France: De la LCR au Nouveau Parti Anticapitaliste
Par Dossier le Samedi, 31 Janvier 2009 PDF Imprimer Envoyer

Le XVIIIe Congrès national de la LCR, notre organisation-soeur en France a comme enjeu central le dépassement de la LCR dans le cadre du nouveau parti anticapitaliste (NPA), dont le congrès de fondation se déroulera immédiatement après, du 6 au 8 février 2009. Ces deux congrès, l'un de dissolution et l'autre de fondation, constituent pour notre courant et au-delà un moment historique et dont l'importance dépasse les frontières hexagonales. Pour saisir la mesure et les débats que ce double mouvement suscite, nous publions ci-dessous un dossier constitué par une analyse de Pierre Rousset sur le processus qui a mené à la naissance du NPA; un appel en forme de «bilan historique» de membres de l'ancienne génération sur la Ligue; ainsi que les plateformes des deux tendances qui se sont constituées pour le congrès de dissolution de la LCR.

Qu'y a-t-il de neuf dans le processus de construction du Nouveau Parti Anticapitaliste?

Par Pierre Rousset

En juin 2007, en France, la Ligue communiste révolutionnaire (LCR) a lancé un appel à la constitution d’un Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA). Un an plus tard, un milliers de délégués se sont retrouvés à Paris pour donner une dimension nationale à un processus initié d’en bas. Début novembre 2008, des représentants d’environ 400 comités locaux se sont réunis à nouveau pour discuter de trois documents : références programmatiques, orientation politique, statuts et fonctionnement du NPA. Il semble que quelque 10.000 militant(e)s sont actuellement engagés dans le processus – soit trois fois plus que le nombre total de membres de la LCR –, méfions-nous cependant de l’attrait des chiffres ronds. Les personnes qui manifestent leur intérêt pour le NPA sont sans aucun doute très nombreuses, mais il est trop tôt pour savoir combien d’entre elles s’y investiront durablement et combien de comités fonctionneront assez bien pour les accueillir. Il est par ailleurs probable que de nouvelles vagues d’adhésion se produiront après la fondation du nouveau parti.

L’impact politique du NPA est fort important. Dans une série d’endroits, ce parti en constitution est très actif et commence déjà à remplacer de facto la LCR. Le 6 novembre 2008, il a tenu son premier meeting public à Paris avec plus de 2.000 participants. Le 15 novembre, ils étaient 1.500 à Montpellier, dans le sud de la France. Ce sont des chiffres de participation importants, parfois plus encore que durant la campagne présidentielle de la LCR en 2007. Bien entendu, certaines régions n’avancent pas du même pas et le processus est parfois plus lent.

Le processus décidé est celui d’une dissolution politique de la LCR et d’un congrès de fondation du NPA. Tout se passe pour l’heure bien. La rapidité avec laquelle le processus du NPA va de l’avant est frappante. Il répond de tout évidence à une attente politique. Ce n’est pas la première fois que cette attente, ce besoin de « neuf », est perceptible mais, ces dix dernières années en France, toutes les précédentes tentatives de construire un parti anticapitaliste qualitativement plus large que la LCR ont échouée. Pour surmonter ces échecs, la Ligue a décidé de tenter une nouvelle voie – si nouvelle qu’elle ne l’avait jamais envisagé auparavant.

Après que tous les autres scénarios aient échoués…

La LCR a joué un rôle clef dans le lancement du NPA. Il peut donc être utile de revenir sur la façon dont cette organisation avait, dans le passé, envisagé la formation d’un parti révolutionnaire socialement enraciné dans de larges secteurs de la société. Je parle ici du point de vue de ma génération en voie d’étiolement (ladite génération de Mai 68). Elle n’est déjà plus « aux commandes » dans la LCR ou le NPA mais son héritage historique doit être pris en compte, notamment pour analyser ce qu’il y a aujourd’hui de « neuf » dans le processus en cours.

Je vais donc commencer par présenter – mais de façon brève, simplifiée et schématique, – comment nous avons envisagé les choses auparavant. Dans les années 1960, ma génération a créé de nouvelles organisations dynamiques et radicales – mais elles étaient en France petites : commençant généralement à quelques centaines, elles ont atteint au maximum les 5 à 10.000 membres avant de décliner (voire de se dissoudre). A la fin des années 60 et au début des années 70, nous pensions ne pas avoir de choix : des confrontations de classes décisives devant avoir lieu prochainement, il nous fallait construire le nouveau parti révolutionnaire rapidement, à chaud, dans la crise, grâce à un militantisme intense. Au milieu des années 70, nous avons dû admettre que les rythmes de l’Histoire seraient beaucoup plus lents que nous l’avions cru. Il nous fallait donc repenser la construction du parti révolutionnaire à implantation de masse dans le long terme (une révolution mentale pour notre génération).

La LCR n’a jamais cru que sa seule croissance suffirait à donner naissance à un parti révolutionnaire largement implanté dans la société. Il serait le produit d’un processus beaucoup plus large de « recomposition », de réagencement des forces, dans la gauche et le mouvement ouvrier – auquel ils nous faudrait activement participer. Nous avons envisagé trois scénarios « types ».

1. La radicalisation d’un « pan entier » des partis ouvriers de masse existants (le PS et le PC). On peut probablement dire que ce schéma a pris forme en Italie avec la création du Parti de la Refondation communiste, en réaction au glissement à droite du PCI qui prend la place d’une social-démocratie peu consistante. Mais cela n’a pas été le cas en France. La principale scission du PS (autour de Jean-Pierre Chevènement) est devenue « nationaliste de gauche » ; elle a décliné au point de perde toute substance. La crise prolongée que traverse le PCF n’a jamais permis l’émergence de quoi que ce soit de comparable avec ce qui s’est passé en Italie.

La « vielle gauche » en France s’est révélée incapable de se revivifier, même en partie. Le tout récent départ de Jean-Luc Mélanchon du Parti socialiste ne fait que le confirmer. Nous envisagions la formation d’un nouveau parti ouvrier de masse, évoluant radicalement à gauche. Mélanchon quitte le PS avec moins de membres que n’en a la LCR sur un programme de « gauche républicaine ». Il fonde le « Parti de gauche » qui d’emblée se positionne afin de participer à un gouvernement… une ambition qui pour l’heure est inconcevable sans alliance avec le PS.

