCR-SAP ont pris la parole pour le meeting final afin de tirer les principales leçons pour aujourd’hui de la grève de 60-61. Tout en soulignant les différences de contexte, nos camarades ont mis en avant la nécessité, aujourd’hui comme hier, d'unifier dans et par la lutte le mouvement ouvrier, FGTB-CSC, au Nord et au Sud du pays, mais aussi en lien avec les mobilisations actuelles ailleurs en Europe. D'autre part, une préparation idéologique - une nouvelle « Opération Vérité » et programmatique - en actualisant le programme de réformes de structure anticapitalistes - est vitale pour que puisse se développer un vaste front de résistance.

Bien que les difficultés sont importantes - l'absence d'une gauche syndicale de combat, structurée et unfiée face à l'inertie et au poids des appareils syndicaux bureaucratiques, ou encore l'absence d'une alternative et d'un débouché politique anticapitaliste -, il n'y a pas d'autre issue: seul un mouvement de lutte d'ensemble, interprofessionnel et intergénérationnel pourra s'affronter avec succès à l'offensive capitaliste, à la fois contre l'austérité et les menaces de réformes anti-sociales de l'Etat. Le mouvement ouvrier a donc tout intérêt à se ressourcer et à s'inspirer de ses meilleures traditions, qui se sont particulièrement bien exprimées dans la « grève du siècle ».

Au final, cette journée fut une réussite, tant par la participation, le contenu ou son déroulement. La Formation Lesoil diffusera sous peu sur ce site un reportage vidéo et audio sur l'ensemble de cette activité d'hommage et de témoignages. Signalons par ailleurs qu'elle a réédité sous forme de brochure une analyse marxiste de la grève, réalisée à l'époque par Ernest Mandel. Et rappelons, enfin, que le journal « La Gauche » consacre dans son dernier numéro un intéressant supplément spécial sur 60-61. Autant d'outils pour transmettre aux nouvelles générations les enseignements d'un des plus hauts exemples de combativité de la classe ouvrière de ce pays.







Photos : Guy Van Sinoy et Dirk Cosyns

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