2. La fondation d’un nouveau parti radical de la classe ouvrière par le mouvement syndical, avec la participation des organisations révolutionnaires existantes. C’est le « schéma brésilien » – la création du Parti des travailleurs, le PT – ou, plus récemment, le processus sud-coréen : la centrale syndicale KCTU a décisivement contribué à la naissance du Parti démocratique du Travail (Democratic Labor Party, DLP) [1]. Dans ces deux cas, l’initiative politique a été prise par un mouvement syndical « jeune », qui s’était réorganisé après une dure période de dictature militaire. En France, les principales confédérations (CGT, CFDT, FO) n’ont pas fait preuve d’un tel dynamisme.

Arrêtons-nous un instant sur ces deux premiers scénarios. Ils étaient « ambitieux » et impliquaient d’amples ruptures qualitatives au sein du mouvement ouvrier dont la petite extrême gauche ne pouvait être (seule) le moteur. Ce n’était pas des hypothèses farfelues dans la mesure où elles ont pris forme dans certains pays. Ce qu’est devenu le PT (un parti social-libéral) ne doit pas faire oublier ce qu’il fut (un grand parti de lutte de classe) et l’événement majeur qu’a représenté sa création en 1980. De même, la faillite de Refondation dans le gouvernement Prodi ne doit pas faire oublier qu’il a en son temps effectivement permis une vaste « recomposition » de la gauche italienne avec la participation de l’extrême gauche. Mais de tels exemples sont très rares : ils représentent l’exception et non pas la règle. [2]

3. Troisième scénario : deux ou trois organisations politiques significatives (tout étant relatif) de la gauche radicale appellent ensemble à la construction d’un nouveau parti. C’est notamment arrivé au Portugal (Bloc de gauche) et au Danemark (Alliance rouge et verte). C’était le plus simple et le plus crédible des trois scénarios, étant beaucoup plus modeste que les deux précédents. Pourtant, en France, il n’a quand même pas pu voir le jour, alors que qu’un espace politique existe depuis assez longtemps comme l’a montré le score d’Arlette Laguillier (5%) de Lutte ouvrière à la présidentielle de 1995 et l’extraordinaire score cumulé (10%) d’Arlette Laguillier et d’Olivier Besancenot à celle de 2002.

Une première raison explique de l’impasse française en ce domaine : la LCR est la seule organisation d’extrême gauche directement issue de la radicalisation des années 1960-1970 qui souhaitait sa mise en œuvre. Les deux autres organisations « survivantes » de cette période (Lutte ouvrière –LO– et le courant lambertiste) ne sont tout simplement pas intéressées par une telle perspective. [3]

Une importante et nouvelle ouverture politique a néanmoins eu lieu en France après la victoire, en 2005, du « non » au référendum sur le projet – néolibéral, antidémocratique et militariste – de Constitution européenne (un événement !). Une forte aspiration à l’unité politique s’est alors manifestée au sein de la « gauche de la gauche » – mais cette unité n’a pu se réaliser malgré deux années de négociations intensives impliquant des comités locaux et un éventail d’organisations allant du PCF à la LCR.

L’avortement du processus unitaire qui suivit la victoire du « non » a provoqué beaucoup d’amertume et de dures polémiques entre les composantes impliquées dans ces longues négociations, pour savoir qui porte la responsabilité de leur échec. Mais aujourd’hui, plutôt que de rechercher les coupables, il est préférable de réfléchir sur ce qui peut expliquer que les trois scénarios évoqués ici ont toujours échoués en France, malgré des décennies de tentatives successives. De façon à nouveau très schématique, je voudrais souligner les facteurs suivants:

Le « vieux » mouvement ouvrier politique et syndical n’a plus le potentiel de redonner une nouvelle jeunesse à la gauche radicale. Du côté des partis, les racines sociales du PS ont changé et son orientation « sociale libérale » exprime la profondeur de son intégration à la société bourgeoise. Quant au PCF, il n’a jamais véritablement affronté son passé stalinien et, de plus, se retrouve aujourd’hui électoralement et institutionnellement otage du PS : il est depuis des années en crise – mais malheureusement, il s’agit d’une crise « sans dynamisme ». Du côté des syndicats, les trois principales confédérations (CGT, CFDT, FO) sont trop bureaucratisées.

Ceci ne veut pas dire que des individus et des équipes militantes qui appartiennent au « vieux » mouvement ouvrier ne vont pas rejoindre le NPA ou un autre parti radical – en fait, un grand nombre le font ou le feront ! Mais cela veut dire que, contrairement à ce que nous espérions dans les années 1970-1980, cela ne sera pas suffisant pour « recomposer » (« restructurer ») le mouvement ouvrier traditionnel. Il va falloir le « reconstruire » d’une façon beaucoup plus profonde – ce qui est quelque chose de fort complexe!

Un « nouveau » mouvement syndical et social est apparu ces quinze ou vingt dernières années avec la naissance des SUD et de Solidaires, de la FSU, des associations de chômeurs et de « sans », de diverses composantes de l’altermondialisme. Bien qu’à des degrés variables, il porte un potentiel radical beaucoup plus prometteur. Aujourd’hui, de nombreux militants de ces mouvements affichent de la sympathie pour le projet du NPA, voire s’y engagent. En 2005-2007, un certain nombre de dirigeants syndicaux ou associatifs s’étaient impliqués dans le processus unitaire de la « gauche de la gauche » (en général, plutôt en opposition à la LCR). Cela manifestait une volonté positive de combler le fossé entre l’évolution notable du mouvement social et l’immobilisme du panorama politique français. L’enlisement puis l’échec des négociations a porté un coup d’arrêt à cet investissement.

Plus profondément, les rapports entre mouvements sociaux et partis politiques restent difficiles en France. La question de l’indépendance des syndicats et autres organisations de masse est une question particulièrement « sensible » – et ce pour de quelques mauvaises raisons (« l’illusion mouvementiste »), mais surtout pour de bonnes : les expériences passées d’instrumentalisation et de manipulation.

Pour surmonter cette impasse, pour qu’une dynamique réciproque plus effective puisse exister à l’avenir, il revient notamment aux partis radicaux comme le NPA de montrer en pratique –et de façon consistante– leur utilité et leur volonté de respecter l’indépendance et la démocratie propre des mouvements sociaux.

Il n’est pas facile de décrire ce qu’est en France la « gauche de la gauche » car peu de ses composantes sont politiquement clairement définies. Le PCF est de loin la plus grosse de ses composantes, mais il est en crise profonde, indécise. La LCR est de loin la plus importante des organisations de « l’extrême gauche » (révolutionnaire) investie dans les processus unitaires. Il y a aussi de petits groupes ou tendances, des réseaux militants informels, des équipes locales, des militants et « personnalités » individuelles… Le tout constitue une « mouvance », un « milieu » plus large qu’une simple coalition de partis.

Pourquoi, en 2005-2006, la tentative de préparer des candidatures unitaires aux élections de 2007 a-t-elle échouée ? Pourquoi l’aspiration unitaire a-t-elle sombré dans la fragmentation ? Il y a beaucoup de raisons à cela. Mais il y a une question politique centrale que l’on doit garder à l’esprit pour comprendre ce qui s’est passé : les rapports avec le Parti socialiste, les alliances électorales et la participation gouvernementale.

La question des alliances avec le social-libéralisme ou le centre gauche est clé dans des pays où la participation gouvernementale a été ou sera une option concrète pour la « gauche de la gauche » : Brésil, Bengale occidental, Italie, Allemagne, Portugal, Pays-Bas… En France, le système électoral est très antidémocratique : pour avoir une chance d’être élu au Parlement, il faut le soutien du Parti socialiste – un soutien qui n’est pas accordé gratuitement. Affaibli, le Parti communiste a d’autant plus besoin de négocier un accord avec le PS pour sauver ses positions électorales. Ceux qui veulent en priorité s’allier avec le PCF doivent l’accepter. Ils s’inscrivent alors de fait dans une perspective de bloc électoral avec le PS, même s’ils rechignent parfois à l’avouer.

La LCR –ainsi que d’autres composantes de la « gauche de la gauche »– rejette cette perspective. Elle considère que dans les rapports de forces actuels, toute participation gouvernementale se solderait par une compromission radicale avec le social-libéralisme et la gestion de l’ordre capitaliste (voir le bilan désastreux de la participation de Refondation communiste au gouvernement Prodi en Italie). Pour la LCR, il faut opposer le front de résistance sociale le plus large, le plus unitaire, à la présidence Sarkozy. Mais sur le terrain politique, proprement « partidaire », il faut en priorité renforcer un pôle radical à même d’incarner une alternative de gauche tant au social-libéralisme qu’à la droite – ce qui implique une indépendance totale par rapport au PS.

La question des alliances électorales et du PS a donc constitué –et continue de constituer– une ligne de démarcation politique majeure.

Fin 2006, la LCR semblait très isolée dans la gauche de la gauche. Début 2007, pour l’élection présidentielle, Marie-George Buffet a représenté le PCF, Dominique Voynet les Verts, Olivier Besancenot la LCR et José Bové quelques autres composantes de la « gauche de la gauche ». La campagne de Besancenot a été politiquement très dynamique et il a emporté plus de 4% des voix. Il n’y avait aucun dynamisme comparable dans celle de Buffet qui a obtenu moins de 2% (un score historiquement bas pour le PCF !). L’échec de Voynet a été patent (1,5%) ainsi que celui de Bové qui, malgré sa notoriété, a fait à peine plus de 1%, se retrouvant dernier de la classe.

Après deux ans d’intenses débats d’orientation, l’élection présidentielle a représenté un test politique grandeur nature pour la « gauche de la gauche ». Elle a donné de nouvelles responsabilités à la LCR. [4]

Les nouvelles responsabilités de la LCR

Grâce au succès de son orientation politique et de sa campagne électorale, la LCR est devenue le point de mire de la « gauche de la gauche ». La question était donc : que faire de ce succès ? La Ligue avait pour responsabilité de prendre rapidement une initiative pour que la dynamique amorcée ne soit pas perdue, comme ce fut le cas dans le passé.

A la mi-2007, malgré le test politique de la présidentielle, il était toujours impossible de se mettre d’accord avec d’autres organisations significatives pour lancer un nouveau parti anticapitaliste. Aucun appel « du haut vers le bas » n’étant possible, la LCR a décidé d’impulser un processus « de bas en haut ». Quiconque souhaitait participer à la création d’un tel parti a été invité à rejoindre un comité local pour le NPA. Le réseau des comités constituerait les fondations du nouveau parti.

Il est clair qu’il existe un espace ouvert à un parti radical qualitativement plus large que la LCR. C’est ce qu’illustre, pour une part, l’extraordinaire notoriété d’Olivier Besanenot. Olivier est un excellent candidat et porte-parole. Il ne s’agit pas tant d’un phénomène « médiatique » que politique. Etant un facteur qui reçoit sa paie comme tout le monde et entre en grève, il n’est pas perçu dans la population comme un politicien professionnel, mais comme un « co-travailleurs » (« un de nous »). Etant jeune, la jeunesse peut plus facilement entendre ce qu’il dit. Last but not the least, il est politiquement très consistant : quand, à 27 ans, il a pour la première été candidat à une présidentielle (en 2002), il était déjà membre du bureau politique de la LCR. Lors d’un débat télévisé, le jeune facteur écrase généralement les politiciens professionnels et les membres du gouvernement qui lui sont opposés. Les gens adorent!

L’une des raisons qui a permis à la LCR de prendre l’initiative du NPA est souvent ignorée. Sa direction a été profondément renouvelée. Aujourd’hui, toutes les « figures historiques » de la Ligue se sont retirées du bureau politique (tout en restant actives). La direction nationale est pour l’essentiel composée de cadres dans la trentaine ou la quarantaine. Ce qui ne semble pas être le cas pour les autres organisations françaises. C’est une question très importante, vu le changement radical de génération qui s’est produit depuis les années 1990.

D’un côté, la LCR a su rajeunir ses membres et son réseau de cadres. De l’autre, elle reste une organisation marquée par ses origines : les années 60-70. Elle peut donc et elle doit tout à la fois impulser la création d’un nouveau parti, exprimant l’expérience politique de la génération militante actuelle.

Le NPA comme NOUVEAU parti

Pour la LCR, l’objectif n’est pas seulement de construire un parti plus grand, plus nombreux. Il s’agit aussi de créer une organisation effectivement nouvelle. Nous avons vécu un changement radical de période, avec la désintégration de l’URSS et la mondialisation capitaliste. Nous avons aussi connu un changement radical de génération : les militants d’aujourd’hui n’ont pas les mêmes références, la même expérience collective et le même arrière-plan historique que ceux de la génération de 68.

La combinaison de ces deux changements radicaux (de période et de génération) a des profondes conséquences quant à la façon dont la politique et le militantisme sont vécus.

Il est évidemment important de garder vivantes l’expérience politique des décennies passées et les leçons du XXe siècle (impérialisme, stalinisme…). Comment construire alors un nouveau parti sans perdre notre passé ? En transmettant l’héritage de la LCR (dans toutes ses composantes) au NPA. En accueillant aussi le meilleur des autres traditions révolutionnaires et militantes du siècle écoulé : divers courants marxistes et libertaires, féministes et écosocialistes, altermondialistes, etc. En « offrant » les racines sociales et le réseau de cadres expérimentés déjà constitués, tout en aidant le NPA à élargir son implantation à des nouveaux territoires et secteurs pour qu’il soit à l’image de la société populaire entière ; en captant la radicalité des résistances ouvrières et multiformes à la mondialisation capitaliste, des révoltes dans le banlieues, du combat des immigrés, des luttes contre les discriminations… En laissant aussi ce nouveau parti parler le langage politique de la génération présente.

La volonté de construire avec d’autres un parti anticapitaliste plus large n’est pas nouvelle pour la LCR. Elle le souhaite depuis plusieurs décennies ! Ce qui et nouveau, c’est la décision d’impulser un processus « de bas en haut » ET d’intégrer effectivement le changement de période et de génération à la conception du NPA (ce second point étant le plus important peut-être).

La LCR est malheureusement la seule « grande » (tout est relatif) composante de la « gauche de la gauche » en France engagée dans le processus du NPA. Les autres groupes impliqués sont beaucoup plus petits. Or, il faut éviter une situation où la Ligue resterait le « parti dans le parti » après la fondation du NPA. Pour éviter ce danger, des décisions draconiennes ont été prises. Les membres de la LCR sont généralement en minorité dans les comités de pilotage du NPA. Et la LCR devrait se dissoudre avant le congrès de fondation du NPA.

Le NPA doit devenir un creuset politique et sociale, donnant naissance à son identité propre. Il est pour l’heure généralement facile de se mettre politiquement d’accord. Une fois la question des rapports au PS réglée, il n’y a pas aujourd’hui de sujet qui fasse autant clivage que la « nature de l’URSS » dans les années 1970, pour prendre un exemple. Mais il y a moins de formation théorique que dans le passé et des questions stratégiques reçoivent peu de réponses concrètes (comment désarmer la bourgeoisie ?). Le NPA devra consolider ses fondements programmatiques de par sa propre expérience. Cela prendra du temps. Le chemin à venir reste largement inconnu.

La principale difficulté à laquelle se heurte le NPA aujourd’hui est… le choix de son nom ! Voilà qui n’a rien d’anecdotique. Dans les années 60-70, il y avait des mots qui incarnaient en quelque sorte un « bien politique commun » et dans lesquels toute la gauche de la gauche se reconnaissait : c’était en France l’adjectif « communiste », ou « socialiste » en Belgique. Il en allait de même pour « prolétariat » ou « ouvrier ». Rien de tel aujourd’hui. Tous les mots sont pollués. Aucune expérience collective n’a encore reconstitué des « identifiants » partagés par (presque) toutes et tous. C’est ce que reflète l’indécision sur le nom, plus encore que des clivages politiques définis.

La décision de dissoudre la LCR est évidemment risquée. Mais il serait encore plus risqué de ne pas prendre ce risque. Il faut saisir l’opportunité présente : il serait probablement très couteux de la manquer ; et ce pour toute la « gauche de la gauche ». Le NPA ne doit pas être vu comme –et ne doit pas être– une « LCR élargie », mais un parti qualitativement nouveau.

Le processus est bien engagé. Des milliers de personnes qui n’ont jamais été membre d’un parti s’y impliquent, ainsi que de nombreux anciens membres du PCF et d’autres organisations politiques, des militants associatifs, des syndicalistes… Si le lancement du NPA fin janvier 2009 est un succès, des composantes politiques de la « gauche de la gauche » qui refusent actuellement de s’allier à la LCR changeront peut-être d’avis.

Mais il est préférable d’attendre début février 2009 et la fondation du NPA pour évaluer le chemin qui aura été parcouru – et celui qui restera à parcourir.

[1] Il a connu cette année une scission avec la formation du Nouveau Parti Progressiste (New Progessive Party, NPP)

[2] Je ne traite pas ici de ce que deviennent ou peuvent devenir des partis issus des anciens régimes d’Europe de l’Est. C’est un cas de figure que je connais trop peu.

[3] Les autres courants issus de « l’extrême gauche classique » sont beaucoup plus petits.

[4] Beaucoup de textes sur le processus de 2005-2007 ont été mis en ligne sur le site d’ESSF. Voir en particulier, sur les questions de fond évoquées ici : Pierre Rousset, Après le « Bovéthon » : en défense du principe d’organisation


Pendant 20, 30, 40 années, nous avons construit la LCR

Cette contribution a été écrite dans le cadre de la préparation du prochain congrès de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR), qui a, à l’ordre du jour, son « auto-dissolution » politique pour son « dépassement » dans le Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA). Ecrit par des militants de la génération des années 1960-1970, il s’adresse donc aux membres de la LCR, mais peut en intéresser bien d’autres.

Nous participons aujourd’hui pleinement au processus constituant du NPA. Si nous pouvons aborder sereinement ce nouveau défi, c’est grâce, et non malgré, ce que la Ligue a accompli ces dernières décennies. C’est un changement profond: la décision de la LCR de se dissoudre pour se dépasser est un fait assez exceptionnel dans l’histoire du mouvement ouvrier français.

Si nous pouvons en prendre le risque, c’est que nous ne partons pas de rien. Ce n’est pas par hasard si, dans la gauche révolutionnaire française et même internationale, c’est la LCR qui a pris une telle initiative. C’est que nous sommes le produit d’une certaine histoire du mouvement révolutionnaire, d’une fusion entre un courant du trotskysme et la radicalisation de la jeunesse dans les années 60. Nous sommes un courant marxiste révolutionnaire non dogmatique qui a su préserver des éléments de continuité fondamentaux dans l’histoire du mouvement ouvrier, notamment vis-à-vis de la social démocratie et du stalinisme: la défense d’un programme de revendications immédiates et transitoires vers le socialisme; une politique de front unique visant à la mobilisation de masse des travailleurs et de leurs organisations; une politique d’unité et d’indépendance de classe dans le refus de toute alliance stratégique avec les bourgeoisies nationales; le refus, dans les pays capitalistes avancés de toute participation à des gouvernements de gestion de l’Etat et de l’économie capitaliste; et un internationalisme sans faille.

A la différence d’autres courants, nous nous sommes efforcés d’incorporer à notre héritage politique, les changements du capitalisme de l’après guerre, une solidarité forte avec les révolutions coloniales et les mouvements anti-bureaucratiques à l’Est, l’analyse de nouveaux mouvements sociaux comme le mouvement des femmes, aujourd’hui la prise de conscience éco-socialiste face à la crise écologique, et surtout une réflexion et un enrichissement d’un des points clé de notre programme: la démocratie socialiste.

C’est une marque de fabrique de la LCR. Non seulement elle s’est inscrite dans la continuité de la lutte de l’Opposition de gauche au stalinisme mais, à la différence de la plupart courants de la gauche révolutionnaire en France et dans bien des pays, elle a su maintenir les principes et les modalités pratiques d’une organisation et d’un fonctionnement démocratique et pluraliste. Cette sensibilité et un fonctionnement interne démocratique et pluraliste lui ont permis d’accueillir au fil de son histoire une série de courants ou d’organisations provenant d’origines et de cultures diverses. Et ils l’ont préparée à construire avec d’autres et à oser se dépasser.

Oui, le NPA est le résultat du travail politique de ces dernières années, notamment de notre contribution au renouveau des mouvements sociaux et au succès des deux campagnes présidentielles de 2002 et 2007, autour de la candidature d’Olivier Besancenot. Mais c’est une idée qui vient de loin.

Dès le début des années 90, l’effondrement de l’URSS et des pays de l’Est combiné à la globalisation capitaliste néo-libérale a clos un cycle historique et en a inauguré un nouveau. « Nouvelle époque, nouveau programme, nouveau parti »: ce triptyque devait constituer le cadre d’une réflexion sur la nouvelle période historique. De nouveaux paramètres allaient déterminer l’action politique. Des clivages qui avaient séparé de multiples courants révolutionnaires ou anticapitalistes issus des 19e et 20e siècle pouvaient être surmontés.

Nous avons, bien entendu, hésité sur ces nouvelles formes d’organisations, leurs caractérisations, leurs délimitations, leur dynamique. Mais la question s’est posée, tant sur le plan international que national. Sur le plan international, nous avons pris des initiatives au travers de conférences internationales et connu une série d’expériences, chacune avec ses spécificités : le PSOL au Brésil après l’expérience du PT, Sinistra Critica en Italie, après l’expérience de Refondation communise, Respect en Grande-Bretagne et le SSP en Ecosse avant leurs ruptures, le Bloc de gauche au Portugal, l’Alliance rouge verte au Danemark.

Dans tout ce processus, des clarifications se sont opérées, notamment sur la question du rapport à la question du pouvoir et de la participation ou non à des gouvernements avec le centre gauche ou le social-libéralisme. Ce sont ces questions qui ont été à l’origine des ruptures du PSOL avec le PT et de Sinistra Critica avec Refondation communise. C’est aussi la raison de nos différences avec la direction de Die Linke qui se prononce pour des alliances parlementaires et gouvernementales avec la social-démocratie.

Le NPA aura des délimitations politiques fondamentales. Ses textes préparatoires reprennent des références fortes: la lutte de classes et le soutien à toutes les luttes des exploités et des opprimés, l’unité d’action des travailleurs et de leurs organisations, la rupture avec le système capitaliste, un projet éco-socialiste, le refus de toute politique de gestion de l’économie et des exécutifs centraux des institutions capitalistes, la lutte pour un gouvernement des travailleurs, la transformation révolutionnaire de la société, la démocratie socialiste, un programme et une pratique internationalistes. Bien sûr, une série de questions resteront ouvertes: sur le type de révolutions au 21ème siècle, sur les problèmes de la transition au socialisme et sur bien d’autres questions, pour reformuler le projet socialiste et communiste. Mais nous ne partons pas de zéro. Le NPA définira collectivement ses propres positions sur la base de nouvelles expériences communes.

Il ne s’agit donc pas de construire une LCR relookée. Nous voulons construire non seulement un parti plus large, mais un parti qui soit une nouvelle réalité sociale et politique. Il sera pluraliste. Il prendra le meilleur de toutes les traditions révolutionnaires du mouvement ouvrier et d’autres mouvements comme les éco-socialistes. Son objectif, c’est de rassembler tous les anticapitalistes.

Le NPA sera une organisation internationaliste, définissant sa propre politique internationale. Il ne sera pas section de la IV° Internationale (qui constitue un courant politique international spécifique). Parti pluraliste, le NPA ne peut s’y affilier. Le processus de construction d’une nouvelle Internationale - qui a toujours été et qui reste notre objectif - sera long et complexe. Compte tenu de la désynchronisation entre la construction de formations anticapitalistes et celle d’un nouveau rassemblement international, comme les statuts de la IV le permettent, nous restons militants de la IV° Internationale en lien avec les camarades de la LCR élus dans ses instances. Etant donné la place de la Ligue dans la IV°, nous proposons que le NPA garantisse la continuité d’une série de tâches que la LCR assumait.

Nous sommes aussi assez fiers d’avoir transmis, sans les convulsions et crises de succession que connaissent la plupart des partis, à une nouvelle génération, non seulement une part de l’héritage politique mais aussi les responsabilités de direction. Entre les anciens, les jeunes et les moins jeunes, le mérite en est équitablement partagé. Mais au moment où la LCR va se fondre dans le NPA nous en appelons tout particulièrement à la responsabilité de tous ses militants et militantes. Leur expérience, leur formation, sont indispensables à la construction du NPA. Elles sont une des conditions de sa réussite, d’une synthèse réussie entre le nouveau et l’ancien. Tous doivent donc s’engager à fond, comme nous-mêmes avons décidé de le faire. Ne le cachons pas, ce sera un excellent exercice que d’apprendre à parler à des milieux plus larges, à faire attention au vocabulaire, à savoir écouter et respecter les autres, à apprendre d’eux sans sous-estimer ce que nous pouvons nous-mêmes leur apporter. Après le congrès de fondation du NPA, l’ensemble des camarades issus de la LCR doivent donc trouver leur place pour contribuer à construire ce nouvel outil pour lequel nous nous sommes battus depuis des décennies.

BENSAÏD Daniel , CREMIEUX Léon , GUILLOTIN Jacqueline , JOHSUA Samuel , KRIVINE Alain , MARTIN Olivier , ADAM Hélène , POUPIN Christine , ROUSSET Pierre , SABADO François , VACHETTA Roseline , COUSTAL François


Dernier congrès national de la LCR: les positions des deux plateformes en présence

Au cours de la DN des 22 et 23 Novembre, à l’issue de votes concernant le dépassement politique de la LCR dans le NPA, les relations à venir avec la IV° Internationale ainsi que les conséquences organisationnelles du dépassement de la LCR, deux plate-forme électives pour le congrès national ont été constituées :

. La Plate-forme A dont la base politique est constituée par un document : la résolution « Dépasser la LCR dans le NPA » (voir ci-après) qui a été majoritaire à la DN

. La Plate-forme B dont la base politique est constituée par deux documents : la motion « Pour dépasser vraiment la LCR » (voir ci-après) + la motion « La LCR, le NPA et la IV° Internationale », présentées par 13 membres de la DN.

1) Plate forme A: Résolution adoptée par la DN des 8 et 9 novembre et soumise au vote du congrès

Dépasser la LCR dans le NPA

Notre congrès de janvier 2009 est la suite de notre dernier congrès où nous avons décidé de nous lancer dans la construction d’un nouveau parti rassemblant largement, des militantEs anticapitalistes et révolutionnaires. Et de nous donner rendez-vous, juste avant le congrès de fondation de ce nouveau parti, pour faire le point, vérifier collectivement que le processus engagé correspondait bien aux objectifs que nous nous étions fixés. Nous y sommes. Cette étape est décisive dans la fondation du NPA par la place et les responsabilités qui sont celles de la LCR et de chacune et chacun de ses militant-e-s. Mais c’est également une nécessité démocratique : on ne peut dissoudre à la légère une organisation de près de quarante ans d’âge, où quelques dizaines de milliers de militantEs se sont succédéEs. C’est un choix politique majeur que seulEs les militantEs de la LCR peuvent faire.

1/ Les mandats du dernier congrès et le processus de fondation du NPA.

Il y a moins d’un an le congrès de la LCR a décidé en fonction d’une analyse du capitalisme, des mutations du mouvement ouvrier et de l’échec des expériences de recomposition, de lancer un processus inédit, un processus « par le bas » en l’absence de courants nationaux de même importance que notre organisation susceptible de s’engager dans un tel projet. Il s’agit maintenant de vérifier l’état d’avancement du processus, les documents fondateurs du parti à la sortie de la coordination des 8 et 9 novembre et la dynamique en cours, et ce, en toute transparence vis à vis des militantEs du NPA.

- La dynamique d’un très large dépassement des forces de la LCR, des histoires existantes en son sein, est la première donnée. Plus de quatre cents comités existent. Une très forte participation à ces comités doublée il est vrai d’une non moins forte rotation a été constatée. Mais le triplement des effectifs par rapport à la LCR est une indication nationale qui renvoie par ailleurs à des réalités multiples. Le NPA représente par rapport à la LCR une extension géographique, une implantation plus populaire, un premier engagement pour nombre de nouveaux membres, ainsi que l’existence de sensibilités, de trajectoires extrêmement diverses.

- Il s’agit également de faire le point sur la vitalité du processus. Les comités non seulement réfléchissent sur des documents, mais ils agissent dans les luttes particulièrement à travers des campagnes, du matériel, des initiatives, une présence médiatique. Avant même sa fondation, le NPA est déjà une force agissante, même s’il ne dispose pas encore des cadres politiques et démocratiques lui permettant de le faire plus efficacement. C’est tout l’enjeu du congrès. Une vitalité qui s’exprime donc dans l’action mais également par la participation aux cadres de discussion et d’élaboration mis en place depuis le printemps. C’est tout à fait inédit dans notre histoire, un processus qui en trois navettes a fait participer des centaines de comités, des milliers de membres à l’élaboration en amont des trois principaux documents. C’était un véritable enjeu et une vraie difficulté : permettre le pluralisme tout en évitant de voter et en essayant de dégager des consensus. Il faut noter des imperfections, des frustrations. Mais le processus a été suffisamment mûr pour franchir les obstacles les 28 et 29 juin comme les 8 et 9 novembre. Le CAN et son secrétariat ont permis une animation politique du processus et la tenue d’un agenda serré.

- Le programme intitulé « les principes fondateurs », les statuts provisoires, les documents d’orientation soumis au vote des militants du NPA nous permettent de nous faire une opinion sur les bases de ce nouveau parti : un parti anticapitaliste, féministe, écologiste, internationaliste, pour une transformation révolutionnaire de la société et pour le socialisme …

Un parti défini par les statuts comme une force collective démocratique, militante, centralisée, reconnaissant le droit de tendance et de fraction et laissant place à l’expérimentation avant d’adopter ultérieurement des statuts plus durables.

Le texte d’orientation fixe le cap d’un parti pour les luttes, pour l’unité dans l’action, qui défend des perspectives anticapitalistes sous la forme de mesures d’urgence sociales, écologiques et démocratiques.

Ces documents, en l’état, sont pour la LCR le socle permettant la fondation d’un nouveau parti et donc la dissolution politique de la LCR.

2/ Un contexte de crises qui accentuent la nécessité d’un nouveau parti

Depuis notre dernier congrès de nouveaux éléments sont apparus qui accentuent les tendances de fond analysées alors:

- une crise profonde du capitalisme, une modification radicale des discours de la classe dominante sur les formes de régulation du système. L’ampleur et la profondeur de cette crise bouleverse non seulement l’économie mondiale, les sociétés touchées par les conséquences sociales de la récession en particulier le pouvoir d’achat et les licenciements. Cette nouvelle donne est le cœur de nos discussions dans le NPA : quelle réaction en terme de mobilisation, quelles réponses à la crise, quel projet pour le NPA?

- Cette crise se double également d’une crise écologique majeure et mondiale, d’une crise alimentaire qui remet en cause le mode de développement productiviste du capitalisme.

- L’incapacité du PS et du PC de profiter de cette situation pour offrir une alternative à Sarkozy. Le PS ayant laissé passé le plan de sauvetage du capitalisme bancaire et ne critiquant celui-ci que sur le mode de gestion de crise. Le congrès du PS traduit ces mutations.

- L’impact du NPA dans la situation politique et sociale, la polarisation qu’il provoque, les campagnes de calomnies engagées contre lui par le pouvoir sont autant d’éléments qui participent de l’installation d’une nouvelle donne dans le paysage politique.

3/ Un projet qui a besoin des acquis et des militant-e-s de la LCR pour réussir

Le congrès de janvier ne sera qu’une étape dans la construction d’un parti pour la rupture avec le capitalisme. Nous voulons un parti implanté dans les entreprises, les quartiers populaires et la jeunesse, un parti exigeant en terme de débats, de formation, une « fabrique » du socialisme dont nous avons besoin, des perspectives anticapitalistes et révolutionnaires pour y parvenir.

Nous voulons un parti tourné vers l’action, un parti qui commence à changer la donne en se battant pour construire tous les fronts de résistance unitaires aux attaques de la classe dirigeante et organiser la contre-offensive.

Face à ces objectifs ambitieux, le NPA a besoin des acquis et des militants et militantes de la LCR, qui doivent y prendre toute leur place dans le souci d’inclure toutes les sensibilités. Le NPA a besoin:

- de l’internationalisme, des relations internationales, tissées par la LCR

- de l’effort programmatique de réactualisation engagé ces dernières années par la LCR et matérialisé, entre autre, par le manifeste de notre organisation

- de la formation, du savoir faire des militants de la LCR, dans tous les domaines du féminisme, au travail immigré, des jeunes, au travail syndical pour ne prendre que quelques exemples

- de la démocratie vivante et militante qui a été celle de la LCR ; démocratie rare dans les organisations révolutionnaires

- de la synthèse opérée dans la LCR depuis les années 70 entre différentes histoires, différents groupes, qui fait de notre organisation une mémoire vivante de beaucoup d’expériences de la gauche radicale de l’après 68. Ce pluralisme interne n’est pas sans doute étranger à notre disponibilité à dissoudre pour se fondre dans un autre projet.

Être tous ensemble dans le NPA est la conclusion logique du processus engagé. Cela nécessite de dissoudre la LCR. Un choix enthousiasmant tourné vers l’avenir, avenir qui a besoin de touTEs les militantEs de la LCR dans le NPA. Comme il a besoin de militantEs nouveaux venuEs en politique, ou venuEs d’autres sensibilités ou courants politiques, socialistes, communistes, écologistes, libertaires, révolutionnaires, du mouvement social... qui ont commencé à se rassembler et qui ensemble assureront le succès du nouveau parti.

Plate forme B: Pour dépasser vraiment la LCR!

Motion présentée par 13 membres de la DN

La Ligue communiste révolutionnaire (section française de la Quatrième internationale) se dissout. Par cet acte, la LCR, ses militants et ses militantes, s’engagent dans le NPA, afin, de réaliser un premier pas dans la voie d’un rassemblement pour une nouvelle force anticapitaliste, pluraliste et démocratique. Ils portent en direction du Nouveau parti anticapitaliste le message suivant.

1- La crise du capitalisme engendre de profonds bouleversements sur la planète. Elle modifie les termes des débats politiques et idéologiques, elle suscite de nouvelles polarisations de classes et profile d’importants affrontements sociaux. Ce nouveau contexte porte, plus que jamais, l’exigence d’une alternative crédible de rupture avec le système, de la reconstruction d’une gauche et d’un mouvement ouvrier à même de relever les défis du moment historique présent.

En France, la nouvelle situation est, d’ores et déjà, en train de faire bouger les lignes à gauche : crise durable du Parti socialiste ; scission de gauche de ce parti avec l’apparition du nouveau Parti de gauche ; débats du congrès du PCF ayant pour toile de fond la question du devenir de ce dernier ; évolution droitière confirmée des Verts, ouvrant de nouvelles contradictions en leur sein ; persistance de l’espace de débats et d’action qu’avait révélé le processus des collectifs unitaires antilibéraux de 2006, persistance dont atteste le succès de l’appel de Politis au rassemblement de la gauche de transformation ; conscience grandissante de nombre d’acteurs du mouvement social de l’urgence d’une perspective politique de changement radical…

2- Le NPA doit être un parti d’action et de combat contre le capitalisme d’aujourd’hui. Il doit être un instrument politique au service des salariés et des opprimés, non une fin en soi. Aussi doit-il s’enraciner dans le mouvement ouvrier, ses débats, ses luttes, ses organisations, traduire ses aspirations sur le terrain politique, être convaincu que « l’émancipation des travailleurs sera l’œuvre des travailleurs eux-mêmes ». En ce sens, les militants et les militantes du NPA ont à soutenir la construction d’un syndicalisme efficace de lutte de classe, mais aussi toutes les formes d’organisations collectives (associations, mouvements…) qui permettent aux salariés, à la population, de s’organiser, de créer un rapport de force, de construire des outils démocratiques, d’œuvrer au prolongement politique de leur action.

3- Le NPA doit permettre de franchir un premier pas. Il doit être un levier, une étape vers un rassemblement pour un grand parti pour le socialisme, un parti pluraliste et démocratique favorisant une réorganisation de l’ensemble de la gauche et du mouvement ouvrier:

- un grand parti en capacité d’agir pour l’unité face à la droite et de disputer l’hégémonie face à la gauche sociale-libérale en crise;

- un parti qui, en changeant le rapport des forces à gauche, posera autrement la question du pouvoir. Intransigeant dans le combat pour chasser la droite du pouvoir, il refusera l’impasse du soutien ou de la participation à des gouvernements de gestion du libéralisme. Il défendra, en de nouveaux termes, la nécessité d’un gouvernement s’engageant dans la mise en œuvre une politique de rupture.

4- Dans la perspective de ce nouveau parti, le NPA ne peut se satisfaire d’être adossé au seul courant politique national qu’a représenté la LCR, ni reprendre les vieilles formules de regroupement des seuls courants révolutionnaires. Son ambition doit être de rassembler au-delà des forces d’extrême gauche, au-delà des militants et militantes attachés au combat pour « la transformation révolutionnaire de la société ». Il doit être un parti pluraliste, disponible à la présence en son sein du plus large éventail possible de traditions et des cultures qui tendent à l’affirmation d’une alternative, et donc travailler à la synthèse du meilleur des traditions socialistes, communistes, écologistes, autogestionnaires, révolutionnaires, ainsi que celles issues des luttes sociales. Il lui faut donc s’adresser résolument à tous ceux, individus, équipes militantes, courants politiques, qui veulent se regrouper dans un cadre politique organisé, militant, national, démocratique, et qui sont susceptibles de partager l’idée qu’un pas en avant est d’ores et déjà possible.

5- Le NPA doit devenir un facteur d’unité et il devra donc chercher à nouer des coalitions, dans les luttes comme dans les élections. Il s’agit de faire converger toutes les forces susceptibles de faire vivre un front politique et social face à la droite comme au patronat et, dans le même temps, d’affirmer de manière permanente une alternative à gauche. Face à la crise du capitalisme, face à la poursuite des politiques libérales européennes inscrites dans le traité de Lisbonne, l’urgence est de faire converger les forces disponibles, à la gauche du PS, dans une coalition électorale aux élections européennes de 2009. L’enjeu est de faire renaître à gauche l’espoir qu’une alternative au social-libéralisme est possible.

C’est porteurs de ce message que les militants et les militantes de la LCR s’engagent dans le NPA. Ils continueront à y faire vivre et à enrichir leurs pratiques militantes dans le mouvement ouvrier, à défendre leurs idées et leur fidélité à un internationalisme militant, en toute transparence et à égalité démocratique avec tous les militants, militantes et courants politiques qui n’ont pas la même histoire et qui s’y retrouveraient.

B) Motion sur la LCR, le NPA et la IVème Internationale

Motion minoritaire présentée par 13 camarades de la DN

1/ La LCR était Section française de la IV ème Internationale. Le NPA, comme parti pluraliste visant à regrouper différents courants anticapitalistes, ne peut évidemment être section de cette IVème Internationale. Les partisans de la IVème Internationale ne représentant qu’un des courants politiques du nouveau parti, c’est là une condition pour que le nouveau parti soit effectivement pluraliste. En revanche il est légitime que les militants de la LCR puissent continuer à maintenir les liens et à participer matériellement à l’organisation internationale à laquelle ils appartenaient en tant que membres de la LCR. Pour que cette relation se réalise en toute transparence, et en respectant l’autonomie du nouveau parti dans la définition de sa politique, nous décidons de créer une association IVème Internationale regroupant les membres élus de l’ex-LCR dans les instances de la IVème Internationale et les militants de l’ex-LCR qui le souhaitent. Ce afin de permettre de :

Collecter des cotisations individuelles à la IVème Internationale, pour maintenir la participation financière que la LCR apportait à son organisation internationale, cela se fera par le biais d’un abonnement majoré de soutien à la revue Inprecor.

Réunir les membres de l’association lors des périodes de préparation des congrès de la IVème Internationale, afin de participer à ses débats, d’y désigner des délégués et des représentants aux instances internationales.

L’association inscrira dans ses statuts qu’elle se limite à ces deux objectifs, et exclut d’intervenir dans les débats du nouveau parti.

2/ Il sera du ressort du NPA d’ouvrir en son sein le débat sur sa politique internationale, ses relations internationales avec d’autres organisations partageant le même objectif de rassemblement de différents courants anticapitalistes. Et de déterminer ses liens avec les regroupements internationaux et les organisations nationales d’autres pays.

3/ Les militants de la LCR proposeront à la IVème Internationale que le NPA soit invité à titre d’observateur à participer à ses débats, comme le font déjà d’autres organisations non membres de la IVème Internationale, ainsi qu’au Congrès et au Comité International, et que lui soient communiqués les textes débattus.

Ce sera évidemment au NPA de décider des modalités de son éventuelle participation à ces débats, ainsi qu’aux stages de formation de la IVème internationale et aux rencontres internationales de jeunes.

La IV et le NPA (Motion majoritaire à la DN): LES PROPOSITIONS DE LA LCR AU NPA SUR LES RELATIONS AVEC LA IVeme INTERNATIONALE

« Nous proposerons que dans le processus constituant du nouveau parti, puis dans le cadre même de ce parti, qui ne pourra être la section française de la IVème Internationale, se poursuivent l’ensemble des liens et des relations qui sont ceux actuellement de la LCR avec la IVe Internationale sous des formes qu’il s’agira de définir en toute transparence à chaque étape de la construction du nouveau parti. Nous proposerons donc que les camarades de la LCR qui participent aux réunions et instances de la IVème Internationale continuent à le faire, et que le parti lui-même développe au sein de celle-ci et en son nom propre l’action pour un regroupement international anticapitaliste et révolutionnaire rassemblant toutes les organisations et courants militants partageant le même objectif. Ce qui implique qu’il soit ouvert sans exclusive aux différents courants rattachés à d’autres regroupements internationaux dans le souci de contribuer à unir les forces existantes. Nous proposerons également que, comme sur d’autres questions, un débat plus approfondi sur la politique internationale du nouveau parti soit organisé au sein de celui-ci dans les deux années suivant sa fondation. » (Résolution adoptée par le 17eme Congrès de la LCR)

La LCR propose que le NPA ouvre en son sein un débat sur son orientation internationale, les perspectives de nouvelle Internationale et les liens à établir avec d’autres organisations nationales ou des regroupements internationaux. Elle propose que cette question sera à l’ordre du jour du 2eme ou 3eme congrès du NPA.

La LCR était section française de la IV ème Internationale. Le NPA, comme parti pluraliste, visant à regrouper tous les courants anticapitalistes, ne peut évidemment se déclarer section de cette Internationale. Parce que nous pensons qu’il est nécessaire, de préserver l’acquis que représentait l’investissement de la LCR en son sein , et, d’aider au maintien d’une organisation internationale qui participe à la perspective de la construction d’une Internationale révolutionnaire de masse, nous proposons que le maintien des liens qui étaient ceux de la LCR avec la IV soit assuré de la manière suivante :

- Par la participation aux instances de la IV ( Secrétariat exécutif, Comité International,…) des camarades issus de la LCR élus dans ces instances. Ces réunions seront également ouvertes à des camarades de la direction du NPA, si celle-ci en décide ainsi. Dans tous les cas, des rapports réguliers seront faits au sein du NPA sur les réunions de ces instances ;

- Par le maintien de la cotisation à la IV qui était celle de la LCR sous une forma à déterminer.

- Par l’envoi de camarades aux stages de formation organisé par la IV, la participation étant ouverte à tous les camarades du NPA.

- Par la participation du NPA à l’organisation des rencontres internationales des jeunes.

- Par l’information des éditions ’Inprecor par ses canaux internes et sa presse.

Pour la préparation du prochain congrès de la IV qui aura lieu au 1er semestre 2010, les textes seront diffusés aux militants du NPA.

Des assemblées seront organisées pour les camarades intéressés par le débat préparatoire. .Une délégation de représentants de ceux qui se reconnaissent dans la IV participera au prochain congrès mondial.

Une délégation du NPA sera également invitée à participer comme observatrice aux travaux du congrès.

Voir ci-dessus